Dictature
Selon le Trésor de la langue française, une dictature est un régime politique dans lequel une personne ou un groupe de personnes exercent tous les pouvoirs de façon absolue, sans qu'aucune loi ou institution ne les limite[1] ; il faut préciser que même un régime autoritaire peut avoir des lois, des institutions, voire un parlement avec des députés élus, mais pas librement et ne représentant donc pas des contre-pouvoirs. Ce régime politique a fréquemment été violemment critiqué ; ainsi, Hannah Arendt affirme que les lois qu'il promulgue sont éthiquement illégitimes, et que les institutions y sont factices[2].
L'origine du terme remonte à la Rome antique, où la dictature était un état de la République romaine où un magistrat (le dictateur) se voyait confier de manière temporaire et légale les pleins pouvoirs en cas de troubles graves.
Sommaire
1 Étymologie et historique
2 La dictature moderne
2.1 Définitions
2.2 Critères contemporains
2.3 Les dictatures aujourd'hui
3 Annexes
3.1 Bibliographie
3.2 Filmographie
3.3 Articles connexes
3.4 Notes et références
Étymologie et historique |
Le terme vient du latin dictatura, qui désignait, à l'époque de la République romaine, une magistrature exceptionnelle qui attribuait tous les pouvoirs à un seul homme (le dictateur – étymologiquement « celui qui parle »). Cette magistrature suprême, assortie de règles de désignation précises et temporaires (six mois maximum), était accordée en cas de danger grave contre la République. Tombée en désuétude à la fin du IIIe siècle av. J.-C., reprise par Sylla et Jules César, la dictature est abolie après la mort de ce dernier.
Le mot dictateur désigne actuellement ce que l'on appelait plutôt tyran[3] dans l'Antiquité ou despote dans l'Ancien Régime. Cette acception qui s'est développée pendant la Révolution française[4] sert surtout pour la période contemporaine.
Aristote, dans sa typologie des régimes, fait de la tyrannie une forme corrompue de gouvernement par un seul, la monarchie.
Montesquieu, dans son ouvrage De l'esprit des lois, propose une typologie fondée sur les gouvernés : le despotisme est alors un gouvernement qui ne respecte pas les libertés des individus et dont le principe est la crainte.
La dictature moderne |
Définitions |
Encyclopædia Universalis : « La dictature est un régime politique autoritaire, établi et maintenu par la violence, à caractère exceptionnel et illégitime. Elle surgit dans des crises sociales très graves, où elle sert soit à précipiter l'évolution en cours (dictatures révolutionnaires), soit à l'empêcher ou à la freiner (dictatures conservatrices). Il s'agit en général d'un régime très personnel ; mais l'armée ou le parti unique peuvent servir de base à des dictatures institutionnelles. »
Dictionnaire de la politique (Hatier) : « La dictature se définit comme un régime arbitraire et coercitif, incompatible avec la liberté politique, le gouvernement constitutionnel et le principe de l’égalité devant la loi. »
Dictionnaire culturel (Larousse) : une dictature est un « régime politique dans lequel le pouvoir est détenu par une personne ou par un groupe de personnes (junte) qui l'exercent sans contrôle, de façon autoritaire » et un dictateur est une « personne qui, à la tête d'un État, détient tous les pouvoirs, les exerçant sans contrôle et de façon autoritaire ; autocrate » ou « sous la République romaine, magistrat extraordinaire nommé en cas de crise grave par les consuls sur la demande du sénat, et possédant tous les pouvoirs en Italie pour six mois au maximum ».
Critères contemporains |
Dans le domaine de la politique, on appelle « dictature » un régime dans lequel une personne (dictateur), ou un groupe de personnes, disposant d'un pouvoir absolu, s'y maintient de manière autoritaire et l'exerce de façon arbitraire.
Le caractère absolu du pouvoir se caractérise notamment par l'absence de séparation des pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire). Cette confusion des pouvoirs peut l'être au profit de l'exécutif (cas le plus courant) ou au profit du pouvoir législatif (régime d'assemblée). Il résulte aussi de l'absence de contrôle démocratique et d'élections libres (répression politique des opposants, le non-respect de la liberté de la presse).
Le caractère arbitraire du pouvoir se traduit par le non-respect de l'État de droit (violation de la Constitution, établissement de lois d'exceptions).
Si beaucoup de dictateurs arrivent au pouvoir à la suite d'un coup d'État (en Afrique et en Amérique du Sud notamment) ou d'une guerre civile (Francisco Franco), il arrive qu'un dirigeant parvienne au pouvoir légalement avant de devenir un dictateur (ce fut le cas d'Adolf Hitler ou de Kim Il-sung) ou le soit dans un régime de parti unique (ce fut le cas de Lénine et de Staline).
Les dictatures aujourd'hui |
Néanmoins, il reste encore aujourd'hui des régimes autoritaires ou dictatoriaux, la plupart situés sur les continents africains et asiatiques. En Europe, la Biélorussie et l'Azerbaïdjan sont considérées comme des dictatures. Entre l'Europe et l'Asie, la Turquie est vue comme un régime où la démocratie se dégrade, à la limite un régime autoritaire.
Les dictatures sont le plus souvent des régimes à parti unique, quelquefois fermés au reste du monde (Corée du Nord ou Birmanie avant 2011[6]), ou plus ouverts commercialement (Chine).
La montée en puissance des politiques anti-terroristes dans les démocraties occidentales ont par ailleurs remis au goût du jour la théorie de la dictature constitutionnelle, pensée initialement par des juristes allemands sous la République de Weimar[7].
Annexes |
Bibliographie |
- Collectif, Le Guide Suprême, petit dictionnaire des dictateurs, Ginkgo éditeur, 2008 (ISBN 978-2846790611)
- Jean-Claude Rolinat, Hommes à poigne et dictateurs oubliés de l'Amérique exotique, Pardès, 2007 (ISBN 978-2867143779)
- Sophie Chautard, Les dictateurs du XXe siècle, Studyrama, coll. « Perspectives », 2006, 223 p. (ISBN 2844727859, lire en ligne)
La ferme des animaux, apologue de George Orwell.
Marina Anca, Quand la chenille devient papillon ou La dictature roumaine vue par une adolescente libre, Éditions auteurs d'aujourd'hui, 2013
Filmographie |
- Le film de Charlie Chaplin, Le Dictateur (1940) tourne en dérision ce genre de personnage - en particulier Hitler (« Hynkel ») et Mussolini (« Napoleoni »).
- Le documentaire de Barbet Schroeder, Général Idi Amin Dada : Autoportrait (1974), illustre la mégalomanie du dictateur ougandais.
Le Crocodile, projet de film inabouti de Gérard Oury sur la dictature.- Le film V pour Vendetta (2006), mentionne un dictateur fictif dans l'avenir, portant le titre de « grand chancelier d'Angleterre ».
- Le film Le Dernier Roi d'Écosse (2006) montre là aussi la mégalomanie du dictateur ougandais Idi Amin Dada.
- Le film La Vague (2008) montre avec quelle facilité un régime autoritaire et le culte de la personnalité peuvent se développer. Inspiré par le livre La Vague (1981) de Todd Strasser.
- Le film The Dictator (2012) met un scène une dictature fictive, dans laquelle le général amiral Aladeen exerce tous les pouvoirs.
- Le film Le Crocodile du Botswanga (2014) met en scène une dictature ubuesque où le tyran connaît mieux les prénoms de ses crocodiles domestiques mangeurs d'opposants politiques que ceux de ses propres enfants.
Articles connexes |
Autoritarisme
Dictature militaire | Parti unique
- Totalitarisme
- Monarchie absolue de droit divin
Césarisme | Corporatisme | Fascisme | Stalinisme | Sécuritarisme
- Dictateur romain
- Dictateur (sens moderne)
- Dictature du prolétariat
- Séparation des pouvoirs
- Le Prince
- Démocratie
- Indice de démocratie
Notes et références |
(fr) « Le Trésor de la Langue française - Dictature », Le Trésor de la Langue française (consulté le 9 février 2008)
Hannah Arendt, La nature du totalitarisme, trad. Michelle-Irène Brudny de Launay, Paris, Payot, 1990
Du grec ὁ τύραννος, littéralement « celui qui a usurpé le pouvoir », sans connotation nécessaire de brutalité. Œdipe est ainsi un « tyran »
Le Robert, Dictionnaire historique de la langue française
(en) « Democracy Index 2016 » [archive du 17 février 2017], sur Economist Intelligence Unit, 21 janvier 2017
La Birmanie était une dictature militaire avant son renversement entre 2010 et 2011.
(fr) « Mathieu Carpentier, "État d’exception et dictature", Tracés n°20 (2011) »
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