Émirat de Cordoue






Émirat de Cordoue
Imārah Qurṭuba (إمارة قرطبة) (ar)


Emirato de Córdoba (es)


756 – 929







Drapeau


Description de cette image, également commentée ci-après

Émirat de Cordoue en 929.





















Informations générales
Statut
Émirat
Capitale
Cordoue
Langue
Arabe et mozarabe
Religion
Islam





















Histoire et événements
755
Fondation par un rescapé de la dynastie omeyyade
801
Intégration des territoires septentrionaux dans la marche d'Espagne carolingienne
844
Victoire contre les Vikings
929
Abd al-Rahman III proclame le califat













Émirs
(1er) 756-788

Abd al-Rahman Ier
(Der) 912-929

Abd al-Rahman III



Entités précédentes :



  • Umayyad Flag.svg Omeyyades



Entités suivantes :



  • Umayyad Flag.svg Califat de Cordoue





L'Émirat de Cordoue est le premier État unifié d'Al-Andalus. Fondé en 756 par le seul rescapé de la dynastie omeyyade, il se transforma en califat de Cordoue en 929.




Sommaire






  • 1 Histoire


  • 2 Organisation


  • 3 Population


  • 4 Civilisation


  • 5 Notes et références


  • 6 Voir aussi


    • 6.1 Source


    • 6.2 Articles connexes







Histoire |


Après la conquête musulmane de l'Espagne (711–718), la péninsule est administrée par des wali, nommés en principe par le calife de Damas, mais les gouverneurs des différentes villes étaient nommés par le wali, par le gouverneur général de Kairouan ou par les Arabes d'Al-Andalus. Il s'ensuivit rapidement des querelles de pouvoirs, entretenues par les différentes factions : les Arabes (divisés entre Qa'htanides[1] et Ma'addites[2]), les Berbères et les Syriens[3].


En 750, les Abbassides renversent et font exécuter le calife omeyyade et sa famille. Ne survécut que le jeune Abd al-Rahman, qui se réfugia au Maghreb, chez les Berbères. Il avait d'abord projeté de se tailler une principauté au Maghreb, mais estima les chances d'y parvenir très minces, et se tourna vers al-Andalus. Soutenu par une partie de la population musulmane, il débarqua et écrasa ses ennemis à Cordoue, où il installa sa capitale.


Il passa la plus grande partie de son règne à soumettre les gouverneurs locaux, jaloux de leur autorité, qui voulaient conserver leur indépendance, et à lutter contre le royaume chrétien des Asturies, issu de quelques résistants wisigoths. En 730 Munuza Utaman Abu Nâsar gouverneur musulman de la province pyrénéenne se révolta. En 777 ce fut le tour du gouverneur de Saragosse et qui appela Charlemagne à son secours. Mais l'expédition tourna court, car Charlemagne dut se porter au nord de son royaume pour le protéger d'une nouvelle incursion saxonne. Pendant le retour, son arrière-garde fut attaquée à Roncevaux par les Vascons, après la mise à sac de leur capitale, Pampelune.


Les successeurs d'Abd al-Rahman organisèrent le nouvel État et le pacifièrent, tout en organisant des expéditions de razzia dans les royaumes chrétiens. À sa mort, l'émir Al-Hakam Ier, qui avait su autant jouer de la terreur que d'une politique souple et habile, laissa à son fils Abd al-Rahman II un État relativement stable.


Ce dernier fut un souverain mécène et protecteur des arts et des lettres, considéré comme l'un des chefs musulmans les plus cultivés de son temps, ce qui ne l'empêcha pas de mater une révolte à Tolède en 828, ainsi que l'agitation intérieure menée par les chrétiens. Il s'entoura d'artistes qui orientèrent l'Espagne musulmane vers une civilisation culturelle qui fit sa renommée. En 844, les Madjus (vikings) débarquèrent et pillèrent Séville pendant sept jours, mais l'armée de l'émir réagit promptement et les écrasa. Abd al-Rahman II fit fortifier la côte (par des forteresses et des tours de guet) et construire une flotte de guerre. Un nouveau raid que les vikings tentèrent quelques années plus tard (859) échouera. Un siècle plus tard, un nouveau raid manqué montrera encore l'efficacité des dispositions de l'émir.


Son successeur, Muhammad Ier, commença son règne en écrasant une nouvelle révolte de Tolède, et en combattant la dissidence d'Omar ibn Hafsun. Une période trouble s'ensuivit, avant que l'émir Abd Allah et son fils Abd al-Rahman III ne rétablissent la situation.


L'émirat de Cordoue avait été jusqu'à cette époque politiquement et économiquement indépendant du califat abbasside de Bagdad. Abd al-Rahman III décida d'y ajouter l'indépendance religieuse, en se proclamant calife, transformant l'émirat de Cordoue en califat de Cordoue.


Article détaillé : Liste des souverains d'al-Andalus.


Organisation |


À la tête de l'État siège l'émir (amir ou malik). Il gouverne le pays et nomme les hauts fonctionnaires, les chefs de l'armée et les juges.
Bien que chef des armées, il part rarement en campagne, déléguant cette fonction, le plus souvent à l'un de ses fils.
Il est assisté d'un chambellan (hadjib), dont la fonction est plus proche du maire du palais occidental que du vizir oriental.
L'émirat est divisé en provinces, en nombre variable au premier siècle, administrées chacune par un gouverneur, ou wali, nommé par l'émir.



Population |


La population de l'émirat se répartissait entre :


1. Les Musulmans (l'Umma islamiyya)




  • Arabes : peu nombreux au moment de la conquête, leur nombre augmenta avec les Syriens venus à la suite d'Abd al-Rahman Ier. Ils étaient souvent riches et leur sentiment de supériorité entraîna des frictions avec le reste de la population.


  • Berbères ou Amazighs : venus massivement lors de la conquête, continuèrent à immigrer, principalement du Maghreb, et s'établirent dans les montagnes, où ils perpétuèrent leur mode de vie d'agriculteurs et d'éleveurs. Solidaires et indépendants, ils mirent du temps à s'assimiler et furent les populations qui occasionnèrent le plus de difficultés à l'émir.

  • les Muwalladûn, c'est-à-dire les autochtones chrétiens convertis à l'islam.


2. Les "dhimmis"


  • les Must'aribûn (les Mozarabes, littéralement les "Arabisés" mais non "Islamisés"), c'est-à-dire les autochtones (chrétiens ou juifs) qui conservaient leur religion et leur propre organisation : ils étaient soumis au statut de dhimmi et à un impôt spécial, la djiziyya. Étant donné qu'un non-musulman converti cessait de payer cet impôt, leur religion était tolérée et les conversions n'étaient pas favorisées. Entre 719 et 759, on compta parmi eux les chrétiens de Septimanie (Le Languedoc-Roussillon actuel) qui constituaient l'essentiel de la population de cette province française. Les juifs n'y étaient pas encore aussi nombreux : ils le devinrent progressivement au fur et à mesure que l'histoire du Languedoc se liait étroitement à celle de la péninsule ibérique.

3. Un groupe à part


  • les Saqāliba, mercenaires et esclaves slaves (d'où leur nom) dont certains occupèrent des postes importants ; ils formèrent longtemps un groupe distinct et fondèrent, lors de la guerre civile en Al-Andalus, des États quasi-indépendants parmi les taïfas qui marquèrent pendant un temps l'histoire de l'Espagne, notamment à Valence et à Dénia.


Civilisation |


Dès le règne du premier émir, la construction de la Grande Mosquée de Cordoue fut débutée, mais l'essor culturel d'Al-Andalus ne débuta vraiment qu'avec l'arrivée au pouvoir d'un prince mécène et lettré, l'émir Abd al-Rahman II, en 822. Son père avant invité le poète Ziriab, mais l'émir décéda lorsque ce dernier débarqua à Algésiras. Abd al-Rahman le reçut avec tous les égards et le dota richement.


Ziriab initia la musique arabo-andalouse. Sa connaissance de la civilisation orientale, pratiquée à Bagdad, où il avait vécu durant sa jeunesse, en introduisit une partie à la cour cordouanne, ainsi les règles de la table, les soins du corps, les jeux (échecs) et les sports (jeu du polo). Féru de science, il développa également des techniques de traitement de l'eau, aussi bien pour l'irrigation des cultures que pour l'approvisionnement des villes.


Cette période est aussi l'occasion de l'introduction de nouvelles plantes en Espagne : asperges, coton, riz, artichaut, aubergines, pastèque, citronniers, orangers, ... .


Article détaillé : Sciences et techniques en al-Andalus.


Notes et références |




  1. Arabes du Yémen.


  2. Arabes du désert, notamment du Nejd et du Hejaz.


  3. Ibn al-Athîr, Annales du Maghreb et de l'Espagne (« Conquête de l'Espagne »).



Voir aussi |



Source |


  • André Clot, L’Espagne musulmane (VIIIe~XVe siècle), Paris, Perrin, 1999 (réimpr. 1999), 429 p. [détail des éditions] (ISBN 2-262-01425-6)


Articles connexes |



  • Omeyyades de Cordoue

  • Liste des émirs de Cordoue

  • Liste des souverains d'al-Andalus

  • Art des Omeyyades de Cordoue

  • Banu Qasi

  • Mozarabe

  • Chroniques mozarabes




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