République





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La République nourrit ses enfants et les instruit. Tableau d'Honoré Daumier, 1848.


La République (avec un « R » majuscule, contrairement à la république)[1] est l'ensemble des biens, des droits, des prérogatives de la puissance publique et des services propres à un État dont la forme de régime politique est la république. Elle est accessible également à tous ses citoyens et est la propriété collective de tous. Elle s'oppose à la propriété privée, de sorte que tout ce qui n'est pas privé est public, et réciproquement. La chose publique comprend tout ce qui est public dans un pays donné : le domaine public (routes, fleuves, canaux, forêts domaniales, nappes phréatiques, ports, domaine maritime, espace aérien, bâtiments publics, patrimoine des établissements publics, des départements et des communes…), les services publics, la fonction publique, les juridictions publiques, les registres (greffes, hypothèques, marques, sociétés, association…) et les dépôts publics (archives, musées, haras, conservatoires, bibliothèques, réserves d'or…), la langue nationale, la monnaie, les marques, sceaux, mesures et poids publics, les lois et règlements d'administration publique, les servitudes d'intérêt public, le gouvernement, le parlement, les académies, la force publique (gendarmerie, police, armée), l'Assistance publique, etc. La République est propre à un État national donné, elle est aussi ancienne que lui, elle est indépendante du régime politique de gouvernement.


La république (avec un « r » minuscule) désigne, avec le sens de régime politique se voulant démocratique, les États dont le chef est désigné par le peuple ou ses représentants. Dans ce sens, république désigne le régime politique antinomique de la monarchie (du type royaume, empire ou principauté) dans laquelle l'unité du pouvoir est symbolisée par une seule personne, appelée « monarque ». Cette définition n'implique pas que la république soit démocratique. La république est aujourd'hui la forme de régime politique la plus répandue : sur 193 pays, 136 sont des républiques, 34 des royaumes ou sultanats, trois des principautés et neuf des unions ou fédérations qui peuvent mélanger plusieurs formes d’États.




Sommaire






  • 1 Étymologie et évolution du sens


  • 2 Histoire


    • 2.1 Antiquité


    • 2.2 Quasi-républiques médiévales


    • 2.3 La République comme utopie politique


    • 2.4 La République comme régime opposé à la royauté


      • 2.4.1 Calvin et la république de Genève




    • 2.5 République de Cromwell


    • 2.6 Première République française




  • 3 Voir aussi


    • 3.1 Articles connexes


    • 3.2 Bibliographie




  • 4 Notes et références





Étymologie et évolution du sens |


Le mot « république » provient du latin res publica qui signifie au sens propre « chose publique » et désigne l’intérêt général puis le gouvernement, la politique et enfin l’État. La république (Politeia) de Platon, Le politique (Politikie) d'Aristote et De la république (De Republica) de Cicéron traitent tous des formes de gouvernement. Res, en langage juridique latin, désigne la cause plaidée (Dictionnaire étymologique latin). Historiquement il s'agit de la cause de la plèbe, plaidée par le tribun — représentant des « tribus » — devant le Sénat romain composé des patriarches des familles connues de Rome.


En 1576 Jean Bodin la définit dans Les six livres de la République comme le « droit gouvernement de plusieurs ménages et de ce qui leur est commun, avec puissance souveraine ». Cet ouvrage décrit les principes symboliques et l'organisation juridique de la monarchie française où le terme de république est, bien que complexe dans son emploi, synonyme de la souveraineté d'un prince dans l'ordre de la loi naturelle[2]. Dans Du contrat social, Jean-Jacques Rousseau la définit comme « tout État régi par des lois, sous quelque forme d'administration que ce puisse être ; car alors seulement l'intérêt public gouverne et la chose publique est quelque chose. Tout gouvernement légitime est républicain. » Le terme est clairement synonyme de « gouvernement », de « bonne gouvernance ». Plusieurs courtisans du XVIIIe siècle écrivent des poèmes où ils louent la bonne gestion par Louis XIV de la république.


République prend alors le sens de communauté d'esprit ou d'idée, dans le sens d'une recherche du bien commun dans un domaine donné[3]. On trouve chez Blaise Pascal le concept de « République chrétienne » (Pensées, liv. XXIV, 15) que reprennent Voltaire[4] ou Rousseau dans leurs écrits[5]. On voit encore apparaître celui de « République des Lettres » comme chez Montesquieu (Lettres persanes, CXLII[6]).


Au moment de la Révolution française, en référence à la République romaine qui s’est établie à la suite de la monarchie, le régime politique qui fait suite à l’Ancien Régime est baptisé « république » en référence à l'idéal de gouvernement romain. Le 21 septembre 1792, en conséquence de la proclamation de l'abolition de la royauté, la Première République française est déclarée. Cependant, à cette époque, l'opposition entre république et monarchie n'est pas encore officiellement établie puisque, en 1804, Napoléon Bonaparte se considère comme Empereur de la République française[7].


Par la suite, en français, le mot s'est confondu avec le mot démocratie par opposition au despotisme et à la monarchie[8]. Une évolution de sens notable s'est opérée dans l'histoire récente, puisque jusqu'au XVIIIe siècle la tradition opposait, d'après les Politiques[9] d'Aristote, le régime issu de l'élection qui repose sur le choix de quelques-uns des citoyens selon leur mérite, leurs compétences ou leur richesse (l'oligarchie et l'aristocratie, qui devinrent par la suite la République), et un régime issu au moins partiellement du tirage au sort[10] qu'il appelle démocratie. Le sens et l'intérêt du régime démocratique s'expliquait alors pour Aristote par l'idée de liberté politique, selon laquelle un citoyen est libre dès lors qu'il a alternativement le pouvoir de gouverner et d'être gouverné[11]. Cette assimilation récente s’explique par l’histoire politique moderne des révolutions américaines et françaises, lors desquelles le problème de l'adoption de la démocratie a été débattu parmi les constituants qui la refusaient (notamment l'abbé Siéyès), lui préférant l'idée d'un gouvernement représentatif, autrement dit républicain[12],[13].


Le régime de Vichy est fondé en opposition avec la République qui avait, aux yeux des partisans du Maréchal Pétain, provoqué la décadence du pays. Le nom officiel du régime politique est alors « État français ». Du fait de l'assimilation, profondément ancrée dans l'esprit des gens entre « république » et « démocratie »[14], les deux mots sont souvent confondus. De ce fait encore, les francophones ont le sentiment de faire un oxymore lorsqu’ils parlent de république populaire et que le premier terme recouvre un régime totalitaire[pas clair].


Une république islamique, indépendamment du degré de démocratie du régime en place[pas clair], est la forme de gouvernement prise par un État qui n'a pas de monarque et où la gouvernance s'aligne sur le dogme de l'islam, comme c'est le cas en Iran, en Afghanistan ou au Pakistan. Une république islamique est donc une république qui fait référence à l'islam dans sa constitution.



Histoire |



Antiquité |


À Rome, la République romaine (instaurée en -509) fait suite à la monarchie des rois étrusques. C’est une oligarchie patricienne. La conduite de la République est aux mains des consuls qui sont au nombre de deux et élus pour un an. Le principal organe constitutionnel est le Sénat qui réunit les représentants des familles patriciennes.


Dans la démocratie athénienne, c'est le tirage au sort qui désigne les représentants du peuple et non le vote comme pour ceux du peuple romain. Dans les deux cas, esclaves, femmes et non-citoyens sont exclus de tout rôle politique (cependant les femmes sont nécessaires pour transmettre la citoyenneté).



Quasi-républiques médiévales |


Nombre important de cas de souveraineté partielles et statut d'autonomie sont d'étude intéressant[pas clair].



  • Cités-États : au Moyen Âge, certaines cités échappent au pouvoir féodal et conservent leur autonomie politique. Dans le Saint-Empire romain germanique on parle de ville libre d'Empire, dans le royaume de France de ville franche. Rétrospectivement les historiens baptiseront de « république » cette forme nouvelle de gouvernement oligarchique et bourgeois qui émerge alors.

    • Républiques de Gênes et de Venise : la plus célèbre, la plus riche, la plus puissante de ces villes indépendantes est alors la république de Venise, terme moderne pour désigner ce que les Vénitiens d’alors appelaient « duché » (ducato) avec, à sa tête, le doge (proprement : « le duc »). Plusieurs cités italiennes, dont Gênes, connaissent des régimes politiques que les modernes nomment républiques mais qui sont des aristocraties.

    • République de Hollande :





  • Quasi-républiques territoriales : sur le massif alpin, un certain nombre de territoires ont des fonctionnements politiques originaux plus que centenaires parfois même des quasi-fédérations républicaines ; des fonctionnements politiques inhabituels. Dans la pratique les droits seigneuriaux sont rachetés par les communautés. Des conventions de rentes-impôts fixes versées volontairement sans contrôle fiscal étatique et des contre-parties complexes de collaboration-défense sont signées. En fonction des poussées d'expansion territoriale, les communautés font reconnaître et confirmer leurs particularismes politiques. Leurs statuts ressemblent aux « francs-bourgeois » car il n'y a pas de service féodal. Les tutelles sont parfois remplacées, marchandées secrètement à l'initiative des communautés. Elles sont nommées alors « déditions ».

    • exemple : en 1383, les habitants de Saint-Paul-sur-Ubaye demandent au comte de Savoie Amédée VII d'annexer leur commune. Il le fit et prolonge les privilèges anciens. Cinq années plus tard en 1388, le reste de la vallée fait cette même démarche.

    • exemple : fédération des république des Escartons.




La République comme utopie politique |


La définition humaniste d’un État libre, d’un État sans roi, se trouve chez Bartolus de Saxoferrato (De regimine civitatis, vers 1350), Coluccio Salutati (De tyranno, Florence, 1400) et Leonardo Bruni (Laudatio fiorentinæ urbis, 1403-04). Ils utilisent alors le terme latin de civitas (« citoyenneté, ensemble des citoyens ») qui donne « cité » en français.


Fondée à la Renaissance, la république des Deux Nations remplace la monarchie polonaise par le gouvernement de l’aristocratie polono-lituanienne dans la droite ligne des oligarchies antiques.


En 1581, quand les Pays-Bas s’affranchissent de la tutelle espagnole et fondent la première république européenne digne de ce nom ils adoptent le nom de Provinces-Unies. Quand les Anglais secouent le joug de la royauté en 1649, ils fondent le Commonwealth, mot anglais qui est le calque du latin res publica[réf. souhaitée].


La république du Bouregreg ou république de Salé est fondée en 1627, elle est de ce fait l'une des premières républiques à avoir été fondée dans le monde.



La République comme régime opposé à la royauté |




Calvin et la république de Genève |




République de Cromwell |




Première République française |


Dans les années qui suivent la proclamation de la République française, le modèle politique est largement exporté : la République batave naît en 1795, c’est la première et la plus durable république sœur de la France. La République ne s'oppose pas nécessairement à l'Empire. En effet toujours dans l'exemple de la République française, en 1804 le gouvernement français remet à l'Empereur la conduite de la République ; celle-ci ne disparaît donc pas avec le nouveau régime.



Voir aussi |



Articles connexes |


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  • République constitutionnelle



Bibliographie |




  • Régis Debray, La République expliquée à ma fille, Le Seuil, 1998 (ISBN 2020347148).

  • Jean-Michel Ducomte, La République, Les Essentiels Milan, 2002.

  • Serge Berstein et Odile Rudelle (dir.), Le modèle républicain, PUF, 1992.

  • Blandine Kriegel, Philosophie de la République, Plon, 1999.

  • Claude Nicolet, L'idée républicaine en France, Gallimard, 1982.

  • Hugues Jallon et Pierre Mounier, Les enragés de la République, La Découverte, 1999.


  • Frédéric Monera, L'idée de République et la jurisprudence du Conseil constitutionnel, Paris, L.G.D.J., 2004.

  • William R. Everdell, La fin des rois : Histoire des républiques et des républicains, Paris, Éd. Publisud, 1987.


  • Platon, La République.


  • Aristote, Les politiques.

  • Thomas More, L'Utopie.

  • Philippe Genestier et Jean-Louis Laville, « Au-delà du mythe républicain. Intégration et socialisation », dans Le débat, novembre-décembre 1994, no 82, p. 154-172.



Notes et références |





  1. Cf. « république » sur larousse.fr.


  2. Simone Goyard-Fabre, Les embarras philosophiques du droit naturel, Paris : Vrin, 2002 (ISBN 9782711615889), p. 61-62. – Gabriel-André Pérouse [et alii], L'œuvre de Jean Bodin : actes du colloque tenu à Lyon à l'occasion du quatrième centenaire de sa mort, 11-13 janvier 1996, Paris : Honoré Champion, 2004,p. 39.


  3. Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, éd. 1873 « république », sens 1 à 5.


  4. Voltaire, Histoire de la Guerre de 1741, éd. Garnier Frères, 1971, p. lx.


  5. Jean-Jacques Rousseau, Texte de J.J. Rousseau : Principes du droit de la guerre ; Écrits sur la paix perpétuelle, Paris : Vrin, 2008, p. 318.


  6. Cf. Wikisource, Lettres persanes, Lettre CXLII. Rica à Usbek.


  7. Frédéric Rouvillois, « Républicain, comme ils disent… », causeur.fr, 10 février 2015.


  8. Émile Littré, Dictionnaire de la langue française, éd. 1873 « république », Syn. dans le sens où « démocratie est l'opposé de l'aristocratie ou république aristocratique. »


  9. Aristote, Les Politiques, Paris, GF Flammarion, 1993, 575 p. (ISBN 9782080704900), p. III, 7-10.


  10. Aristote, Les Politiques, Paris, GF - Flammarion, 1993, 575 p. (ISBN 9782080704900), p. IV, 14-15.


  11. Aristote, Les Politiques, Paris, GF - Flammarion, 1993, 575 p. (ISBN 9782080704900), p. III, 9 ; VI, 2.


  12. Bernard Manin, Principes du gouvernement représentatif, Paris, Champs - Flammarion, 2012, 319 p. (ISBN 2081286181), p. 108.


  13. David van Reybrouck, Contre les élections, Paris, Actes sud, 2014, 219 p. (ISBN 978-2-330-02820-6, notice BnF no FRBNF43769027), ch. III, pp. 73-122.


  14. http://sophi.over-blog.net/article-36984148.html.





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