Enceinte de Charles V
L'enceinte de Charles V, construite de 1356 à 1383, est une des sept grandes enceintes ayant chronologiquement entouré Paris[1]. Elle remplace sur la rive droite celle de Philippe Auguste[2]. Dans les années 1640, sa partie occidentale fut élargie à l'enceinte de Louis XIII, les restes intégrés furent démolis[3]. Cette nouvelle enceinte fut à son tour détruite à partir des années 1670, laissant la place aux Grands Boulevards. Il n'en demeure aujourd'hui que peu de vestiges.
Sommaire
1 Historique
1.1 L'enceinte de Philippe Auguste
1.2 Un rempart de terre fortifié
2 Le tracé
3 Les portes
4 Les quartiers
4.1 Cité
4.2 Rive droite
4.3 Rive gauche
5 Fouilles
6 Notes et références
7 Annexes
7.1 Bibliographie
Historique |
L'enceinte de Philippe Auguste |
L'enceinte de Philippe Auguste, créée au début du XIIIe siècle, contenait, sur ses 253 hectares, des terres labourables ou plantées de vignes permettant à la population de résister à un éventuel siège. Mais au fil des années, ces champs avaient été remplacés par des maisons et les cultures avaient été repoussées en dehors des murs de la ville. Plusieurs faubourgs se développaient rapidement, en particulier celui de Saint-Honoré, à l'ouest. La population sans cesse croissante ne pouvait plus être contenue dans la ville. En outre, avec la Guerre de Cent Ans, il devenait nécessaire de construire une nouvelle enceinte afin de protéger la capitale du royaume de France.
Un rempart de terre fortifié |
À la suite du désastre de la bataille de Poitiers en 1356, Étienne Marcel, prévôt des marchands, commence à édifier un premier rempart de terre et un fossé (les fouilles au Carrousel en 1990 ont retrouvé un fossé de 12,70 m de large sur 4 de profondeur), de 1356 à 1358, 500 mètres au-delà de la muraille de Philippe Auguste. Seule la rive droite est concernée par cet agrandissement. Le Roi Charles V, dès 1358, demande que cette butte de terre soit fortifiée contre les tirs d'artillerie et qu'il y soit adjoint un grand et profond fossé qui serait alimenté par l'eau de la Seine. Les travaux ne seront achevés qu'en 1420, sous Charles VI. En effet, l'accroissement des faubourgs sur cette rive de la Seine avait été rapide et, avec la présence de l'abbaye Saint-Martin et la maison du Temple, exigeait, par leur importance et leurs richesses, que l'on pourvût à leur sûreté.
Les faubourgs qui s'étaient formés sur la rive gauche, n'ayant acquis que peu d'extension, on les détruisit, et l'on se borna à couvrir d'un fossé extérieur l'enceinte qui existait déjà.
Ce fut d'abord un simple fossé que l'on creusa précipitamment.
Il commençait à la Seine, près de l'Arsenal, suivait à-peu-près la direction des boulevards actuels[4] jusqu'à la porte Saint-Denis et de là, il se prolongeait en ligne droite parallèlement aux rues de Cléry et des Fossés-Montmartre, jusqu'à la rue Saint-Honoré, vis-à-vis de la rue Saint-Nicaise et il se retournait ensuite vers la Seine, avec laquelle il communiquait en traversant obliquement l'emplacement du Carrousel.
Quelques années après, ce fossé fut revêtu de murs, et bordé d'un rempart du côté de la ville. Le prévôt de Paris Hugues Aubriot conduisit
ces ouvrages, et les termina en 1383.
Toutefois, cette nouvelle fortification qui avait un développement beaucoup plus considérable que l'enceinte de Philippe Auguste, n'avait, cependant, que six portes.
L'ensemble s'étend sur une largeur de 90 m, avec de la Ville vers la campagne d'abord un chemin de ronde, puis un rempart de terre de 25 m de large couronné d'une muraille - 4 m de haut pour 2 m de large[5] -, un fossé en eau, une autre levée de terre de 20 m de large et un autre fossé sec plus étroit.
Le tout est renforcé au début du XVIe siècle (1513-1532), le fossé en eau atteint 30 m de large pour 7 m de profondeur avec des murs d'escarpe et de contrescarpe, l'escarpe ponctuée par des plate-forme d'artillerie.
La nouvelle fortification s'étend à l'ouest au-delà du Louvre, qui perd ainsi sa fonction de forteresse de défense. Charles V, qui avait fui le Palais de la Cité pour ses hôtels du Marais après l'émeute conduite par Étienne Marcel, convertit l'édifice en résidence, sans toutefois en changer les dimensions. Il y installe en particulier sa bibliothèque de 973 livres.
À l'est, la nouvelle demeure du Roi, l'Hôtel Saint-Pol, est mal protégée. Charles V décide l'édification du chastel Saint-Antoine, que les Parisiens appelleront la Bastide Saint-Antoine, puis la Bastille. En 1370, le prévôt Hugues Aubriot pose la première pierre de l'édifice qui sera terminé en 1382.
Paris compte désormais en son sein d'anciens faubourgs : Saint-Paul, le Temple, Sainte-Marguerite, Saint-Martin-des-Champs, les Filles-Dieu, Saint-Sauveur, Saint-Honoré et les Quinze-Vingts. La ville se répand alors sur 440 hectares et accueille plus de 150 000 habitants. Un acte de Charles VI, qui poursuivra l'œuvre de son père à partir de 1380, confirme le propos : « Tant comme nostre bonne ville de Paris sera mieux peuplée et habitée de plus de gens la renommée d'icelle sera plus grande, laquelle renommée augmentera notre gloire ».
L'enceinte, de même que le rempart qui lui sera adjoint par Louis XIII à l'ouest, est détruite à partir de 1670, sur ordre de Louis XIV.
Le tracé |
Partant en aval de la Seine à partir de la tour du bois située près du pont du Carrousel, l'enceinte remontait en longeant l'ouest de la place du Carrousel vers la rue Saint-Honoré au niveau de l'actuel Palais-Royal, puis par la place des Victoires et la rue d'Aboukir tracée sur l'emplacement du rempart et du grand fossé (la rue Sainte-Foy reprend le tracé du chemin de ronde, la rue de Cléry le chemin de l'autre côté des fossés) jusqu'à la porte Saint-Denis. Elle longeait ensuite les Grands boulevards d'aujourd'hui (de Bonne-Nouvelle, Saint-Martin, du Temple, des Filles-du-Calvaire, Beaumarchais) puis revenait par le boulevard Bourdon jusqu'à la tour de Billy qui se trouvait au bord de la Seine en amont.
La muraille de la rive gauche édifiée sous Philippe Auguste ne sera pas transformée, laissant ainsi le nouveau faubourg Saint-Germain en dehors des murs. Cependant, cette enceinte sera doublée par un fossé d'une profondeur de 5 mètres et d'une largeur de 12 mètres[6].
On retrouve le plan complet de l'enceinte et de la ville sur le Plan de la Gouache.
Les portes |
La nouvelle enceinte ne comprend plus que six portes dans la partie septentrionale de la Seine (rive droite).
Porte Saint-Honoré (sur la rue Saint-Honoré, à l'emplacement de la place André Malraux)
Porte Montmartre (au croisement de la rue Montmartre avec la rue d'Aboukir)
Porte Saint-Denis (au croisement de la rue Saint-Denis avec la rue Blondel)
Porte Saint-Martin (au croisement de la rue Saint-Martin avec la rue Blondel)
Porte du Temple (au débouché de la rue du Temple sur la place de la République)
Porte Saint-Antoine (au débouché de la rue de la Bastille sur la place de la Bastille)
Porte Saint-Honoré.
Porte Montmartre.
Porte Saint-Denis.
Porte Saint-Martin.
Porte du Temple.
Porte Saint-Antoine.
Une porte supplémentaire, la porte Saint-Louis, fut ouverte au début du XVIIe siècle dans le prolongement de la rue Vieille-du-Temple et de la rue de la porte Saint-Louis (actuelle rue de Turenne) créée à cette époque sur la couverture d'un tronçon d'égout.
Porte Saint-Louis sur plan Janssonius (vers 1640).
Les quartiers |
Après l'édification de cette enceinte, la ville de Paris fut divisée en seize quartiers, chacun ayant à sa tête un quartenier, équivalent à la fois de nos actuels maire et commissaire de police, et dont le rôle eut une grande importance dans l'administration de la ville. Ils participaient à l'élection du prévôt des marchands et étaient assistés de dizainiers et de cinquanteniers. Ce sont les Seize qui dressèrent la ville contre le roi Henri IV au nom de la Ligue lors de la Journée des barricades de 1588.
Cité |
- Quartier de la Cité
Rive droite |
Faubourg Saint-Antoine, quartier Saint-Gervais, quartier Sainte-Avoye, quartier Sainte-Opportune, Saint-Honoré, Saint-Germain l'Auxerrois, Saint-Eustache, Saint-Denis, Saint-Martin, Les Halles, La Verrerie, Saint Jacques de la Boucherie, Saint-Jean de Grève.
Rive gauche |
Maubert, Saint-André-des-Arts.
Fouilles |
Des fragments de l'enceinte sont mis au jour lors du percement du métro, au début du XXe siècle.
En 1991-1992, des fouilles archéologiques sont menées dans le cadre du projet du Grand Louvre. Les murs de l'enceinte de Paris au Carrousel du Louvre ont été conservés au sein du Carrousel du Louvre[7].
Lors de fouilles entreprises en 2015 sous la place du Père-Teilhard-de-Chardin (4e arrondissement de Paris), est découverte une autre partie de l'enceinte[8].
Notes et références |
L'enceinte de Charles V vers 1450 sur paris-atlas-historique.fr
L'enceinte de Philippe Auguste vers 1300 sur paris-atlas-historique.fr
L’enceinte bastionnée, dite des « fossés jaunes », vers 1650 sur paris-atlas-historique.fr
boulevard Beaumarchais, boulevard des Filles-du-Calvaire, boulevard du Temple, place de la République, boulevard Saint-Martin, boulevard Saint-Denis
Louis Batiffol, La Vie de Paris sous Louis XIII, éditions Calmann-Lévy, 1932, p.3.
Renaud Gagneux, Jean Anckaert et Gérard Conte, Sur les traces de la Bièvre parisienne, Paris, Editions Parigramme, 2002, 159 p. (ISBN 2840962381), p. 19
http://www.visites-guidees.net/?p=475
Élodie Soulié, « Un vestige de l’enceinte de Charles V mis au jour à Paris », leparisien.fr, 7 octobre 2015.
Annexes |
Bibliographie |
- H. Sauval, Histoire et recherches des Antiquités de la ville de Paris, 3.vol, 1724.
- A. Bonnardot, Dissertations archéologiques sur les anciennes enceintes de Paris, suivies de recherches sur les portes fortifiées qui dépendaient de ces enceintes, Paris, J-B. Dumoulin, 1852.
- P. Van Ossel (dir), Les Jardins du Carrousel, Paris: de la campagne à la ville, la formation d'un espace urbain, postface de Christian Goudineau, Paris, éditions de la MSH, Documents d'archéologie française, 1998, p. 73.
- Julien Avinain, Place Theilhard-de-Chardin, Paris 4e : courtine de l'enceinte de Charles V, [rapport de diagnostic], Paris, DHAAP, 2016.
- Julien Avinain, « Paris, découverte d'une section l'enceinte de Charles V », Archéologia, no 543, mai 2016, p. 34-39.
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Ville ou lieu entouré de remparts