Limes





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Le limes (prononcé [li.mɛs]) est le nom donné par les historiens modernes aux systèmes de fortifications établis au long de certaines des frontières de l'Empire romain. Le terme limes peut comporter deux significations :



  1. Le mot peut être considéré comme frontière ou limite, avec comme équivalent la Grande Muraille de Chine ou plus tard la Ligne Maginot. Pour les Romains, ce terme signifie qu'il s'agit d'une barrière pour défendre l'intérieur de l'Empire romain (sens utilisé pour la première fois par Frontin[1] et Tacite[2] au Ier siècle).

  2. Le terme peut signifier chemin ou route, c'est-à-dire la voie qui mène vers des territoires nouvellement conquis (ou à conquérir), comme le limes germanique sous Auguste, qui longe la rivière Lippe. Cette frontière était gardée par plusieurs places d'auxiliaires ou de légionnaires.


Le limes germanique et de Rhétie a été inclus en 1987 dans la liste des sites du patrimoine mondial de l'UNESCO, tout comme le mur d'Hadrien et le mur d'Antonin au Royaume-Uni.




Sommaire






  • 1 Le limes comme barrière


    • 1.1 Barrières naturelles


    • 1.2 Barrières artificielles


    • 1.3 Zones Intérieures




  • 2 Principaux domaines stratégiques / territoire du limes romain


  • 3 En Occident: la frontière septentrionale


    • 3.1 En Bretagne : le front du Nord




  • 4 Fonctions


  • 5 Limes de Germanie


  • 6 Limes danubien


  • 7 Limes d'Afrique du Nord


  • 8 Murs sur l'île de Bretagne


  • 9 Limes de la péninsule arabique


  • 10 Notes et références


  • 11 Annexes


    • 11.1 Galerie d'illustrations


    • 11.2 Bibliographie


      • 11.2.1 Littérature antique


      • 11.2.2 Études modernes


      • 11.2.3 Congrès




    • 11.3 Articles connexes







Le limes comme barrière |


Ce système désigne toutes les frontières de l'Empire romain, lesquelles sont classées en fonction de leur mode de barrière : naturelle ou artificielle.



Barrières naturelles |


Les barrières naturelles qui séparaient le monde romain des Barbares ou des autres royaumes pouvaient être :



  • de type fluvial (comme le Rhin, le Danube ou l'Euphrate)[3]

  • de type montagneux (comme la chaîne des Carpates, ou l'Atlas en Maurétanie)

  • de type désertique (comme le long de la frontière sud de l'Égypte, ou de la province d'Arabie ou encore de Syrie)



Barrières artificielles |


Article détaillé : Génie militaire (Rome antique).

Les barrières peuvent aussi être artificielles, comme une palissade ou un mur de pierre, parfois précédés d'un fossé. C'est le cas pour le mur d'Hadrien, le mur d'Antonin, le limes Porolissensis (en Dacie) ou le limes de Germanie. Chaque frontière était également suivie en parallèle sur toute sa longueur par une route avec un intervalle régulier des forteresses de légionnaires (castra), des forts (castella), des forts auxiliaires, ainsi que des tours (turris) et des zones d'observation (stationes).


Les représentations du limes romain peuvent être vues sur la frise de la colonne de Trajan ou sur celle d'Antonin, où les scènes d'ouvertures se situent sur la rive droite du Rhin, avec la représentation d'une série de postes de garde, de forts, de forteresses, avec également une protection de palissade.



Zones Intérieures |


Le troisième cas est très particulier, il s'agit des préfectures (comme la préfecture des Alpes à l'époque des guerres marcomanes). Ce territoire est confié à un commandant militaire spécial (dans l'exemple précédent, il s'agit de Quintus Antitius Adventius, dont le rôle a été de prévenir et bloquer les invasions barbares[3].



Principaux domaines stratégiques / territoire du limes romain |


Articles détaillés : Légion romaine et Localisation des légions romaines.

Il y avait deux positions stratégiques clés pour protéger l'Empire romain :



  1. la première et la plus importante position stratégique est le front nord, qui se compose de :

    • Le limes de Bretagne, le plus septentrional de l'Empire romain, avec ses deux murs (le Mur d'Antonin et le Mur d'Hadrien);

    • Le limes de Germanie qui se situe le long du Rhin, et qui pendant près de deux décennies a conduit les Romains de Germanie supérieure jusqu'à l'Elbe;

    • Le limes du Danube, qui est le plus important du système de défense de l'Empire romain dans son ensemble, car il assurait la protection de beaucoup de provinces de la Rhétie jusqu'à la Mésie (c'est-à-dire tout le long du parcours du fleuve jusqu'à son embouchure).

    • Le limes au nord du Danube, qui comprenait les provinces frontialières des Daces, des Sarmates et la rive nord du Pont-Euxin (les villes grecques d'Olbia et de Tyras, c'est-à-dire le Royaume du Bosphore, province sous influence romaine de Néron jusqu'à l'arrivée des Goths dans la première moitié du IIIe siècle).



  2. la deuxième position stratégique est la frontière orientale de l'Empire romain, qui est organisé en quatre secteurs

    • Le limes de Cappadoce et le Pont-Euxin qui est créé par l'Empereur Tibère en 17 lors de l'annexion par Rome de la Cappadoce.

    • Le limes d'Arménie qui a été au cœur des guerres entre les Romains et les Perses.

    • Le limes de Mésopotamie créé par intermittence à partir des campagnes de Trajan contre les Parthes en 114-117.

    • Le limes d'Arabie reliant l'Euphrate à la Mer Rouge sur près d'environ 1 000 kilomètres. Il est lui-même divisé en deux limes, chargés de défendre les provinces de Syrie, d'Arabie et de Judée.





En Occident: la frontière septentrionale |



En Bretagne : le front du Nord |


Articles détaillés : Conquête romaine de la Bretagne et Bretagne (province romaine).



Là où le bois manquait déjà à la suite des défrichements entamés dès le Néolithique, des murs de pierre étaient élevés, qui bloquaient efficacement les cavaliers (Mur d'Hadrien)



Fonctions |


Article détaillé : Système défensif de l'Empire romain.

Le limes matérialise physiquement la frontière entre l'empire romain et le monde barbare, tel qu'il était entendu par les Romains, à savoir les peuples ne parlant ni grec, ni latin.


Le limes consiste en routes de rocade le long de la frontière, desservant des postes de surveillance plus ou moins importants, et reliées aux villes de garnison. Localement, le limes peut être renforcé par des ouvrages tels que mur et/ou fossé. Il a un but défensif, mais aussi douanier et politique car il s'agit d'une fortification discontinue plus symbolique qu'efficace[4].


Des limes plus ou moins élaborés ont ainsi été établis sur la plupart des frontières de l'Empire. Les plus célèbres sont ceux construits dans le nord de la province de Bretagne (actuelle île de Grande-Bretagne) : les murs d'Hadrien, d'Antonin. Le plus grand était établi le long du Rhin et du Danube, par une succession de tours de guet, de castella (fortins), de places fortes reliées par un réseau très dense de voies romaines. Un limes de ce type, mais moins profond et moins dense, était construit en Afrique du Nord.


Le limes romain figure sur le Canon historique des Pays-Bas, liste officielle de 50 thèmes, initiative du gouvernement néerlandais, dont la première version date de 2006 et dont la deuxième version est officiellement acceptée le 3 juillet 2007.



Limes de Germanie |




Le limes de Germanie : reconstitution dans les monts du Taunus.


En latin, limes signifie simplement chemin de patrouille à la frontière. Pour permettre une vue dégagée sur l'ennemi, les Romains avaient déboisé de grands pans de forêt. Nombre de ces sentiers existent encore aujourd'hui en Allemagne.


Le limes germanique protégeait les provinces de Germanie supérieure et de Rhétie, en avant des Champs Décumates.



  • Il était constitué de plus de soixante places fortifiées espacées d'une dizaine de kilomètres. Elles défendaient la frontière de l'Empire. On peut citer celle de Saalburg près de Bad Homburg, qui est la seule à avoir été reconstruite, ou le camp romain d'Obernburg, aujourd'hui largement documenté.

  • Des cohortes de 500 légionnaires et cavaliers y étaient stationnées pour empêcher les pillages des Germains dans la zone contrôlée par les Romains. Des voies romaines y conduisaient à partir de l'Italie ou de la Gaule.

  • Plus de neuf cents tours de guet se dressaient le long du limes rhénan, espacées les unes des autres de façon à pouvoir communiquer entre elles par signaux visuels ou sonores selon les conditions de visibilité, et ainsi avertir au plus vite la prochaine place fortifiée de tout mouvement germain.


La tour de guet no 1 se trouve à Rheinbrohl en Rhénanie-Palatinat (caput limitis).


Cologne, Strasbourg et Vienne étaient des forts chargés de protéger le limes.


Le limes germanique fut détruit par les attaques des Alamans en 258, qui occupèrent l'espace compris entre le Rhin et le Danube. Une nouvelle ligne de défense fut organisée par Aurélien (270-275) le long du Rhin et de l’Iller, affluent du Danube, avec Brigantium (Bregenz) comme camp militaire.


Au IVe siècle, ce limes était défendu par des Lètes francs et des fédérés Saxons à Mayence, Alamans sur le Rhin supérieur (fondation dudit royaume alaman).



Limes danubien |


Le limes danubien s'articulait sur une série de places fortes reliées par une route de rocade suivant le cours du Danube. Une flotte fluviale complétait le dispositif de surveillance.



Limes d'Afrique du Nord |


Article détaillé : systèmes défensifs de l'Afrique romaine.

Les limes d'Afrique romaine désignent la série d'aménagements défensifs réalisés par les Romains en Afrique du Nord.


Les Romains organisent leur système de défense au fur et à mesure de leur progression dans le contrôle des territoires annexés en Afrique et en Maurétanie. À chaque avancée, un nouveau limes enveloppe des territoires et des populations réputés pacifiés et susceptibles d’accepter la civilisation à la romaine, et les distinguent des zones extérieures où la Pax Romana n’est pas encore établie. Par sauts successifs, ce limes finit par atteindre et parfois pénétrer les confins arides du domaine saharien depuis l’Océan Atlantique jusqu’aux déserts de la Grande Syrte.


Ces systèmes diffèrent des limes européens appuyés sur des fleuves : le relief montagneux et étiré d'est en ouest impose de construire des routes de rocade qui permettent la circulation des troupes et aussi celles des commerçants, des points fortifiés qui les jalonnent et exceptionnellement des ouvrages défensifs tels que murs ou fossés. Des voies transversales unissent ce limes aux principales cités, et à la zone côtière[5].


Fossatum.png



Murs sur l'île de Bretagne |


Ils contiennent les Pictes et les Scots.


Articles détaillés : Mur d'Hadrien et Mur d'Antonin.

Dans le même ordre d'idées se construit Offa's Dyke dans l'Essex longtemps après le départ des Romains, qui sépare Saxons et Gallois.



Limes de la péninsule arabique |


Article détaillé : limes Arabicus.


Notes et références |




  1. Frontin, Les Stratagèmes, paragraphe 1, 3-10.


  2. Tacite, Annales:livre I, paragraphe 11.


  3. a et bYann Le Bohec, L'esercito romano da Augusto alla fine del III secolo, Roma 1992, VII ristampa 2008, p. 206.


  4. Lucien Sigayret, Rome et les Barbares, Ellipses, 1999, p. 9


  5. Louis Harmand, L’Occident romain, Gaule, Espagne, Bretagne, Afrique du Nord, Payot, Paris, 1960, réédité 1970, p. 262-289



Annexes |



Galerie d'illustrations |




Bibliographie |


Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.



Littérature antique |




  • Frontin, Les Stratagèmes, Institut de stratégie comparée : Economica, coll. « Bibliothèque stratégique », 1999, 283 p. (ISBN 2-7178-3886-4). 


  • Tacite, Annales: livres I-III, Paris, Les Belles Lettres, coll. « Collection des universités de France », 1990, 201 p. (ISBN 2-251-01264-8). 



Études modernes |




  • Edward Luttwak, La Grande Stratégie de l'Empire romain, Paris, Économica, coll. « Bibliothèque stratégique », 1987, 260 p. (ISBN 2-7178-1269-5). 


  • (en) Maureen Carroll-Spillecke, Romans, Celts & Germans: the German Provinces of Rome, Stroud, Gloucestershire : Tempus, 2001, 160 p. (ISBN 0-7524-1912-9). 


  • (it) John Wacher, Il Mondo di Roma imperiale. Tome 1: La Formazione, Bari, Laterza, coll. « Storia e societa », 1989, 386 p. (ISBN 88-420-3418-5). 



Congrès |




  • 1st International Congress of Roman Frontier Studies, édité par E. Birley, Durham 1952; Document utilisé pour la rédaction de l’article


  • 2nd International Congress of Roman Frontier Studies, édité par E. Swoboda, Graz-Cologne, 1956; Document utilisé pour la rédaction de l’article


  • 3rd International Congress of Roman Frontier Studies, édité par R. Laur-Belart, Bâle, 1959; Document utilisé pour la rédaction de l’article



Articles connexes |


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