Guerre de Boshin
戊辰戦争
Samouraïs du clan Satsuma lors de la guerre de Boshin (1868 - 1869), Felice Beato).
Date | du 3 janvier 1868 au 18 mai 1869 |
---|---|
Lieu | Japon |
Issue | Victoire de l'empereur Fin du Shogunat Restauration du pouvoir impérial |
Domaine de Satsuma Domaine de Chōshū Domaine de Tosa Domaine de Saga Avec le soutien du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d'Irlande | Shogunat Tokugawa Domaine d'Aizu Domaine de Jōzai Domaine de Nagaoka Avec le soutien de l'Empire français |
Empereur Meiji | Tokugawa Yoshinobu Enomoto Takeaki |
environ 40 000 | environ 80 000 |
inconnues | inconnues |
Batailles
.mw-parser-output .sep-liste{font-weight:bold}Bataille de Toba-Fushimi · Bataille d'Awa · Chute du château d'Osaka · Bataille de Kōshū-Katsunuma · Bataille du château d'Utsunomiya · Bataille d'Ueno · Chute d'Edo · Bataille de Hokuetsu · Bataille de la passe de Bonari · Bataille d'Aizu · Bataille de Noheji · Bataille de la baie de Miyako · Bataille de Hakodate · Bataille de la baie de Hakodate
La guerre de Boshin (戊辰戦争, Boshin sensō , littéralement « guerre de l'année du dragon ») est une guerre civile japonaise qui débuta en janvier 1868 sous le règne de l'empereur Meiji, quelques mois après la restitution du pouvoir suprême à l'empereur, et qui se poursuivit jusqu'en mai 1869. Elle vit principalement s'affronter, d'une part, les armées des clans de Satsuma, de Chōshū, de Tosa et leurs alliés, proches de l'Empereur et, d'autre part, les troupes appartenant au gouvernement shogunal d'Edo et les clans qui lui restèrent fidèles. Les clans de Satsuma, de Chōshū et de Tosa cherchaient à supplanter par la force le parti adverse et à éviter que l'autorité impériale ne fût désormais exercée sous une forme fédérale par l'ensemble des clans. Elle marque une coupure emblématique entre l'époque d'Edo et l'ère Meiji.
Environ cent vingt mille hommes furent mobilisés pendant le conflit et trois mille cinq cents d'entre eux furent tués. À la fin de cette guerre, les troupes impériales victorieuses abandonnèrent la politique d'expulsion des étrangers et le pouvoir se lança dans une politique de modernisation continue, ce qui déclencha la rébellion de Satsuma.
Sommaire
1 Déroulement du conflit
1.1 Amorce politique du conflit
1.2 Reddition d'Edo
1.3 Aspects militaires
1.4 Résistance dans le Nord
1.5 Campagne d'Hokkaidō
2 Batailles
3 Culture populaire
4 Voir aussi
4.1 Sources
4.2 Articles connexes
4.3 Notes et références
Déroulement du conflit |
Amorce politique du conflit |
Le shogun Tokugawa Yoshinobu modernisait ses forces à l'aide d'instructeurs français. Apeurés, les dirigeants de Satsuma, Chōshū et Tosa s'allièrent pour le contrer. Unis par la philosophie politique du Sonnō jōi (« Révère l'Empereur, repousse les barbares ») et la peur que le nouveau shogun continue d'usurper le pouvoir de l'Empereur, ils travaillèrent ensemble pour mettre un terme au shogunat, quoique leurs approches différassent grandement.
Tosa, en particulier, était plus modérée et proposait un compromis dans lequel Yoshinobu abdiquerait son titre à l'Empereur mais présiderait un nouveau conseil gouvernemental composé de daimyos. À cette fin, le daimyo de Tosa Yamauchi Toyonori, et son conseiller Gotō Shōjirō, présentèrent à Yoshinobu une requête d'abdication[1].
Yoshinobu abandonna ses fonctions de shogun fin 1867, rendant ainsi formellement le pouvoir gouvernemental à l'Empereur[2]. Il quitta ensuite Kyoto pour Osaka. Toutefois, même si Satsuma et Chōshū soutenaient l'idée d'un conseil gouvernemental de daimyos, ils n'acceptaient pas que Yoshinobu le préside[1]. Ils obtinrent un arrêté impérial[1] autorisant l'usage de la force contre Yoshinobu (qui s'avéra plus tard être un faux document[3]), puis installèrent un nombre considérable de troupes de Satsuma et Chōshū en plein Kyoto[4].
Une conférence eut ensuite lieu à la cour impériale où Yoshinobu fut démis de ses terres et de ses biens[5] malgré le fait qu'il n'ait pris aucune initiative susceptible d'être considérée comme agressive ou criminelle. Mais aucune des personnes qui auraient pu s'opposer à cette décision ne fut convoquée à la conférence[6]. Yoshinobu s'y opposa ; il écrivit même une lettre de protestation à l'attention de la cour impériale[7]. Sur la suggestion des hommes du clan Aizu, de la ville de Kuwana et de diverses provinces, il mobilisa une énorme quantité de troupes pour transmettre son message de protestation à la cour sans que les forces de Satsuma et Chōshū postées à Kyoto l'en empêchent[8].
Quand les forces de Tokugawa arrivèrent aux abords de Kyoto, le 27 janvier 1868, on leur refusa l'entrée. Les troupes de Satsuma et Chōshū les attaquèrent, déclenchant la première confrontation de la guerre, la bataille de Toba-Fushimi[9].
Une partie des quinze mille hommes du Shogun avaient été entraînée par les militaires français tel le Denshūtai mais la grande majorité de ses troupes restaient des samouraïs. Les forces de Satsuma et Chōshū, bien que trois fois moins nombreuses, étaient, elles, complètement modernisées. Yoshinobu abandonna alors son armée en pleine bataille quand il découvrit que les forces Satchō brandissaient la bannière impériale.
Reddition d'Edo |
Il se réfugia à Edo[10] où il demanda à être mis en prison et rappela son abdication à la cour impériale. Toutefois, un accord de paix fut trouvé, stipulant que Tayasu Kamenosuke, le tout jeune chef de l'une des branches du clan Tokugawa, serait adopté et nommé chef de la famille Tokugawa[11]. Le château d'Edo capitula devant les armées impériales[12] et la ville échappa de justesse à une guerre ouverte.
Cette capitulation rendit caduque le plan établi avec l'aide de l'ambassadeur français Léon Roches pour stopper l'avancée des troupes impériales à Odawara, dernier point stratégique avant Edo. Choqué, Léon Roches quitta son poste auprès du shogun. Sous l'influence du ministre britannique Harry Parkes, les nations étrangères signèrent un traité de neutralité, s'engageant à ne pas intervenir et à n'envoyer d'armes et de munitions à aucun des deux camps.
Avec son jeune chef de famille Kamenosuke, Yoshinobu partit pour Sunpu (駿府), là où le fondateur même du shogunat Tokugawa, Tokugawa Ieyasu, s'était lui-même retiré des siècles auparavant.
Aspects militaires |
Après la bataille de Toba-Fushimi, Takamori Saigō conduisit les troupes impériales à travers le Sud d'Honshū, gagnant la bataille de Kōshū-Katsunuma. Edo se rendit en mai 1868. Certains groupes des environs de la capitale continuèrent à résister mais furent défaits à la bataille d'Ueno. Le commandant de la marine shogunale, Takeaki Enomoto, refusa de se rendre et partit avec sa flotte (huit navires de guerres et deux mille hommes) vers le nord dans l'espoir de pouvoir tenter plus tard une contre-attaque. Il fut accompagné par une poignée de militaires français dont Jules Brunet qui venait de quitter l'armée française pour combattre aux côtés des rebelles.
Résistance dans le Nord |
Après la défaite des troupes de Yoshinobu Tokugawa, la réclusion forcée de celui-ci et la confiscation de ses terres, la plus grande partie du Japon accepte le pouvoir de l'empereur. Mais dans le Nord de l'île de Honshū, plusieurs daimyos avec à leur tête celui du clan Aizu forment une coalition pour combattre les troupes impériales. Cette coalition disposait d'une armée de cinquante mille soldats. Officiellement, la tête de la coalition était Yoshihisa Kitashirakawa, qui fut surnommé « empereur Tobu ».
La flotte de Takeaki Enomoto arriva à Sendai, le fief du clan Aizu, le 26 août. Les troupes de la coalition, bien que nombreuses, étaient très mal équipées. L'armement moderne y était très rare si bien que l'on alla jusqu'à construire des canons en bois renforcés par des cordes pour tirer des grosses pierres. Ces canons ne pouvaient tirer que quatre ou cinq projectiles avant d'être brûlés. De son côté, le daimyo de Nagaoka se procura des armes à feu françaises (2 000) et allemandes.
En mai 1868, le daimyo de Nagaoka infligea de lourdes pertes aux troupes impériales lors de la bataille de Hokuetsu mais son château fut détruit et la progression des troupes impériales vers le nord continua en infligeant au passage une défaite au Shinsengumi à la bataille de la passe de Bonari. Après cette victoire, les troupes impériales se lancèrent à l'assaut du château d'Aizuwakamatsu (bataille d'Aizu). Les troupes impériales furent encore une fois victorieuses et en 1868, Sendai devint intenable pour les troupes shogunales. La flotte d'Enomoto quitta donc Sendai pour Hokkaidō. Le 26 octobre toute l'île de Honshū était contrôlée par l'empereur. L'ère Meiji commençait.
Campagne d'Hokkaidō |
À la suite de sa défaite à Honshū, Takeaki Enomoto partit vers Hokkaidō avec les restes de sa flotte et avec quelques militaires français. Ensemble ils organisèrent un gouvernement avec l'objectif d'établir une nation indépendante sur cette île : la République indépendante d'Ezo. Enomoto proposa aux partisans de l'empereur de donner Hokkaidō au shogun et de placer le shogun comme vassal de l'empereur, mais cette proposition fut déclinée.
Durant l'hiver, la république fortifia son système défensif qui était verrouillé par la forteresse Goryōkaku à Hakodate.
La marine impériale japonaise arriva au port de Miyako le 20 mars mais s'attendant à cette arrivée, les troupes d'Ezo préparèrent un plan : une attaque surprise qui eut pour effet d'endommager trois navires de guerre. Néanmoins, les forces impériales furent victorieuses peu après lors de la double bataille, navale et terrestre, d'Hakodate, qui mit fin à la guerre, Takeaki Enomoto acceptant de se rendre et faisant sa soumission à l'empereur le 18 mai 1869.
Batailles |
- Bataille de Toba-Fushimi
- Bataille d'Awa
- Chute du château d'Osaka
- Bataille de Kōshū-Katsunuma
- Bataille du château d'Utsunomiya
- Bataille d'Ueno
- Chute d'Edo
- Bataille de Hokuetsu
- Bataille de la passe de Bonari
- Bataille d'Aizu
- Bataille de Noheji
- Bataille de la baie de Miyako
- Bataille de Hakodate
- Bataille de la baie de Hakodate
Culture populaire |
Cette guerre est un épisode souvent oublié de l'histoire du Japon puisque l'on considère que la révolution Meiji fut une révolution sans violence[réf. nécessaire].
Cependant cette guerre est maintenant plus connue puisque certains aspects du conflit et notamment ses conséquences (rébellions) ont été illustrés dans le jeu vidéo Total War: Shogun 2 - La Fin des samouraïs et dans le manga yaoï Fuyu no Semi de Yūka Nitta. Mentionnons aussi la série animée Bakumatsu Kikansetsu Irohanihoheto qui se déroule durant cette période et traite des événements les plus importants de cette guerre sous couvert d'un récit fantastique de traque d'un esprit démoniaque (Hasha no kubi : la tête du Conquérant). Enfin, au cinéma, Jules Brunet a largement inspiré le personnage de Nathan Algren interprété par Tom Cruise dans le film Le Dernier Samouraï (2003) d’Edward Zwick[13].
Voir aussi |
Sources |
- Louis Frédéric, Le Japon : Dictionnaire et civilisation, Éditions Robert Laffont, Collection Bouquins, 1999, 1470 p. (ISBN 2-221-06764-9).
- Collectif, Dictionnaire historique du Japon, Éditions Maisonneuve et Larose, Collection Monde Asiatique, 2002, 2993 p. (ISBN 2-7068-1633-3).
- Wikipédia anglophone.
Articles connexes |
Harry Smith Parkes, ambassadeur britannique
Keisuke Otori, personnage important des forces shogunales- Ishin Shishi
- Sutezō Nishimura
Notes et références |
Beasley, The History of Modern Japan, p. 96.
Takano, p. 256.
Yamakawa, Aizu Boshin Senshi, p. 7 à 9.
Beasley, p. 97.
Beasley, p. 97 ; Yamakawa, Aizu Boshin Senshi, p. 148 à 151.
Voir ci-dessus.
Totman, p. 416 ; pour une copie de l'original, voir Yamakawa, p. 89 et 90.
Totman, p. 417.
Sasaki, p. 23 et 24 ; Bolitho, p. 240 à 242.
Kobiyama, p. 124.
Griffis, The Mikado: Institution and Person, p. 141.
Takano, p. 267.
D'après un article de Masterfight [lire en ligne].
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