Bob Dylan
Pour les articles homonymes, voir Dylan et Zimmerman.
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Surnom | Elston Gunnn[1], Blind Boy Grunt[2], Zimbo[3], Zimmy[4], Lucky Wilbury, Boo Wilbury, Elmer Johnson, Sergei Petrov[5], Jack Frost[6], Jack Fate, Willow Scarlet, Bob Landy[2], Robert Milkwood Thomas[2] et enfin Tedham Porterhouse |
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Nom de naissance | Robert Allen Zimmerman |
Naissance | 24 mai 1941 Duluth (État du Minnesota - États-Unis) |
Activité principale | Auteur-compositeur-interprète, musicien, peintre et poète |
Genre musical | folk, folk rock, Rock, blues, country et country rock |
Instruments | Guitare, harmonica, basse et piano |
Années actives | Depuis 1959 |
Labels | Columbia |
Site officiel | bobdylan.com |
Bob Dylan est le nom de scène principal de Robert Allen Zimmerman, auteur-compositeur-interprète, musicien, peintre et poète américain, né le 24 mai 1941 à Duluth, dans le Minnesota. Il est l'une des figures majeures de la musique populaire.
Ses œuvres les plus célèbres datent majoritairement des années 1960 ; à une époque, il fut chroniqueur informel des troubles américains, avec des chansons comme Like a Rolling Stone (élue plus grande chanson de tous les temps par le magazine Rolling Stone), Ballad of a Thin Man, All Along the Watchtower, Masters of War ou encore Gates of Eden. Certaines de ses chansons comme Blowin' in the Wind et The Times They Are a-Changin' sont devenues des hymnes anti-guerre, en particulier anti-guerre du Vietnam, et des mouvements civiques de l'époque[7]. L'un de ses albums studio, Modern Times, publié en 2006, est entré directement à la première place dans le classement Billboard 200[8] et a été nommé Album de l'année par le Rolling Stone.
Dans ses premières chansons, Dylan a abordé les questions sociales. Il faisait généralement appel à la contre-culture de l'époque. Tout en élargissant et en personnalisant les styles musicaux, il a mis l'accent sur de nombreuses traditions de la musique américaine, folk, country, blues, gospel, rock 'n' roll et rockabilly, ainsi qu’à la musique folk anglaise, écossaise et irlandaise. Depuis le début de sa carrière, dans les années 1960, Dylan a, par ses textes et par sa recherche de voies nouvelles (allant parfois même à l’encontre de son public), marqué la culture musicale contemporaine. En témoignent les nombreux artistes qui se réclament de son influence (David Bowie, Neil Young, Paul Simon, Jeff Buckley, Bruce Springsteen, Tom Waits, Elvis Costello, etc.) ou le vaste répertoire des chansons qu'il a composées, dans lequel puisent des musiciens de tous les horizons et de toutes les générations (Tom Waits, Elvis Presley, The Beatles, Mark Knopfler, Neil Young, U2, PJ Harvey, Syd Barrett, Guns N' Roses, Jimi Hendrix, etc.)
Les références dont s’inspire Bob Dylan pour faire évoluer son art, sont non seulement à rechercher du côté de musiciens américains légendaires, tels Hank Williams (country), Pete Seeger, Woody Guthrie (baladins syndicalistes)[ch 1] et Robert Johnson (l'un des fondateurs du Blues)[ch 2], mais aussi chez des écrivains de la Beat Generation, comme Jack Kerouac ou Allen Ginsberg. Il apprécie également Arthur Rimbaud, auquel il a été souvent comparé, et s’intéresse à des dramaturges, tel Bertolt Brecht.
Complexe, en constante évolution (il réinvente régulièrement chacun de ses standards), s'inscrivant dans différents registres, allant du rock agressif aux ballades, et proche des aspirations sociales et culturelles des époques qu’elle a traversées, l’œuvre de Bob Dylan, qui a contribué au rayonnement de la culture populaire américaine, est couronnée le 13 octobre 2016, quand il obtient le prix Nobel de littérature « pour avoir créé de nouvelles expressions poétiques dans la grande tradition de la chanson américaine »[9],[10],[11],[12].
Sommaire
1 Biographie
1.1 Origines
1.2 Hibbing
1.3 Débuts de carrière (1959-1961)
1.4 Bob Dylan (1962)
1.5 The Freewheelin' Bob Dylan (1963)
1.6 Engagement social
1.7 The Times They Are a-Changin' (1964)
1.8 Another Side of Bob Dylan (1964)
1.9 Première période rock (1964–1966)
1.10 Racines country (1966–1970)
1.11 Renaissances et déclins (1970–1978)
1.12 Période chrétienne (1979–1981)
1.13 Années 1980
1.14 Reprises folk et blues (1992–1995)
1.15 Renaissance sans fin (1997–2009)
1.16 Années 2010
1.17 Distinctions
2 Analyses
2.1 Passages au Festival Folk de Newport
2.2 Influence sur son époque
3 Vie privée
4 Discographie
5 Filmographie
5.1 Longs-métrages
5.2 Documentaires
5.3 Autres
6 Composition du groupe de scène depuis 2007
7 Peinture
7.1 Expositions de peintures
8 Notes et références
8.1 Bibliographie
9 Voir aussi
9.1 Travaux universitaires en français
9.2 Livres en français
9.3 Livres en anglais
9.4 Autres sources
9.5 Exposition consacrée à Bob Dylan
9.6 Articles connexes
9.7 Liens externes
Biographie |
Origines |
Les grands-parents de Robert Zimmerman, Juifs originaires d'Europe de l'Est, fuient les pogroms antisémites de la fin du XIXe et du début du XXe siècle[a 1]. Ben D. Stone, son grand-père maternel, s'installe à Hibbing, tandis que Zigman Zimmerman, qui a fui Odessa en 1907, s'installe à Duluth, ces deux villes étant situées dans le Minnesota. Beatrice Stone (1915-2000) et Abraham Zimmerman (1911-1968), deux de leurs enfants, se marient en 1934 et donnent naissance à Robert (Bob) le 24 mai 1941 loin des combats, loin de l'Europe « cimetière des Juifs »[d 1] (ce qui a fait dire plus tard à Dylan « Le monde volait en morceaux et déjà le chaos fichait son poing dans la figure des nouveaux venus »[ch 3]. Il reçoit le nom juif de Shabtai Zisel ben Avraham (שבתאי בן אברהם en hébreu)[13],[14],[15]. Celui-ci passe sa petite enfance à Duluth où Abraham occupe un bon emploi de salarié à la Standard Oil qui lui permet de subvenir aux besoins de sa famille[d 1], puis en 1947 déménage avec ses parents et David, son jeune frère, à Hibbing, ville natale de Beatty[c 1].
Dans son autobiographie[16], Dylan écrit que sa grand-mère maternelle portait le nom de Kirghiz, que la famille de celle-ci avait vécu à Trébizonde (Trabzon), sur la côte turque de la mer Noire ; bien qu'elle eût grandi dans le district de Kağızman, elle venait d'Istanbul. Son grand-père paternel était également originaire de Trébizonde.
Hibbing |
Hibbing est à l'époque une ville minière, réputée pour posséder la plus grande mine à ciel ouvert de fer du monde, d'environ 17 000 habitants, aux mœurs conservatrices et de tradition chrétienne, son père fréquentant le Rotary Club de la ville et une loge juive maçonnique : le B'nai B'rith[d 2]. Son père, Abraham, guéri de la poliomyélite qu'il a contractée à Duluth, ouvre un magasin d'électro-ménager.
Vers l’âge de 8 ou 9 ans, Robert s’initie au piano puis plus tard, à la guitare et à l’harmonica. Il se passionne tout d’abord pour la musique country de Hank Williams dont il répète les morceaux, et écoute les stations de radio qui diffusent du blues, tel que celui de Muddy Waters, Howlin' Wolf, John Lee Hooker ou Jimmy Reed[17]. Il est également influencé par Elvis Presley, Buddy Holly, Bill Haley et Little Richard, dont la gestuelle scénique et les attitudes anticonformistes fascinent les adolescents autant qu'elles scandalisent leurs aînés[18].
À l'école secondaire[19], l'adolescent intègre des petites formations musicales, telles que The Golden Chords, avec lesquelles il joue dans des fêtes et des talent contests. Il étend sa culture musicale en échangeant des disques de jazz et de rhythm and blues avec des amis partageant son goût pour la musique[c 2]. Il quitte l'école secondaire en 1959 avec son diplôme de fin d'études correspondant plus ou moins au baccalauréat français[d 3].
Débuts de carrière (1959-1961) |
En septembre 1959, alors âgé de 18 ans, Robert Zimmerman s’inscrit à l’université du Minnesota pour y suivre des cours de musicologie et s’installe à Dinkytown, le quartier étudiant dans la banlieue de Minneapolis, repaire de drogués et d'artistes influencés par le mouvement Beat. Peu assidu à des cours qu’il ne suit que quelques mois, il découvre le folk (Pete Seeger, Cisco Houston (en)), « des chansons qu’on tient toujours de quelqu’un »[20]. Il joue occasionnellement dans des cafés folk tels que The Scholar ou The Purple Onion pour 2 ou 3 dollars, c’est à cette époque qu’il commence à prendre le pseudonyme de Bob Dylan. L’origine de ce pseudonyme fut longtemps considérée comme une référence au poète gallois Dylan Thomas, que Robert Zimmerman connaissait[b 1], mais il s’agit en réalité de la déformation de son deuxième prénom Allen[20]. Au Chicago Daily News qui l'interrogeait en 1965 sur l'influence de Dylan Thomas sur le choix de son nom, il rétorquait : « Non, bon Dieu non. J'ai pris Dylan parce que j'ai un oncle qui s'appelle Dillion. J'ai modifié l'orthographe mais seulement parce que ça faisait mieux. J'ai lu des trucs de Dylan Thomas et ça ne ressemble pas aux miens »[21]. Le 9 août 1962, Dylan a fait légalement changer son nom auprès de la Cour suprême[b 2].
Dylan est un gamin aux allures de vagabond[non neutre]. Sa façon de jouer de la guitare est jugée presque convenable, sa voix trop monotone, trop rauque, pas assez juste, mais il séduit. Il apprend beaucoup et rapidement : en recherche continuelle de nouvelles chansons à apprendre, il profite de sa culture et des discothèques folk des parents de ses amis — à une époque où les disques folk sont rares et précieux[22]. Affabulant parfois (Dylan a prétendu être orphelin, originaire du Nouveau-Mexique)[b 3], Dylan acquiert progressivement toutes les caractéristiques d'un authentique chanteur folk. Il fait la connaissance de David Whittaker, étudiant de gauche avec qui il devient ami. Whittaker semble être l'auteur des photos du disque pirate Great White Wonder, en 1969[b 4], lequel lui fait découvrir Woody Guthrie, dont il dévore l’autobiographie, Bound for Glory. En décembre 1960, Dylan prend la route de New York pour y rencontrer son idole, malade de la chorée de Huntington, qui séjourne au Greystone Hospital, dans le New Jersey[b 5]. Après un séjour de quelques semaines à Chicago, Dylan arrive à New York où il fait très froid en cette fin de janvier 1961. Il se rend directement à Greenwich Village, un quartier bohème où cohabitent chanteurs, artistes et militants politiques ; le soir même, il joue au Café Wha?[b 6]. Il se rend au chevet de Woody Guthrie et, au fur et à mesure de ses visites, les deux hommes sympathisent. « Ce gosse a vraiment de la voix. Je ne sais pas s’il réussira par ses paroles, mais il sait chanter » dit Woody Guthrie[b 7]. Dylan fait la connaissance des Gleason, chez qui Guthrie passe ses week-ends, et dont l'appartement dans East Orange s’est peu à peu transformé en un lieu de créativité autour de Guthrie où se réunissent les plus grands noms de la scène folk, comme Cisco Houston (en), Jack Elliot, ou encore Pete Seeger. Ne dédaignant pas l’hospitalité des Gleason, chez qui il utilise l'immense bibliothèque et ouvre ainsi son esprit aux classiques de la littérature mondiale[d 4], Dylan étudie et répète les enregistrements de Guthrie que ceux-ci possèdent[b 8].
Arrivé à New York depuis peu, Dylan n'a donc pas tardé à nouer des relations, mais, considéré comme trop marginal par les propriétaires de café, il peine à se faire engager « Man there said « Come back some other day, / You sound like a hillbilly / We want folk singer here » »[23]. Cependant, en avril 1961, il joue devant la société de musique folk de l’université de New York, au Loeb Student Center[b 9]. À cette occasion, Dylan rencontre Susan Rotolo, âgée de 17 ans[24]. Dessinatrice, peintre, Suze ne représente pas le stéréotype de l’admiratrice inconditionnelle. Son implication dans les mouvements étudiants, sa connaissance de Brecht, de Rimbaud, de Villon transforment un Dylan légèrement anachronique, jouant volontiers l'ignorance, en un auteur.
Lors de soirées pour débutants (des hoots, ou hootnanny) d’un club célèbre du Village, le Gerde's Folk City, Dylan est repéré par son directeur Mike Porco, qui l'engage pour deux semaines, sur les conseils de Robert Shelton, critique musical au New York Times : le 11 avril 1961 est le premier engagement d'importance pour Dylan (deux semaines), où il joue en première partie de John Lee Hooker, un guitariste « incroyable », encore peu connu du grand public[b 10]. Dylan dira par la suite « Comme je n'avais pas l'âge requis, Mike s'est porté garant de moi auprès de deux syndicats. C'est devenu le père - le père Sicilien qui me manquait »[d 4]. Lorsque Mike Porco reprogramme Dylan le 26 septembre, Robert Shelton est présent et publie trois jours plus tard un article élogieux sur « un nouveau styliste du folk »[25], qui renforce la notoriété naissante de Dylan.
Bob Dylan (1962) |
La Renaissance Folk ne se limite pas au seul Greenwich Village : à Cambridge, en Nouvelle-Angleterre, Joan Baez et Eric Von Schmidt enthousiasment également leur public, notamment à l’Unicorn et au Club 47. C’est dans ce dernier que Dylan fait la connaissance de Carolyn Hester, une chanteuse texane de folk, qui vient de signer avec Columbia Records. Carolyn est à la recherche d’un harmoniciste pour l’album auquel elle travaille, et propose la place à Dylan, qui accepte. Lors des séances d’enregistrement, Dylan joue à Carolyn un morceau qu’il a composé, Come Back Baby, qui séduit John H. Hammond, un des directeurs artistiques de Columbia. Au fur et à mesure des séances, Hammond prend conscience du talent de Dylan et, malgré les réticences de sa direction, lui fait signer un contrat : « J’ai vu ce gosse avec sa casquette qui jouait de l’harmonica — pas terrible d’ailleurs, mais j’ai tout de suite été séduit. Je lui ai demandé s’il savait chanter. S’il composait. S’il ne voulait pas enregistrer »[b 11]. En novembre 1961, Dylan enregistre les 15 chansons de son tour de chant dans les studios de la Columbia, joue d'une Gibson 1950, mais refuse de refaire les prises.
L’imprésario de Dylan, Albert Grossman (en), est un agent célèbre et controversé de New York : salué pour les succès auxquels il a participé[26], il est aussi critiqué pour ses objectifs essentiellement commerciaux, peu conciliables avec le discours contre la misère populaire que chantent les chanteurs folk. Grossman est également le cofondateur, avec George Wein, propriétaire d’un club folk à Boston, en 1959, du festival folk de Newport, et gère les carrières du Kingston Trio, d’Odetta et du trio folk Peter, Paul and Mary[b 12]. Cachant son intérêt à promouvoir la carrière de Dylan[27], Grossman incite Izzy Young, propriétaire du Folklore Center au Village à produire le premier concert de Dylan en tête d’affiche, au Carnegie Chapter Hall, le 4 novembre 1961[b 13].
En mars 1962 paraît le premier album de Dylan (Bob Dylan). Composé de reprises folk et blues, il contient également deux titres originaux : Talkin' New York et Song to Woody. Ce premier album, confiné au cénacle folk, se vend mal, à 5 000 exemplaires en un an, mais le contrat de Dylan, fermement défendu par Hammond et Johnny Cash, n'est pas rompu, comme cela fut envisagé au départ[b 14].
Depuis février 1962 paraît périodiquement Broadside Magazine, un magazine folk fondé par Agnes Cunningham à l’initiative de Pete Seeger. Des albums sont également produits par le magazine, The broadside Ballads, où Dylan apparaît sous le pseudonyme Blind Boy Grunt[28]. Dans ce magazine pour lequel écrivent régulièrement Gil Turner, Tom Paxton et Phil Ochs sont publiés les textes de chansons d’actualité, les topical songs. Dylan y écrit une douzaine de textes[29], souvent écrits dans l’instant[30], qui témoignent de la faculté incoercible de Dylan à composer sur tous les sujets, de l’inanité de la chasse aux communistes[31] au dégoût qu’il éprouve après l’exécution sommaire d’un noir âgé de 14 ans et la relaxe de ses assassins, blancs[32].
Porté par la puissance évocatrice de ses textes, Dylan devient la voix d’une génération excédée par les injustices et le conservatisme qui prévalent alors. Blowin' in the Wind, que Dylan compose en avril 1962, paraît dans le numéro six de Broadside. Reprise sur tous les campus et popularisée par le trio Peter, Paul and Mary, elle symbolise la dimension sociale et politique qu’est en train d’acquérir son jeune auteur[b 15]. Son succès commercial sans précédent doit beaucoup à l'activisme d'Albert Grossman, qui suscite d’innombrables reprises[33], commandées aux artistes du catalogue de la Warner — qui dispose, grâce à Grossman, des droits sur la chanson[34].
The Freewheelin' Bob Dylan (1963) |
Blowin' in the Wind est la première chanson de son deuxième album, The Freewheelin' Bob Dylan, qu’il commence à enregistrer en juin 1962. La chanson est constituée de trois strophes, chacune composée de trois vers. Chaque vers comprend une question, dont la réponse, toujours identique, constitue le refrain : « La réponse, mon ami, est soufflée par le vent. La réponse est soufflée par le vent[35]. »
Dylan compose de nombreuses chansons engagées telles que A Hard Rain's a-Gonna Fall, écrite pendant la crise des missiles de Cuba, Masters of War écrite pour
dénoncer le complexe militaro-industriel[36] et Oxford Town, écrite par Dylan à propos des évènements qui se sont déroulés à l’université du Mississippi, située près de la ville d'Oxford, où James Meredith, un vétéran de l’US Air Force, a été le premier noir à être admis. Mais il rompt également avec la tradition folk de son premier album avec des titres plus intimistes tels que Don't Think Twice, It's All Right, Girl from the North Country, et Bob Dylan's Dream, révélateurs de la mythologie et du sens de la poésie qui l'habitent[28].
Les sessions d'enregistrement et la production de l'album, plus longue que celle du premier, révèlent également l'animosité qui oppose John H. Hammond à Albert Grossman : celui-ci conteste tout d'abord la validité du contrat qui lie CBS à Dylan, mineur lorsqu'il le signa ; il s'oppose ensuite à Hammond sur la production de Mixed Up Confusion[37], accompagnée par un piano, une batterie, deux guitares et une basse. Le simple, qui comprend également Corrina, Corrina, ne concorde pas avec l'image de chanteur de folk de Dylan et est rapidement retiré de la vente[b 16].
Découvert par le réalisateur Philippe Saville à Greenwich Village, Dylan part pour Londres en décembre 1962 et participe à une pièce télévisée : Madhouse on Castle Street, diffusée le soir du 13 janvier 1963 à la BBC[38]. La pièce décrit l'histoire d'un jeune homme rebelle qui s'enferme dans une pension et refuse d'en sortir ; sa sœur et son voisinage tentent d'en découvrir la raison. Dylan est d'abord pressenti pour jouer le rôle principal, mais constatant le manque de naturel de Dylan lorsqu'il joue, Saville réécrit la pièce et attribue à Dylan un rôle de narrateur chantant[39]. Dylan interprète quatre chansons dont Blowin' in the Wind, dont c'est la première diffusion ; l'original de l'enregistrement fut détruit en 1968 et aucune copie n'a depuis été retrouvée[38].
Le 12 mai 1963, Dylan doit participer au Ed Sullivan Show, une émission accueillant tous les styles de musique et dont la diffusion est nationale ; elle est présentée par Ed Sullivan et produite par Bob Precht. Ceux-ci acceptent Talkin' John Birch Society Blues, que Dylan désire interpréter, mais Stove Phelps, conseiller à la programmation de CBS, la refuse : dans cette chanson moqueuse, les membres de la John Birch Society sont ridiculisés et sont associés à Hitler[40]. Phelps dit craindre un procès en diffamation, à la surprise de Ed Sullivan[41] : Hootenany, une autre émission télévisée avait accepté de diffuser une chanson du Chad Mitchell Trio, dont la cible était aussi la John Birch Society[28]. Dylan refuse alors d'interpréter une autre chanson, et s’en va, furieux[42]. La chanson, sous la pression des avocats de CBS, est également retirée de l'album The Freewheelin', sur lequel elle devait figurer[b 17].
Cet épisode ne marque pas l'arrêt des apparitions télévisées de Bob Dylan : en mai, Folk songs and more folk songs, une émission des Westinghouse Studios, est diffusée, présentée par John Henry Faulk ; y participent également les Brothers Four, Carolyn Hester (en), Barbara Dane et The Staple Singers. Dylan y interprète Blowin' in the Wind, Man of Constant Sorrow et Ballad of Hollis Brown[28].
Engagement social |
Le 10 mai 1963, à Greenwood, dans le Mississippi, Dylan chante lors d'un rassemblement organisé par le SNCC[43], pour inciter la population noire des États du Sud à s'inscrire sur les listes électorales[18]. Le 28 août 1963, Dylan, comme Joan Baez, Mahalia Jackson et d'autres, participe à la Marche sur Washington, où plus de 200 000 pacifistes se rassemblent pour dénoncer l'inégalité des droits civiques que subit la population noire. Après que les orateurs se soient succédé et que Martin Luther King eut prononcé son célèbre discours I have a dream, il interprète When the Ship Comes In et Only a Pawn in Their Game, tandis que Peter, Paul and Mary chantent Blowin' in the Wind[b 18]. Cet épisode illustre l'implication de Dylan et de nombreux autres artistes pour les droits civiques à cette période : par l'intermédiaire de Suze Rotolo, qui travaillait au CORE (le Congress of Racial Equality), et de Broadside[28],[18], il côtoie le milieu contestataire étudiant, qui milite pour les minorités, dans un contexte difficile[44]. De même, sa présence aux concerts de Joan Baez, leur relation amoureuse, contribuent à forger son image de héros de la contestation sociale, aux côtés de Joan. Surgissent cependant les signes de l'étroitesse et de l'inexactitude de cette image.
Le 13 décembre 1963, au cours d'un banquet de charité organisé par le Comité de Secours aux Libertés Civiques (Emergency Civil Liberties Committee, ECLC), Dylan reçoit le prix Tom Paine, qui récompense « une personnalité qui a symbolisé le juste combat pour la liberté et l'égalité »[45]. Grisé par l'alcool, il prononce un discours désastreux.
À l'occasion d'un profil réalisé par Nat Hentof pour le New Yorker, Dylan décrivit son impression : « Je suis tombé dans un piège quand j'ai accepté le prix Tom Paine […]. Dès que je m'y suis pointé, je me suis senti oppressé. […] Ça m'a vraiment pris à la gorge. Je me suis mis à boire. J'ai… vu un groupe de gens qui n'avaient rien à voir avec mon genre d'idées politiques. J'ai regardé le parterre et j'ai eu la trouille. […] On aurait dit qu'ils donnaient de leur argent parce qu'ils culpabilisaient[46]. » Dans cet article, Dylan dit également : « Je ne fais partie d'aucun mouvement. Sinon je ne pourrais rien faire d'autre que d'être dans le mouvement. Je ne peux pas voir des gens s'asseoir et fabriquer des règles pour moi. Je fais un tas de trucs qu'aucun mouvement n'autoriserait. »
Joan Baez, dont il s'éloigne en 1964, le décrit ainsi : « Pour on ne sait quelle raison, à mon avis, il veut se libérer de toute responsabilité. N'importe quelle responsabilité, concernant n'importe qui, me semble-t-il. S'en tirer tout juste avec ce que les autres ont à offrir[c 3]. »
The Times They Are a-Changin' (1964) |
C'est le 10 février 1964[47] que paraît The Times They Are a-Changin', l'album qui constitue le deuxième volet de ce qui est parfois appelé la « trilogie folk » de Bob Dylan.
Dans cet album, sur lequel Dylan a, pour la première fois, un contrôle total[c 4], il approfondit encore le registre de la topical song avec des chansons jaillies du contexte politique et social aux États-Unis : par exemple Only a Pawn in Their Game qui évoque le meurtre de Medgar Evers, leader de la National Association for the Advancement of Colored People pour le Mississippi au début de l'été 1963, The Lonesome Death of Hattie Carroll, inspirée par un fait divers de la banlieue de Baltimore, où un homme « de la bonne société » tua une domestique en lui assénant un coup de canne[c 5].
Surtout, l'album contient The Times They Are a-Changin' qui, deux ans après Blowin' in the Wind devient le nouvel hymne de la jeunesse. Cette chanson résume l'humeur des années 1960, dans laquelle une voix prophétique annonce un monde en pleine mutation, où journalistes, critiques, hommes politiques ne doivent pas barrer la route aux eaux montantes du changement[b 19].
Cependant, The Times They Are a-Changin' révèle une évolution sensible chez son auteur : tout d'abord au dos de la pochette et dans un encart sont imprimés 11 Outlined Epitaphs, « 11 épitaphes esquissées », qui constituent la première publication de poésie de Dylan[48], et où, subjectivement, il parle plus librement de lui-même. Des allusions à la route, à la fuite y sont également récurrentes. Ces poèmes seront republiés plus tard dans Writings and Drawings et seront également le support d'une biographie de Dylan : Bob Dylan, Epitaphs 11.
D'autre part, sont incluses dans l'album des chansons comme One Too Many Mornings ou Boots of Spanish Leather, où Dylan exprime des sentiments sur les femmes, l'amour, l'amitié, que les ballades folk traditionnelles ne savent pas exprimer[b 20].
Son public, aussi, change : à un public d'amoureux de musique folk, calmes, aux mœurs vestimentaires sobres succède un public pop, jeune, enthousiaste, exubérant[c 6]. C'est aussi ce que remarque Terri Van Ronk, qui s'occupe de la toute jeune carrière de Dylan[b 21], à l'occasion d'un concert au Carnegie Hall le 26 octobre 1963, devant 3 000 spectateurs : « C'était très étonnant. Comme un avant-goût de la Beatlemania. La première grande ascension de Bobby était déjà là, dans ce concert de Carnegie Hall. Quand ce fut fini, nous nous retrouvâmes tous dans les coulisses, et ils cherchaient la ruse pour échapper à l'assaut des jeunes filles qui hurlaient au dehors[49]. »
Another Side of Bob Dylan (1964) |
En février 1964, Dylan part donner plusieurs concerts à travers l'Amérique pour tester ces nouvelles interprétations. Après le concert folk de Monterey en Californie fin mai, il s'envole pour une tournée au Royaume-Uni et un concert grandiose au Royal Festival Hall[d 5]. Après Londres il fait un bref détour par la France où il avoue avoir dédié sa première chanson à Brigitte Bardot, il est également un admirateur de Françoise Hardy[d 6].
L'album suivant, Another Side of Bob Dylan, enregistré en un jour, en juin, paraît le 8 août 1964. C'est un album dans la continuité de Freewheelin', qui reste fidèle à l’idiome folk (guitare et harmonica), mais il n'y a plus de chanson protestataire. Ici aussi, des poèmes accompagnent l'album[c 7].
Les thèmes centraux de cet album sont l'amour, la liberté individuelle, les rapports humains. Dylan y aborde également un autre thème d'importance : la futilité de l'engagement, comme l'évoque My Back Pages. Dylan s'y moque de lui-même, de sa vision manichéenne, et juge que les vieux discours et autres symboles ne sont que futilités et mensonges (« Ah j'étais si vieux alors / Je suis plus jeune que ça maintenant »).
Dylan participe ainsi à la création d'un climat culturel qui allait permettre aux artistes, aux groupes de rock de faire partager leur vision poétique, de dépasser les limites de la chanson d'alors[b 22]. Lors de l'enregistrement en studio de l'album, Dylan confie à Nat Hentoff, journaliste au New Yorker : « Il n'y aura pas de chanson protestataire dans cet album. Ces chansons, je les avais faites parce que je ne voyais personne faire ce genre de choses. Maintenant beaucoup de gens font des chansons de protestation, pointant du doigt ce qui ne va pas. Je ne veux plus écrire pour les gens, être un porte-parole. […] Je veux que mes textes viennent de l'intérieur de moi-même[50]. »
L'album est mal accueilli par la critique et par le milieu folk, lui reprochant notamment son excès de subjectivité, son manque d'esthétisme. Un journal le critique : « Mais Bob / Il a deux problèmes / des petits / la langue qu'il écrit / est pas de l'anglais / la mesure qu'il bat / est pas de la chanson / et c't'espèce d'/ intellectualisme inverti / fait rien que / me barber à mort[c 8]. »
Première période rock (1964–1966) |
Le 28 août 1964, Dylan rencontre pour la première fois les Beatles à leur hôtel à New York, lors de leur tournée américaine. Au-delà de l'initiation[51],[52] ou non[53] à la marijuana des seconds par le premier, cette rencontre est le symbole de leur influence réciproque au cours des années 1960 : alors qu'au début de 1964 Dylan avait observé avec attention l'ascension des Beatles[54], ceux-ci étaient sensibles « aux paroles et à l'attitude […] incroyablement originales et géniales » de Dylan[55]. En 1965, lors de la tournée anglaise de Dylan, les Beatles affichent ostensiblement leur attirance, comme le titre l'article de Ray Coleman dans le journal Melody Maker du 9 janvier : Les Beatles disent : Dylan montre la voie[c 9].
L’avenir est dans les instruments électriques. En 1965, il engage le guitariste montant de l’époque, Mike Bloomfield, le « Clapton américain » et enregistre un nouvel album, mi-acoustique, mi-électrique, Bringing It All Back Home. Son public folk ne suit pas et boude l’album, pourtant encore assez proche des précédents, même sur les titres avec instruments électriques. L'album est classé numéro un au Royaume-Uni alors qu'il n'atteint que la sixième place dans les charts américains. Trois mois plus tard, paraît Highway 61 Revisited. Entièrement électrique, l’album s'appuie sur un rock basique, très incisif. Là où les morceaux de l’album précédent n’étaient souvent que du folk « électrifié », ceux-ci laissent libre cours aux guitares rageuses et aux orgues tortueuses. Les paroles, abstraites et imagées, se démarquent également de la sobriété folk. Les admirateurs du chanteur sont perplexes : Bob Dylan est pour eux la perpétuation d'une tradition solidement ancrée, entre musique américaine des origines et engagement social, et le rock une musique commerciale, dansante et vulgaire. Dylan, soutenu par un petit groupe de garage rock, The Hawks, qui deviendra plus tard The Band, part en tournée qui est, à l’époque, la plus longue jamais entreprise. Dylan joue ses nouvelles chansons partout dans le monde, et il est hué, notamment à Manchester le 17 mai 1966. Le divorce est consommé : Dylan ne sera jamais là où on l'attend. Au milieu de cette tournée éprouvante, où le groupe joue plus fort que n’importe qui avant eux[56], Dylan enregistre le dernier volet de « la trilogie électrique » : Blonde on Blonde.
Enregistré en deux semaines de studio pendant lesquelles Dylan écrit souvent les paroles quelques minutes avant le début de la session, Blonde on Blonde, premier double album de l’histoire du rock, est un étrange moment de calme au milieu de la fureur de cette époque. Voix et musique s’y fondent pour nous raconter toutes les dernières expériences de Dylan, vécues et rêvées, dans une ode à l’amour sous toutes ses formes, de la mère à la prostituée, en passant par l’amour illusoire que donne la drogue. Dylan est au sommet du monde, vibrant intérieurement de mille sensations étranges, et fait partager ses expériences dans cet album si surréaliste qu’il est difficile de le décrire. Un chef-d’œuvre hors du temps qui fait de Dylan la locomotive du rock and roll d'alors.
Le 24 juillet 1965, lors du Festival de folk de Newport, s'accompagnant habituellement avec une guitare acoustique et un harmonica, il fait irruption sur scène avec trois membres du Paul Butterfield Blues Band dont Mike Bloomfield à la lead guitar omniprésente[57], et du pianiste Barry Goldberg en attaquant Maggie's Farm. Le son est inouï (mais jugé lamentable, les techniciens d'alors étant inexpérimentés pour un groupe ainsi galvanisé par l'électricité). Malgré les critiques et les sifflets, Dylan continue avec It Takes a Lot to Laugh, It Takes a Train to Cry et Like a Rolling Stone. Il se fait de plus en plus huer, il quitte la scène et revient avec une guitare sèche pour entonner It's All Over Now, Baby Blue puis à la demande du public Mr. Tambourine Man (comme l'an passé au même endroit). Ils ont fortement troublé les esprits, et déchaîné les critiques, mais conquis de nouveaux fans. Dès lors cette fusion du Rock'n'Roll et de la Protest Song va s'avérer universelle.
Le 22 novembre 1965, Dylan se marie secrètement avec Sara Lownds, mannequin de 25 ans[58],[a 2]. Certains amis de Dylan, dont Ramblin' Jack Elliott, disent que ce dernier niait qu'il était marié dans les conversations suivant immédiatement la cérémonie[b 23]. La journaliste Nora Ephron est la première à rendre la nouvelle publique, en février 1966, dans un article du New York Post intitulé « Hush! Bob Dylan is wed »[59].
Racines country (1966–1970) |
En juillet 1966, l'épopée rock and roll de Bob Dylan s’arrête plus brutalement encore qu’elle n'a commencé : la moto Triumph Bonneville du chanteur sort de la route, l’envoyant à l’hôpital, ce qui l’écarte des scènes pendant trois ans. Forcé au repos, Dylan rompt avec la vie remplie d'excès qu'il menait jusqu'alors, tandis que les rumeurs les plus folles circulent à son propos : on le croit mort[60], devenu fou, kidnappé par la CIA, entre autres. Sa longue retraite est l'occasion pour lui et ses amis du Band d'enregistrer des ébauches de chansons, qui sortiront dans les années 1970 sous le nom de The Basement Tapes (diffusées auparavant en circuit parallèle : l'un des tout premiers albums « pirates », double, the Great White Wonder, de 1969).
Ce n’est qu’en 1968 que Dylan réapparaît, avec John Wesley Harding, un album acoustique apaisé. Il montre un Dylan moins surréaliste et davantage intéressé par le passé de son pays et des histoires populaires nimbées d’un mystère irréel. Pour autant, les admirateurs ne se sont pas calmés : Dylan est encore leur meneur et ils attendent qu’il assume son rôle. Harcelé, le chanteur se réfugie à la campagne, puis prend anonymement un appartement à New York, mais rien n’y fait.
Ce vedettariat, dont il ne veut pas, est sans doute en partie à l’origine des deux albums suivants, où un Dylan à la voix parfois plus grave (ex: Lay Lady Lay sur Nashville Skyline) que celle si caractéristique qu'on lui connaissait, (parfois qualifiée de « nasillarde » à ses débuts[61], ou « d'enrouée » plus tradivement)[62]. Habillé façon cow-boy, il s'essaie à la musique country sentimentale ; et le double album Self Portrait, tout en ballades gentillettes et douces, consterne certains de ses admirateurs : leur « idole » semble abandonner la poésie de la contreculture pour devenir un tranquille père de famille, avec des préoccupations plus prosaïques. Nashville Skyline marque la rencontre de Dylan avec un autre monstre sacré de la chanson américaine, Johnny Cash. Les chansons I Threw It All Away, leur reprise de Girl from the North Country participent à la réussite de l'album. L'album Self Portrait, composé en majeure partie de reprises de titres folk et pop, est plus hétérogène. On y trouve une autre version de ce qui est l'un de ses grands succès : Like A Rolling Stone ; ainsi que son interprétation de Je t'appartiens (Let It Be Me), (composé par Gilbert Bécaud sur des paroles françaises de Pierre Delanoë).
Renaissances et déclins (1970–1978) |
Au début des années 1970, Dylan se consacre à sa vie de famille. Il sort un album très serein, d'une grande maturité New Morning, cela dans une palette de styles très variés (y compris une valse : Winterlude), laissant bonne place au piano en plus des guitares électriques. Plus Blues que jamais, avec des choeurs, et déjà un peu mystique (cf. Three Angels et Father of Night) ; avec une pointe d'humour (If Dogs Run Free) qu'on ne lui connaissait pas. The Man In Me sera repris par Joe Cocker.
Il participe au concert pour le Bangladesh qu'organise George Harrison, en août 1971, à New York. Premier concert de charité de l'histoire de la musique populaire, un disque et un film en seront tirés.
En 1973 il interprète le rôle du reporter Alias dans le western de Sam Peckinpah, Pat Garrett et Billy the Kid avec Kris Kristofferson, (une prestation cinématographique très attendue, mais au bout du compte ironiquement quasi-muette — bien que cruciale). Il en écrit la musique[63] : en grande partie instrumentale, cette bande originale contient le tube Knockin' on Heaven's Door. Son ami Roger McGuinn (des Byrds) y participe activement et le disque sort avec succès la même année.
Ce n’est qu'en 1974, après un album avec The Band (Planet Waves), que Dylan décide de repartir en tournée[64].
Il chante de manière plus agressive que jamais : il mord et crache les mots, joue sur leur sonorité, crie, la voix flexible, vigoureuse, sauvage et emportée[65]. La tournée, illustrée par l'album live Before the Flood, est suivie par un disque, Blood on the Tracks, où Dylan conte son divorce avec sa femme Sara (clairement évoqué dans Desire)[66]. Les chansons explorent toutes les facettes de la détresse amoureuse : l’apitoiement sur soi-même, la colère, les rechutes amoureuses, etc. Tout cela dans un style poétique et avec un tout nouveau son, synthèse entre l’ancien et le nouveau : acoustique habillée de batteries, de basses et de claviers. Le disque remporte un grand succès, qui ne suffit pas à sortir Dylan de sa dépression, mais ne lui enlève pas non plus le sens de la répartie : à une journaliste qui lui confie son enthousiasme, il rétorque qu’il ne voit vraiment pas comment on peut aimer éprouver des sentiments tels que ceux exprimés par Blood on the Tracks[67].
À l'automne de l'année suivante, le chanteur réunit ses vieux amis, parmi lesquels la chanteuse folk Joan Baez et les guitaristes Roger McGuinn et Mick Ronson, et entame une tournée qui se veut épique et bohème, dans un esprit hippie déjà un peu dépassé à l’époque : la Rolling Thunder Revue[68]. La caravane, forte de dizaines de fêtards et de musiciens, fait escale dans de petites salles, joue avec des musiciens de bar recrutés sur place, et un film est tourné (Renaldo et Clara)[69]. Toutefois, durant la seconde moitié de la tournée, au printemps 1976, l'enthousiasme a laissé place à une lassitude qui transparaît sur Hard Rain, enregistré et paru en 1976. Il faut attendre près de 30 ans pour qu'un témoignage live des concerts de l'automne 1975 soit publié, dans le cadre des Bootleg Series[70].
Entre les deux segments de la tournée, Dylan sort l'album Desire, résultat d'une collaboration avec le parolier Jacques Levy. Cette idée aboutit à des récits nimbés de mystère pleins de pyramides, de gangsters et de voyous, habillés par une orchestration très riche où le violon, tenu par Scarlet Rivera, musicienne rencontrée par hasard pendant la tournée, occupe une grande place. On y trouve également pour la première fois depuis plus de dix ans un chant de protestation : Hurricane, qui raconte le procès du boxeur Hurricane Carter emprisonné pour meurtre[71], et que Dylan est alors résolu à faire libérer. L'année 1977 sera principalement consacrée au montage de son film Renaldo et Clara qui sera mal compris par les critiques et le public. Après un premier montage d'une durée de quatre heures, Dylan le remonte, coupe, édite, pour aboutir à une version de deux heures. Il entreprend une nouvelle tournée mondiale au Japon avec une série de concerts qui seront publiés sur un double album Live at Budokan réservé dans un premier temps exclusivement au marché japonais avant que Columbia ne décide de le sortir mondialement. Au retour de sa tournée et avant de repartir pour sa première tournée européenne depuis 1966 Dylan enregistre en une quinzaine de jours dans son propre studio Rundown Studios de Santa Monica un nouvel album Street-Legal qui est publié en juin 1978.
Période chrétienne (1979–1981) |
En 1979, Dylan se convertit au christianisme et se met à écrire sobrement à propos de spiritualité, évoquant aussi sa relation avec Dieu[a 3]. Si le premier disque de cette période, Slow Train Coming, avec notamment Mark Knopfler à la guitare, et Tim Drummond à la basse, se révèle remarquablement singulier (novateur dans son œuvre), les suivants sont plus traditionnels : les textes et les arrangements sont souvent inspirés du Gospel, comme pour un retour aux sources, aux « roots » de cette musique qu'il a fait sienne. La production y est soignée, habillant notamment sa musique de chœurs et de cuivres, intenses, dans Saved, et Shot of Love. Dans ce dernier opus il rend hommage à Lenny Bruce (activiste américain notoire, inventeur du Stand-up). On y retrouve un Beatles (Ringo Starr), et un Rolling Stones (Ron Wood).
Ces albums, une fois de plus très discutés par les critiques, contiennent quelques perles comme Man Gave Names to All the Animals (premier Reggae de son répertoire, et immense succès commercial), ou Every Grain of Sand. Un tel souffle épique parcourt cette trilogie pleine de ferveur (démonstration vocale, « profession de foi » musicale quelle que soit la croyance intime adoptée parmi les divers cultes chrétiens), qu'elle perturbera un journaliste de Gala par exemple, qui dira que Slow Train Coming « est un petit bijou inspiré » et que « Saved et Shot of Love sont plus proches d’une extase habitée : litanies ecclésiastiques et textes liturgiques étouffés par les chœurs et des cuivres assourdissants. »[72]. Les paroles donnent des signes avant-coureurs des grands concerts de charité du milieu des années 80, le Live Aid et le Farm Aid auxquels il participera[73].
Le fait que Dylan soit ostensiblement devenu chrétien l'a éloigné de plusieurs disciples et collègues[74]. Peu de temps avant son assassinat, John Lennon enregistre Serve Yourself (sv) en réponse à la chanson Gotta Serve Somebody (en)[75]. (Ce titre a valu un Grammy Awards pour Dylan comme « Best Male Rock Vocal Performance » en 1979[76] ; ce qui n'est pas sans surprendre ceux qui ont toujours raillé sa diction...)
En 1981, quand la foi de Dylan fut révélée à l'opinion publique et abondamment commentée, Stephen Holden a écrit dans le New York Times que « ni son âge (il a 40 ans), ni sa conversion au christianisme très médiatisée n'ont modifié son tempérament essentiellement iconoclaste »[77].
Années 1980 |
En 1983, Dylan met fin à sa période « born-again » et enchaîne avec Infidels, dont les thèmes tournent autour de la spiritualité de manière plus nuancée que dans la trilogie précédente, incluant les sentiments amoureux, la sémantique rastafari (cf. le titre I & I), le judaïsme[citation nécessaire], et quelques reflexions sociétales (ex: Union Sundown). Il emprunte des voies plus concernées par l'actualité que par l'éternité. De son propre aveu[20], le chanteur a perdu quelque chose de son « feu sacré » : les chansons ne viennent plus avec la même facilité qu’avant, et son enthousiasme s'est érodé. Selon Michael Gray[78] les sessions, pour cet album produit à nouveau par Knopfler, ont abouti à plusieurs chansons notables que Dylan a laissées de côté par manque de jugement (en partie publiées plus tard dans les volumes Bootleg Series 1-3 Rare & Unreleased 1961-1991, et via le bootleg de 1983 Rough Cuts)[79].
À la fin de la décennie il s'associe avec le Grateful Dead pour une série de concerts[80] : un album reprend des morceaux joués en commun et le Grateful Dead inclut systématiquement par la suite plusieurs morceaux de Bob Dylan lors de chacun de ses concerts légendaires, proposant ainsi sa propre lecture de ces morceaux. Sur les conseils de Bono, le chanteur de U2, il enregistre ensuite, avec le producteur Daniel Lanois, l'album, Oh Mercy[81],[82]. En 1988 et 1989, Dylan fait partie du super groupe éphémère, les Traveling Wilburys pour deux albums, regroupant, sous des pseudonymes Dylan, George Harrison, Jeff Lynne, Tom Petty et Roy Orbison[83].
Reprises folk et blues (1992–1995) |
Alors que sa maison de disques commence à éditer des coffrets regroupant ses archives, Dylan débute la décennie 1990 avec les albums Good as I Been to You et World Gone Wrong, entièrement composés de reprises de vieux titres folk et blues[82]. On peut donc penser, au vu de la qualité de ce qu'a composé Bob Dylan par la suite, qu'il s'agit pour lui d'un nouveau départ.
Renaissance sans fin (1997–2009) |
Dylan enchaîne, depuis la fin des années 1980, les concerts sur les cinq continents. Ce Never Ending Tour (une appellation désapprouvée par Dylan) est l’occasion pour lui de revisiter ses standards en laissant la part belle à l’improvisation : son groupe change de morceaux tous les soirs, et ne rejoue quasiment jamais une chanson de la même façon d’un soir sur l’autre.
En 1997, Dylan s’associe à nouveau avec Daniel Lanois pour enregistrer Time Out of Mind, son premier album de compositions originales depuis sept ans. Peuplé de compositions habitées, Time Out of Mind est une chronique désespérée mais bien vivante de la vieillesse d’une vedette du rock. Dylan y pose un regard sans complaisance sur son âge, évitant au passage les clichés rock and roll.
En 2000, il obtient le prix Polar Music.
En septembre 2001 sort Love and Theft. Très bluesy et jazzy, dépouillé et proche du son de ses concerts, ce nouvel album est nettement plus enthousiaste que ses précédents. Il est suivi, en août 2006, de Modern Times, dont le titre fait référence au film de Charlie Chaplin. Il est généralement considéré comme le troisième volet d'une trilogie commencée avec Time Out of Mind, bien que Dylan lui-même considère que, si trilogie il doit y avoir, elle s'ouvre plutôt sur Love and Theft. Produit par Dylan et enregistré dans des conditions quasi live avec le groupe qui l'accompagne sur scène, Modern Times retrouve les accents de jazz, de ragtime, de bluegrass et de rockabilly de Love and Theft, dans une ambiance plus feutrée et glamour, qui fait référence à la période d'or des années 1930 : celle des postes à galène, de Bing Crosby et de Louis Armstrong. Pour accompagner la sortie de cet album, Dylan déclare dans le magazine Rolling Stone que rien de ce qui a été fait depuis les vingt dernières années n'a grâce à ses yeux.
D’autre part, alors que Martin Scorsese lui consacre le film documentaire No Direction Home, Dylan finalise la rédaction de la première partie de ses mémoires, Chroniques, Volume 1. Ce volume apporte une vision personnelle sur des périodes mal connues de sa vie, comme ses débuts à New York, ou l’enregistrement de Oh Mercy en 1989. La parution régulière des Bootleg Series, enregistrements pirates jadis introuvables, désormais remasterisés et officiels, lève le voile sur des enregistrements légendaires disponibles pour la première fois. Le huitième volume de cette « série », Tell Tale Signs: Rare and Unreleased 1989-2006, sort en octobre 2008.
En octobre 2007 sort la compilation Dylan 07, ainsi que le remix inclus de Most Likely You Go Your Way and I'll Go Mine par le DJ Mark Ronson. En décembre de la même année, le film de Todd Haynes I'm Not There s'inspire « des nombreuses vies » et chansons de Bob Dylan, qui est interprété par six acteurs et une actrice. Dylan obtient le prix Pulitzer de musique en avril 2008, « pour son profond impact sur la musique populaire et la culture américaine, à travers des compositions lyriques au pouvoir poétique extraordinaire », selon le jury[84]. Fin avril 2009, Dylan sort son trente-troisième album : Together Through Life, issu d'une collaboration avec le parolier du Grateful Dead Robert Hunter. En octobre de la même année paraît Christmas in the Heart, un album de reprises de chants de Noël dont les bénéfices sont intégralement reversés à diverses œuvres caritatives.
Années 2010 |
Une tournée européenne a lieu fin 2011 avec Mark Knopfler, avec qui il a enregistré Slow Train Coming. En mars 2012, le musicien et chanteur David Hidalgo, du groupe de rock mexicain Los Lobos (qui a déjà travaillé sur Together Through Life et Christmas in the Heart), annonce que Dylan travaille sur un nouvel album studio aux consonances mexicaines, dans les studios de Jackson Browne, à Los Angeles. L'album intitulé Tempest sort le 11 septembre 2012[85]. L'album est largement défendu sur scène au cours du Never Ending Tour de 2013 et 2014. 6 titres de Tempest constituent désormais presque systématiquement l'ossature des setlists du groupe.
Fin 2014, en rappel de presque toutes ses dates américaines, Dylan reprend le standard Stay With Me de Frank Sinatra. C'est un aperçu de ce qui constituera son trente sixième album studio, paru en 2016. C'est un Dylan extrêmement appliqué qui livre ces performances, certaines lui valant même, lors des dates finales de la tournée au Beacon Theater de New York, une ovation de plusieurs minutes. Un article de Rolling Stone souligne alors avec enthousiasme le retour d'une forme d'implication certaine dans les performances vocales du songwriter qui assure désormais un set efficace et rodé.
Shadows in the Night, le trente sixième album studio de Bob Dylan sort en février 2015. L'accueil critique de cet album de reprises est extrêmement positif ; la presse internationale salue la qualité d'interprétation de ces standards, enregistrés en condition live et la performance habitée de Dylan. En France, le mensuel Les Inrocks qualifie ainsi Shadows in the Night : « [...] Un album de ballades éternelles, dont la grâce incontestable doit beaucoup à ses musiciens. [...] Dylan n’a plus qu’à y poser sa voix, du coup adoucie et languide, de moins en moins astringente. » Y figure la reprise de Autumn Leaves, adaptation par Frank Sinatra du standard d'Yves Montand. Dans la foulée, le Never Ending Tour reprend, les setlists incluant en moyenne deux extraits de Shadows in the Night en milieu et fin de concert.
Le 2 mars 2015, le single The Night We Called It a Day se voit doté d'un clip, réalisé par Nash Edgerton. La vidéo, présentée en noir et blanc, reprend avec ironie les mécanismes de grands films noirs. Dylan y interprète un gangster. Le 20 mai 2015, à l'occasion de son ultime participation au célèbre Late Show, David Letterman invite Bob Dylan. C'est la première apparition télévisée de ce dernier depuis 1984, au sein de cette même émission. L'artiste y interprète le single The Night We Called It a Day, après avoir été présenté par Letterman comme « le plus grand chanteur et songwriter de l'époque moderne ».
Le 13 octobre 2016, le prix Nobel de littérature lui a été attribué « pour avoir créé de nouvelles expressions poétiques »[9]. Il a confessé au journal britannique The Telegraph, être très étonné. « C'est dur à croire ! », avait-il déclaré, brisant deux semaines de silence de manière assez lapidaire[86]. Il est le premier poète musicien à être récompensé par l'académie depuis la création du prix en 1901[10]. Mais le chanteur, toujours aussi réfractaire au star-system, tout en acceptant cette attribution s'en est tenu à l'écart : « Ce qui a le don d'agacer un membre éminent de l'Académie suédoise, qui a fustigé un comportement « arrogant » de la part de l'Américain »[87]. La secrétaire de l'Académie a déclaré[88] avoir renoncé à le joindre. « À l'heure actuelle, nous ne faisons rien. J'ai appelé et envoyé des courriers électroniques à son collaborateur le plus proche ». Elle reconnaissait avoir obtenu « des réponses très aimables » qui comblaient ce silence dans lequel s'était réfugié l'auteur ; avant qu'il annonce qu'il ne participerait pas à la Cérémonie de remise des prix, car « malheureusement il avait d'autres engagements »[86]. C'est finalement sa consœur Patti Smith qui s'est arrangée avec lui pour venir chercher la médaille le jour J. La poétesse a lu un message sincère du récompensé, avant d'interpréter avec émotions It's a Hard Rain That Gonna Fall devant l'honorable assemblée, et d'être chaleureusement applaudie[89]. « J'ai choisi A Hard Rain's A-Gonna Fall parce que c'est l'un de ses plus beaux morceaux. À sa maîtrise très rimbaldienne de la langue américaine, elle mêle une profonde compréhension des causes de la souffrance humaine, et au final de sa résilience », avait écrit en préambule Patti Smith sur sa page Facebook.
Il enregistre son discours d’acceptation du prix Nobel le 4 juin 2017 À Los Angeles.
Distinctions |
Commandeur de l'ordre des Arts et des Lettres (1990)
Grammy Award de l'album de l'année 1998 pour Time Out of Mind
Oscar de la meilleure chanson originale 2000 pour Things Have Changed, chanson tirée du film Wonder Boys
Officier de la Légion d'honneur (2013)[90]
Prix nobel de littérature 2016- En juin 2017, l'astéroïde de la ceinture principale (337044) Bobdylan est nommé en son honneur.
Analyses |
Passages au Festival Folk de Newport |
Le 3 août 2002, le retour de Bob Dylan au festival de folk de Newport fut l’occasion de s’interroger sur la rupture présumée entre lui et son public en 1965. La forte conspuation perceptible sur les bandes n’est pas anecdotique : elle ponctuera en effet les tournées américaines et européennes qui suivront, dès lors que Dylan est rejoint par son groupe
Révélée quatre ans plus tôt à ce même festival, Joan Baez est la tête d’affiche de l'édition 1963 et y introduit Dylan (chemise militaire kaki et blue-jeans délavés), précédé par sa renommée grandissante de chanteur protestataire. Après son tour de chant, il rejoint sur scène Peter, Paul and Mary, Joan Baez, Pete Seeger et The Freedom Singers, et la fête s’achève en chœur sur We shall Overcome. Le dimanche soir, Baez, qui chante With God on our side l’invite à la rejoindre sur scène et le festival se conclut sur le triomphe de Dylan, alors en communion totale avec son public[28].
En 1964, Dylan, par ses chansons, les concerts qu'il donne, est une célébrité du monde folk[91], tandis que les topical songs, que composent des artistes tels que Phil Ochs, Tom Paxton ou Buffy Sainte-Marie sont très populaires[28]. Dylan, qui fait trois apparitions cette année, chante cependant des chansons plus personnelles de Another Side, à paraître, telles que All I Really Want to Do, It Ain't Me Babe et To Ramona, ainsi que Mr. Tambourine Man (Bringing It All Back Home). Ses premiers fans le ressentent comme une trahison : Irwin Silber, le rédacteur en chef du magazine folk Sing Out! rédigea ainsi en novembre 1964 « une lettre ouverte à Dylan » où il manifeste son inquiétude à propos du « détachement », du « potentiel d'auto-destruction » de Dylan et de ses nouvelles chansons « centrées sur lui-même, sentimentales et cyniques »[92], tandis que Paul Wolfe, un auteur de Broadside, décrivit Dylan comme « un faussaire, un hypocrite et un manipulateur de son public »[28].
Le 25 juillet 1965, Dylan est la tête d’affiche du festival mais, à l’image de sa tenue vestimentaire (lunettes de soleil Wayfarer et blouson de cuir), les choses ont changé. Pour lui d’abord : en mars est paru Bringing It All Back Home, composé de morceaux acoustiques et d’autres plus rock. Mi-juillet, Dylan vient d’enregistrer Like a Rolling Stone, qu’il compte jouer au festival. Sur les ondes d’autre part : alors que les Beatles monopolisent le Top Ten, la reprise pop de Mr. Tambourine Man des Byrds marque les esprits. Au Royaume-Uni, parallèlement à la Beatlemania, le rock renaît grâce à la redécouverte du blues.
À l’atelier blues de ce festival est également présent The Paul Butterfield Blues Band, un groupe de blues urbain, avec amplis et guitares électriques, qui connait le succès avec Born In Chicago, tiré de leur premier album The Paul Butterfield Blues Band. Outre le chanteur Paul Butterfield, le groupe se compose du guitariste Mike Bloomfield, du bassiste Jerome Arnold et du batteur Sam Lay. Renforcés par le pianiste Barry Goldberg et l’organiste Al Kooper, Dylan et les musiciens du Paul Butterfield Blues Band répètent toute la nuit un nombre limité de chansons : Maggie’s Farm, Like a Rolling Stone et Phantom Engineer[93] ». Le lendemain, ils jouent ces trois morceaux et les transitions entre chacun sont accompagnées d’un brouhaha indescriptible[94]. Sur la demande du présentateur Peter Yarrow, de Peter, Paul And Mary, Dylan revient accompagné d’une guitare acoustique et interprète deux de ses succès : It’s All Over Now Baby Blue et Mr Tambourine Man[95].
De cet événement, relaté par Robert Shelton, naquit la légende de Dylan délaissant le folk pour le rock, indifférent à l’indignation et à l’amertume de son public[96], tandis qu’en coulisse, les bruits les plus fous circulaient (la rumeur prétendit que le chanteur Peter Seeger, furieux, chercha une hache pour couper les câbles du micro, ce qu’il démentit[95], ainsi que l'organisateur[97]). Cependant, des arguments viennent contredire cette interprétation, notamment ceux avancés par Bruce Jackson, un des organisateurs du festival, qui a étudié les enregistrements qu’il avait conservés[95]. Jackson argue tout d’abord que la première personne sifflée ne fut pas Dylan, mais Peter Yarrow, chargé de l'annoncer et dont les phrases entrecoupées par de longs silences agaçaient un public impatient. D’autre part, les applaudissements sont nourris quand Dylan apparaît, alors que les instruments électriques sont déjà installés et visibles sur la scène. Par ailleurs, quand le groupe joue, la voix de Dylan est noyée sous le volume de l’instrumentation, en raison d’une balance des sons trop hâtive. Jackson avance également que bien que Dylan soit la tête d’affiche du festival, il ne joue que quinze minutes, alors que d’autres sont restés sur scène 45 minutes. Une partie du public aurait réagi à ce passage trop court[95]. Mais ce passage si bref constitue, pour plusieurs historiens, la bataille d'Hernani de la musique populaire, et l'irruption sur la scène musicale de la contre-culture des années 1960. En mariant la puissance du rock à l'introspection du poète, Bob Dylan ouvre la voie à une vague d'auteurs-compositeurs, Neil Young, Leonard Cohen, Bruce Springsteen, mais aussi les Beatles et d'autres[95].
Influence sur son époque |
Le festival de Newport de 1965, mais aussi l’album Highway 61 Revisited, la tournée européenne de 1966, et les sessions musicales dans une bâtisse de Woodstock (Big Pink) en août 1967, ont marqué durablement l’histoire de la musique américaine. De cette « année où Bob Dylan a disjoncté »[98], vécue par une partie de son public comme une rupture, voire une trahison, est sortie une musique qui s'est révélée, avec le recul, une des premières synthèses de la country, du folk, du blues, du rock et de la soul. Bob Dylan, et le groupe The Band, ont contribué à faire rentrer la musique populaire américaine dans l'ère moderne[99].
Dès ses débuts en 1961, Dylan fait également parler de lui dans les milieux folk américains en adoptant une manière de chanter très expressive loin des standards de la chanson. Dylan a en réalité recherché davantage l'expressivité que la beauté classique. Il a considérablement expérimenté l'usage des dissonances, se faisant ainsi l’héritier direct des bluesmen des années 1930, tel Howlin' Wolf. Il a joué de sa voix et l’a fait évoluer, tout en lui gardant un timbre si particulier[e 1],[100].
Mais un autre domaine dans lequel Dylan a frappé les esprits est celui des textes : dès son deuxième album (le premier étant presque entièrement composé de reprises, comme cela se pratiquait très couramment à l’époque), il a incarné une nouvelle manière d’envisager l'écriture de chansons. Inspirés par la littérature, la poésie surréaliste, mais aussi les « folksongs » réalistes de la grande tradition américaine, ses textes dessinent un univers intérieur d’une grande richesse. Dès le début, le thème principal de l’œuvre de Dylan est son expérience personnelle du monde, sa vision des choses, qu’elle soit réelle ou fantasmée. Le surréalisme et les images qui imprègnent la plupart de ses textes, même les plus simples, atteignent leur apogée en 1965 et 1966 lorsque Dylan délaisse le folk pour le rock 'n' roll. Les textes de cette époque ne cherchent pas à avoir un sens figé, mais à décrire des impressions et des sentiments au-delà des mots. Comme un tableau abstrait, ils peuvent acquérir un sens différent selon l’humeur de l’auditeur, tout en conservant une très forte identité. En cela, les mots de Dylan s’approchent de l’essence même de la musique, qui tire une partie de son pouvoir du fait qu’elle est le seul art à n’être aucunement figuratif, à une époque où la plupart des chansons populaires américaines, et particulièrement les chansons rock, parlaient encore de (més)aventures sentimentales et de voitures. Elles ont considérablement influencé l'ensemble des artistes pop de l’époque, y compris les Beatles[101].
Enfin, par son attitude envers son statut de vedette et de musicien, Dylan a remis en cause certaines conceptions du rôle des artistes dans la société. Adulé par le public folk et les milieux contestataires du début des années 1960, il refusa d’assumer ce rôle de musicien engagé, préférant inciter ses admirateurs, comme il l’exprime dans certains de ses textes (« Don't follow leaders / Watch the parkin' meters » - « Ne suis pas les meneurs / Observe les parcmètres », dès 1965)[102], à penser par eux-mêmes et à renoncer aux « prophètes » (auto-proclamés), de quelque bord qu’ils soient. Il a fui également toute position d'idole du public, rock ou autre. Il a refusé de se faire enfermer dans son passé, de se laisser muséifier[103].
Vie privée |
Le 22 novembre 1965, Dylan se marie à Wilmington, avec le mannequin américaine Sara Lownds (née Shirley Marlin Noznisky le 28 octobre 1939 dans le Delaware). Ce mariage reste secret jusqu'en février 1966 et la parution dans le New York Post d'un article de la journaliste Nora Ephron intitulé « Hush! Bob Dylan is wed ». Leur premier enfant, Jesse Dylan, naît le 6 janvier 1966, ils ont trois autres enfants : Anna Leigh (née le 11 juillet 1967 vit à Santa Monica), Samuel Isaac Abraham (né le 30 juillet 1968 est photographe), et Jakob Luke Dylan (né le 9 décembre 1969 à New York)[104]. Dylan a également adopté la fille de Sara d'un mariage antérieur, Maria Lownds (devenue Maria Dylan), (née le 21 octobre 1961 et actuellement mariée au musicien Peter Himmelman (en)). Depuis 1989 son fils Jakob est le chanteur principal et le parolier du groupe de rock de Los Angeles The Wallflowers. Jesse Dylan est un réalisateur et un homme d'affaires prospère. Bob Dylan et Sara divorcent le 29 juin 1977[105].
Bob Dylan a un cinquième enfant, Désirée Gabrielle (née le 30 janvier 1986 à Los Angeles)[104] de sa seconde épouse, la choriste Carolyn Dennis (en)[106] qu'il épouse le 4 juin 1986[107]. Ils divorcent en octobre 1992[a 4],[108].
Il aurait une autre fille prénommée Narette[104] née d'une relation avec Clydie King (née Clydie May Crittendon[109] le 21 août 1943 à Dallas au Texas). Clydie King fut la choriste de Bob Dylan pour Saved en 1980, Shot of Love en 1981, Infidels en 1983.
Discographie |
1962 : Bob Dylan
1963 : The Freewheelin' Bob Dylan (*)
1964 : The Times They Are a-Changin'
- 1964 : Another Side of Bob Dylan (*)
1965 : Bringing It All Back Home (*)- 1965 : Highway 61 Revisited (*)
1966 : Blonde on Blonde (*)
1967 : John Wesley Harding (*)
1969 : Nashville Skyline (*)
1970 : Self Portrait
- 1970 : New Morning
1973 : Pat Garrett and Billy the Kid
- 1973 : Dylan
1974 : Planet Waves (*)
1975 : Blood on the Tracks (*)- 1975 : The Basement Tapes (*)
1976 : Desire (*)
1978 : Street-Legal (*)
1979 : Slow Train Coming (*)
1980 : Saved
1981 : Shot of Love
1983 : Infidels (*)
1985 : Empire Burlesque
1986 : Knocked Out Loaded
1988 : Down in the Groove
1989 : Oh Mercy (*)
1990 : Under the Red Sky
1992 : Good as I Been to You
1993 : World Gone Wrong
1997 : Time Out of Mind
2001 : Love and Theft (*)
2006 : Modern Times
2009 : Together Through Life
- 2009 : Christmas in the Heart
2012 : Tempest
2015 : Shadows in the Night
2016 : Fallen Angels
2017 : Triplicate
(*) Albums ayant été remasterisés et réédités en version Super Audio CD.
Filmographie |
Longs-métrages |
1973 : Pat Garrett et Billy le Kid, de Sam Peckinpah : Alias
1978 : Renaldo et Clara, de Bob Dylan : Renaldo
2003 : Masked and Anonymous, de Larry Charles : Jack Fate (également co-scénariste)
Documentaires |
1967 : Festival, de Murray Lerner
1972 : Dont Look Back, de D.A. Pennebaker
1972 : George Harrison and Friends : The Concert for Bangladesh, de Saul Swimmer
1973 : Eat The Document, de D.A. Pennebaker
1978 : La Dernière Valse, de Martin Scorsese
1990 : Hearts of Fire, de Richard Marquand
2005 : No Direction Home, de Martin Scorsese
2007 : The Other Side of the Mirror: Bob Dylan Live at the Newport Folk Festival 1963–1965, de Murray Lerner
Autres |
2007 : I'm Not There de Todd Haynes, un film sur la vie de Bob Dylan
En 2008, il compose une chanson pour le film My Own Love Song d'Olivier Dahan.
Composition du groupe de scène depuis 2007 |
En 2007, le groupe de scène de Bob Dylan réunit les musiciens suivants[110] :
- Bob Dylan : voix, guitare, claviers, harmonica ;
Stu Kimball : guitare rythmique ;
Denny Freeman (en) : guitare lead (2007-2010) ;
Charlie Sexton : guitare lead (depuis 2010) ;
Donny Herron : guitare pedal steel, guitare lap steel, mandoline électrique, banjo, violon ;
Tony Garnier : basse, contrebasse ;
George Recile : batterie ;
Tommy Morrongiello : guitare rythmique (occasionnellement), technicien guitare.
Peinture |
Bob Dylan est aussi un peintre. Il commence à peindre en 1974, sous la direction du peintre Norman Raeben. Ses toiles les plus connues ont été peintes lors de périples successifs au Brésil, dont il donne une vision toute personnelle. Sans tomber dans la dénonciation sociale, il peint des figures originales de la société brésilienne, remarquables par leurs aspects démodés (tenues traditionnelles, danses folkloriques…), à rebours des canons contemporains de la mode et de la beauté. Il cherche avant tout à donner une image la plus vivante possible, et surtout la plus matérielle, comme pour le plat de pâtes mangé par le couple du tableau The eaters[111].
D'autres peintures, reprenant des croquis réalisés sur la route entre 1989 et 1992, ont été exposées en 2007 et 2014[112].
Expositions de peintures |
- 2010 : La peinture de Bob Dylan, L'intermède.com The Brazil Series, Statens Museum for Kunst (Copenhague)[113],[114], jusqu'au 30 janvier 2011.
- 2014 : Drawn Blank Series[112]
Notes et références |
(en) « Elston Gunnn », Expecting Rain.
(en) « Blind Boy Grunt », sur answers.com.
(en) Nigel Williamson, The Rough Guide to Bob Dylan, Rough Guides Ltd, 6 octobre 2004, 1re éd., 400 p. (ISBN 978-1843531395), p. 7.
(en) D. Kamp et S. Daly, The Rock Snob's Dictionary, 2005, p. 148.
(en) Dylan coécrit le film Masked and Anonymous sous le pseudonyme Sergei Petrov, Michael Gray, The Bob Dylan Encyclopedia, Continuum International Publishing, 8 juin 2006, 736 p. (ISBN 978-0826469335), p. 453.
(en) Dylan produit les albums Love and Theft and Modern Times sous le pseudonyme Jack Frost, Michael Gray, The Bob Dylan Encyclopedia, Continuum International Publishing, 8 juin 2006, 736 p. (ISBN 978-0826469335), p. 556.
(en) « Dylan 'reveals origin of anthem' », BBC News, 11 avril 2004.
(en) « Modern Times numéro un au Billboard 200 », Billboard, 16 septembre 2006.
Page du prix Nobel de littérature 2016..
« Bob Dylan, prix Nobel de littérature 2016 », Le Monde.fr, 13 octobre 2016(ISSN 1950-6244, lire en ligne).
Voir, (en) Sara Lyall. Dylan, Polite? It Ain't Him, Babe. The New York Times, December 9, 2016.
Voir, (en) Bob Dylan's Nobel Prize Acceptance Speech. The New York Times, December 10, 2016.
Sur les 10 chansons « juives » de Bob Dylan, voir (en) Seth Rogovoy. Bob Dylan's 10 Most Jewish Songs. The Forward, New York, October 1, 2012.
Voir, (en) Ilan Preskovsky. Bob Dylan's Jewish Oyssey. aish.com..
Voir, (en) Gabe Friedman. Nobel winner Bob Dylan's 5 most Jewish moments. The Times of Israel. October 13, 2016.
Chroniques, Volume 1 parue en 2004.
(en) Bob Dylan: The Rolling Stone Interview. The rock & roll poet reflects on life, love, politics and God - Kurt Loder, Rolling Stone, 21 juin 1984 [lire en ligne].
Anthony Scaduto (trad. Dashiell Hedayat, postface Hervé Muller), Bob Dylan, Paris, C. Bourgois, 1983, 509 p. (ISBN 978-2-2670-0350-5, OCLC 301541413).
The Hibbing High School.
Bob Dylan (trad. Jean-Luc Piningre), Chroniques, vol. 1, Paris, Fayard, 5 mai 2005, 316 p. (ISBN 978-2-2136-2340-5, OCLC 491269765).
(en) « Interview with Joseph Haas », Chicago Daily News, 27 novembre 1965 (Jonathan Cott, Bob Dylan: The Essential Interviews, p. 59).
Martin Scorsese ; No Direction Home ; Paramount Pictures (2005).
Talkin New York – Bob Dylan (1962).
Suze Rotolo apparait sur la pochette de l’album The Freewhelin’ Bob Dylan. Photographie : Don Hunstein.
(en) Bob Dylan: A Distinctive Stylist ; Robert Shelton ; The New York Times (29 septembre 1961), [lire en ligne].
Par exemple Tom Dooley, vieille chanson folk interprétée par The Kingston Trio.
Le contrat liant Grossman à Dylan est signé officiellement le 20 août 1962, et ne sera d'ailleurs connu que tardivement. Il sera rompu le 17 juillet 1970.
Robert Shelton, Bob Dylan sa vie et sa musique : Like a Rolling Stone.
Broadside Magazine - Wikipedia anglophone.
À rapprocher de la littérature de l’instant des auteurs de la Beat Generation.
Talkin' John Birch Society Blues - The Bootleg Series, Vol. 1.
The Death of Emmitt Till – non commercialisé.
Parmi les reprises de Blowing in the Wind dans les années 1960, on compte celles de The Hollies, Chet Atkins, Odetta, Dolly Parton, Judy Collins, The Kingston Trio, Marianne Faithfull, Jackie DeShannon, The Seekers, Sam Cooke, Etta James, Duke Ellington, Neil Young, The Doodletown Pipers, Marlene Dietrich, Bobby Darin, Bruce Springsteen, Elvis Presley, Sielun Veljet, Stevie Wonder, John Fogerty, Joan Baez….
Eric Scavennec, Al Grossman, un « spin doctor » de l’industrie du disque, Le Zinc, octobre 2012, http://zinc.ouvroir.info/spip.php?article50.
(en) The answer, my friend, is blowin' in the wind / The answer is blowin' in the wind.
1960-1970 : les 20 protest songs les plus marquantes.
« Albert […] eut l'idée lumineuse de faire enregistrer Bobby avec un orchestre de dixieland sur Mixed Up Confusion. C'était un vrai désastre. » - John H. Hammond (Anthony Scaduto, Bob Dylan, p. 222-223.
(en) www.BBC.co.uk Madhouse On Castle Street.
« Dans son rôle de clochard céleste, Dylan était intéressant, même s’il n’est pas permis de juger de sa manière de chanter sur un rôle dans une nullité aussi affligeante » - The Daily Mirror.
« Now we all agree with Hitlers' views / Although he killed six million Jews » - Talkin' John Birch Society Blues.
« Mais la John Birch Society… j'ai dit que je ne comprenais pas pourquoi elle jouissait d'une telle protection » – Ed Sullivan – The New York Post 14 mai 1963.
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le « Comité de coordination étudiant non violent », surnommé SNICK.
www.acontresens.com Les étudiants noirs entrent en lutte : le « Snick ».
Robert Shelton, Bob Dylan sa vie et sa musique : Like a Rolling Stone, p. 205.
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(en) The Crackin', Shakin' Breakin' Sounds, Nat Hentoff, 24/10/1964. (Jonathan Cott, Bob Dylan: The Essential Interview, p. 16).
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(en) Joint accounts, Cherri Gilham, The Observer, 10-09-2000.
« Leurs accords étaient vraiment extravagants. Seuls des musiciens ensemble pouvaient faire ça. C'était évident. Ça m'a donné des idées. […] Dans ma tête, les Beatles étaient des génies. J'avais l'impression qu'il y aurait un avant et un après Beatles. », Dylan : Portraits et témoignages, p. 46.
George Harrison, ibid.
« les deux choses les plus bruyantes qu’il m’ait été donné d’entendre, c’est un train de marchandises en train de dérailler et Bob Dylan avec le Band » - Marlon Brando (voir François Ducray, Philippe Manœuvre, Hervé Muller, Jacques Vassal, Dylan, Albin Michel, 30/06/1978 (ISBN 2226001271).
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Bibliographie |
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p. 181-182.
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p. 191.
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p. 267.
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p. 26-28.
p. 100.
p. 190.
p. 218.
p. 220-221.
p. 204, 226.
p. 226, 230.
p. 226.
p. 299.
Bob Dylan (trad. Jean-Luc Piningre), Chroniques, volume 1, éditions Fayard, 4 mai 2005, 316 p. (ISBN 978-2-2136-2340-5).
p. 243-246.
p. 281-288.
p. 36.
Julien Gautier, Bob Dylan, un génie en liberté, Publibook, 25 avril 2010, 162 p. (ISBN 978-2748352955).
p. 26.
p. 27.
p. 29.
p. 33.
p. 52.
p. 53.
(en) Greil Marcus, Bob Dylan: Writings 1968-2010, Faber & Faber, 2011.
p. XVIII-XX.
Voir aussi |
.mw-parser-output .autres-projets ul{margin:0;padding:0}.mw-parser-output .autres-projets li{list-style-type:none;list-style-image:none;margin:0.2em 0;text-indent:0;padding-left:24px;min-height:20px;text-align:left}.mw-parser-output .autres-projets .titre{text-align:center;margin:0.2em 0}.mw-parser-output .autres-projets li a{font-style:italic}
Travaux universitaires en français |
- Jean-Pierre Ancèle sous la direction de Laurette Veza, Bob Dylan, une voix américaine : étude thématique et stylistique des chansons de 1962 à 1978. Thèse de doctorat en études nord-américaines, Paris 3, 1982, 387 p.
- Pascal Bert, Dylan acteur-témoin d’une décennie de révolte, 1960-1970. Mémoire de fin d’études à l’IEP de Bordeaux, 1979, 142 p. + annexes.
- Baptiste Fabre, La figure du vagabond dans la littérature et la chanson populaire américaines à travers les œuvres de Jack London, Woody Guthrie, Jack Kerouac et Bob Dylan. Mémoire de recherche à l’IEP de Bordeaux, 2002, 109 p.
- Ebenezer Brouzakis sous la direction de Jean-Louis Genard, Chimes of Freedom : Au cœur de la contestation, quels liens entre Bob Dylan et la politique américaine des années 60 ? Analyse de morceaux choisis. Mémoire de licence en sciences politiques et relations internationales, Université libre de Bruxelles (Belgique), 2002, 90 p. + 20 p. de lyrics.
- Christophe Lebold sous la direction de Claire Maniez, Écritures, masques et voix : Pour une poétique des chansons de Leonard Cohen et Bob Dylan. Thèse de doctorat en langues vivantes, Université Marc Bloch, Strasbourg 2, 2004, 493 p.
Livres en français |
- Mark Blake et Mojo (trad. Isabelle Chelley et Jean-Pierre Sabouret, préf. Bono), Dylan : portraits & témoignages [« Dylan : visions, portraits and back pages »], Paris, Tournon, 2006, 288 p. (ISBN 978-2-3514-4017-9, OCLC 470709947)
François Bon, Bob Dylan : Une biographie, Albin Michel réédité chez Livre de poche en 2009 avec une postface inédite, 2007, 486 p. (ISBN 978-2-2261-7936-4)Tiré de cette biographie, un feuilleton radiophonique diffusé sur France Culture en 2007 puis février 2010.
- Jean-Paul Bourre, Bob Dylan, Vivre à plein, Cerf, coll. « L’histoire à vif », 1986, 150 p. (ISBN 2-204-02501-1)
- Dora Breitman, Demain j'ai rendez-vous avec Bob Dylan, Maurice Nadeau, 2012, 224 p. (ISBN 978-2-86231-225-5)
Luke Crampton, Dafydd Rees et Wellesley Marsh (trad. Alice Pétillot), Bob Dylan, Taschen France, coll. « Music Icons », 2009, 192 p. (ISBN 978-3836511261)Édition trilingue.
- Bob Dylan (trad. Dashiell Hedayat), Tarantula suivi de « Portrait de l’artiste en pop star », UGE 10-18, 1973, réédité en 1993, 186 p. (ISBN 2-264-00009-0)
Bob Dylan (trad. Daniel Bismuth), Tarantula, Hachette Littératures, 2001, 232 p. (ISBN 978-2-0123-5582-8)Texte intégral.
- Bob Dylan et Jonathan Cott (trad. Denis Griesmar), Dylan par Dylan : Interviews 1962-2004, Bartillat, 2007, 557 p. (ISBN 978-2841004171)
- François Ducray, Philippe Manœuvre, Hervé Muller et Jacques Vassal, Dylan, Paris, A. Michel, coll. « Rock & folk », 1975 (réimpr. mise à jour en 1978) (ISBN 978-2-2260-0127-6, OCLC 1503898)
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- Anthony Scaduto (trad. Dashiell Hedayat, postface Hervé Muller), Bob Dylan, Paris, C. Bourgois, 1983 (1re éd. [V.O. 1972]), 510 p. (ISBN 978-2-2670-0350-5, OCLC 301541413)
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Livres en anglais |
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(en) Bob Dylan, Bob Dylan Little Black Songbook, Wise Publications, coll. « Little Black Song Book », 2006, 176 p. (ISBN 978-1846094927).
(en) Andy Gill, Classic Bob Dylan: My Back Pages, Carlton Books, 1998, 144 p. (ISBN 978-1858684819).
(en) Michael Gray, The Bob Dylan Encyclopedia, Continuum International Publishing, 2006, 736 p. (ISBN 978-0-8264-6933-5).
(en) David Hajdu, Positively 4th Street: The Lives and Times of Joan Baez, Bob Dylan, Mimi Baez Farina, and Richard Farina, Bloomsbury, 2002, 336 p. (ISBN 978-0747558262).
(en) Clinton Heylin, Bob Dylan: Behind the Shades: 20th Anniversary Edition, Faber and Faber, 2011(ISBN 978-0-571-27240-2).
Autres sources |
Martin Scorsese, No Direction Home, Paramount Pictures (2005, 2 dvd)
(en) Bob Dylan: A Distinctive Stylist ; Robert Shelton ; The New York Times, 29 septembre 1961, [lire en ligne]
(en) Dylan goes electric – Robert Shelton, No Direction Home: The Life and Music of Bob Dylan, New York, 1986 [lire en ligne] (reproduction partielle)
(en) An Open Letter to Bob Dylan, Irwin Silber (en), Sing Out!, novembre 1964 [lire en ligne]
(en) Bjorner.com: Still On The Road: 2006 Us Summer Tour.
(en) Come Writers And Critics Tous les livres, magazines, fanzines… consacrés à Bob Dylan dans le monde.
(en) The Myth of Newport '65 – Bruce Jackson, 26 août 2002
(en) BBC.co.uk: Madhouse On Castle Street - Bob Dylan à Londres en décembre 1962
(en) Profiles: The Crackin’, Shakin’, Breakin’ Sounds – Nat Hentoff, The New Yorker, 24 octobre 1964
(en) Bobdylan.com - Peter Stone Brown on Dylan at Newport
(en) Bob Dylan: The Rolling Stone Interview. The rock & roll poet reflects on life, love, politics and God - Kurt Loder, Rolling Stone, 21 juin 1984
(fr) Traduction des textes de Bob Dylan en français
(fr) Al Grossman, un « spin doctor » de l’industrie du disque, Le Zinc, 10 octobre 2012
(fr) Dylan, naissance d'une icône, Le Zinc, 24 août 2011
(fr) Dylan s’électrifie – Bruno Lesprit, Le Monde, 24 août 2006
(fr) Bob Dylan, hors série n° 23 Les Inrocks, 2007, 100 p., avec 1 cd
(fr) Bob Dylan : À la poursuite d'une légende, hors série Le Monde, 2011, 124 p.
(fr) Bob Dylan, hors série n° 3 Rolling Stone, 2009
(fr) Dylan is Dylan, hors série Télérama, 2012, 100 p.
Exposition consacrée à Bob Dylan |
- 2012 : « Bob Dylan, l'explosion rock 61-66 », Paris, Cité de la musique, du 6 mars au 15 juillet 2012
Articles connexes |
- Woody Guthrie
- Joan Baez
- Traveling Wilburys
- The Band
- Mike Bloomfield
- Robert Shelton
Albert Grossman (en)
The Madhouse on Castle Street (en)
Liens externes |
- (en) Site officiel
(en) Bob Dylan sur l’Internet Movie Database
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