Joseph Staline
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Joseph Staline Иосиф Сталин იოსებ სტალინი | ||
Staline à la conférence de Téhéran, en 1943. | ||
Fonctions | ||
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Président du Conseil des ministres d'URSS | ||
19 mars 1946 – 5 mars 1953 (6 ans, 11 mois et 14 jours) | ||
Président | Nikolaï Chvernik | |
Prédécesseur | Poste créé | |
Successeur | Gueorgui Malenkov | |
Président du Conseil des commissaires du Peuple d'URSS | ||
6 mai 1941 – 15 mars 1946 (4 ans, 10 mois et 9 jours) | ||
Président | Mikhaïl Kalinine | |
Prédécesseur | Viatcheslav Molotov | |
Successeur | Poste supprimé | |
Secrétaire général du Comité central du Parti communiste de la RSFSR puis de l'URSS (bolchévik) | ||
3 avril 1922 – 16 octobre 1952 (30 ans, 6 mois et 13 jours) | ||
Prédécesseur | Poste créé | |
Successeur | Poste supprimé Nikita Khrouchtchev (indirectement) | |
Biographie | ||
Nom de naissance | Iosseb Bessarionis dse Djougachvili (géo) / Iossif Vissarionovitch Djougachvili (rus) | |
Surnom | Le Vojd Père des peuples | |
Date de naissance | 18 décembre 1878 | |
Lieu de naissance | Gori, Empire russe | |
Date de décès | 5 mars 1953(à 74 ans) | |
Lieu de décès | Moscou, RSFSR (URSS) | |
Nationalité | Russe (1878-1922) Soviétique (1922-1953) | |
Parti politique | POSDR (1898-1903) POSDR(b) (1903-1918) PCR(b) (1918-1925) PCP(b) (1925-1952) PCUS (1952-1953) | |
Père | Vissarion Djougachvili | |
Mère | Ekaterina Gueladzé | |
Conjoint | Ekaterina Svanidzé (1906-1907) Nadejda Allilouïeva (1919-1932) | |
Enfants | Iakov Djougachvili Vassili Djougachvili Svetlana Allilouïeva | |
Diplômé de | Séminaire de Tiflis | |
Religion | Néant (Athée) | |
Résidence | Kremlin | |
Présidents du Conseil des Ministres d'URSS Dirigeants du Parti communiste de l'Union soviétique | ||
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Joseph Staline[1], né le 18 décembre 1878[2] à Gori (Empire russe, actuelle Géorgie) et mort le 5 mars 1953 à Moscou, est un révolutionnaire bolchevik et homme d'État soviétique d'origine géorgienne. Il dirige l'Union des républiques socialistes soviétiques (URSS) à partir de la fin des années 1920 jusqu'à sa mort en établissant un régime de dictature personnelle absolue[3]. Les historiens le jugent responsable, à des degrés divers, de la mort de trois à plus de vingt millions de personnes[4].
Né Iossif Vissarionovitch Djougachvili, surnommé Sosso (diminutif de Iossef ou de Iosseb) pendant son enfance, il se fait ensuite appeler Koba (d'après un héros populaire géorgien) par ses amis proches et dans ses premières années de militantisme clandestin au sein du Parti ouvrier social-démocrate de Russie (POSDR), auquel il adhère en 1898. Il utilise ensuite le pseudonyme de Staline, formé sur le mot russe сталь (stal), qui signifie acier.
Acteur marginal de la révolution d’Octobre, il étend peu à peu son influence politique pendant la guerre civile russe, tissant des liens étroits avec la police politique, la Tcheka, et devenant, en 1922, secrétaire général du Comité central du Parti communiste. Après la mort de Lénine en 1924, il mène un jeu patient d'intrigues souterraines et d'alliances successives avec les diverses factions du Parti, et supplante un à un ses rivaux politiques, contraints à l’exil ou évincés d’instances dirigeantes.
S'appuyant sur la bureaucratisation croissante du régime et la toute-puissance de l’appareil policier, la Guépéou puis le NKVD, il impose progressivement un pouvoir personnel absolu et transforme l'URSS en un État totalitaire. Le culte de la personnalité construit autour de sa personne, le secret systématiquement entretenu autour de ses faits et gestes, le travestissement de la réalité par le recours incessant à la propagande, la falsification du passé, la dénonciation délirante de complots, de saboteurs et de traîtres, l’organisation de procès truqués, la liquidation physique d’adversaires politiques ou de personnalités tombées en disgrâce sont des caractéristiques permanentes de son régime.
Il procède à la nationalisation intégrale des terres, décrétant la « liquidation des koulaks en tant que classe », et industrialise l'Union soviétique à marche forcée par des plans quinquennaux ambitieux, au prix d'un coût humain et social exorbitant. Son long règne est marqué par un régime de terreur et de délation paroxystiques et par la mise à mort ou l'envoi aux camps de travail du Goulag de millions de personnes, notamment au cours de la « collectivisation » des campagnes et des Grandes Purges de 1937. Il pratique aussi bien des déplacements de population massifs, dont la déportation intégrale d'une quinzaine de minorités nationales, que la sédentarisation forcée non moins désastreuse de nomades d'Asie centrale. Il nie aussi l'existence des famines meurtrières de 1932-1933 (Holodomor) et de 1946-1947 après les avoir en partie provoquées par une politique impitoyable de réquisitions forcées de produits agricoles dans les campagnes.
Dans un contexte international de plus en plus tendu par la montée en puissance de l'Allemagne hitlérienne, Staline engage l'Union soviétique dans des négociations avec le régime nazi qui aboutissent, en août 1939, à la signature du pacte germano-soviétique, prélude au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale. La coopération économique entre les deux pays entreprise après la signature des accords commerciaux germano-soviétiques est brutalement interrompue par l'invasion allemande de juin 1941, précipitant l'Union soviétique dans la guerre aux côtés des Alliés. La victoire militaire finale dans un conflit qui a mis l'URSS au bord du gouffre et dont la bataille de Stalingrad est un tournant majeur confère à Staline un prestige international retentissant et lui permet d'affirmer son emprise sur un empire s'étendant de la frontière occidentale de la RDA à l'océan Pacifique.
Joseph Staline est également l'auteur de textes exposant ses conceptions du marxisme et du léninisme, qui contribuent à fixer pour des décennies, au sein du mouvement communiste, l'orthodoxie marxiste-léniniste. Sa pratique politique et ses conceptions idéologiques sont désignées sous le terme de stalinisme.
Après la mort de Staline, ces pratiques sont dénoncées par Nikita Khrouchtchev au cours du XXe congrès du Parti communiste de l'Union soviétique de 1956 : la déstalinisation et la relative détente qui s'ensuivent n'entraînent cependant aucune démocratisation du bloc de l'Est. Ce n'est qu'à l'époque de la perestroïka mise en place par Mikhaïl Gorbatchev que les crimes de Staline peuvent être dénoncés en URSS dans toute leur ampleur[5],[6].
Sommaire
1 Biographie
1.1 Jeunesse et formation
1.2 Révolution et clandestinité
1.3 Accès au pouvoir suprême (1917-1929)
1.3.1 Communisme de guerre (1917-1922)
1.3.2 NEP, mort de Lénine et éviction de Trotski
1.3.3 Éviction des derniers opposants
1.4 Stalinisme
1.4.1 Prise de pouvoir et « Grand Tournant »
1.4.2 Grandes Purges, refondation définitive du pouvoir de Staline
1.4.3 Politique extérieure
1.4.4 Seconde Guerre mondiale
1.4.5 Après-guerre
1.5 Mort
1.6 « Legs politique »
2 Controverses
3 Bilan des assassinats de masse et déportations commis sous Staline
4 Famille
5 Vie privée et personnalité
6 Notes et références
7 Voir aussi
7.1 Bibliographie
7.1.1 Œuvres
7.1.2 Aspects généraux
7.1.3 Aspects particuliers
7.2 Filmographie
7.3 Articles connexes
7.4 Liens externes
Biographie
Jeunesse et formation
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Staline est né le 18 décembre 1878[2] dans la ville géorgienne de Gori, alors dans le gouvernement de Tiflis (Empire russe), troisième enfant et seul survivant de sa fratrie.
Le père[7] de Staline, Vissarion Djougachvili, est un cordonnier qui gagne bien sa vie, mais qui sombre rapidement dans l'alcoolisme. Il est originaire d'un village du Nord de la Géorgie, Djougha (d'où son nom) et on lui prête des origines ossètes. Sa mère, Ekaterina Gavrilovna Gueladzé, est une couturière d'Ossétie. Fervente orthodoxe, abandonnée par son mari, elle pousse son fils vers la prêtrise et finance difficilement ses études. Durant la jeunesse de Staline, sa famille habite au 10 de la rue de la cathédrale à Gori[8].
Après avoir brillamment réussi ses examens, Iossif Djougachvili entre en 1894[9] au séminaire de Tiflis et y reste jusqu'à l'âge de vingt ans. Il y suit un enseignement secondaire général avec une forte connotation religieuse. Surnommée le « Sac de pierre », l'école a sinistre réputation[10]. Rapidement, le jeune Djougachvili devient athée[11] et commence à se montrer rebelle à l'autorité du séminaire. Il reçoit de nombreuses punitions pour lecture de livres interdits (entre autres, Les Travailleurs de la Mer de Victor Hugo[12]) et en août 1898 s'inscrit à la branche locale du Parti ouvrier social-démocrate de Russie (POSDR)[13]. Malgré les faveurs que lui accorde le recteur du séminaire, il en est expulsé en mai 1899, officiellement pour absence à l'examen de lectures bibliques. « Je fus renvoyé pour propagande marxiste »[14], se vantera par la suite l'ex-séminariste.
En décembre 1901, il quitte Tbilissi pour Batoumi et travaille pour l'organisation social-démocrate. Le 6 avril 1902, il est arrêté et emprisonné durant un an à Batoumi et six mois à la prison de Koutaïs. Il est envoyé en exil en Sibérie pour trois ans, il arrive à Ouda dans la province d'Irkoutsk en décembre 1903, il y reste en assignation à résidence jusqu'en janvier 1904[15].
Révolution et clandestinité
Iossif Djougachvili commence alors sa carrière de révolutionnaire sous le surnom de Koba[16]. Il se fait arrêter à de nombreuses reprises. En 1907, il est impliqué dans des braquages de banques sanglants[17] servant à financer le Parti[18],[19], comme le braquage commis à Tbilissi, en juin, qui rapporte 250 000 ou 350 000 roubles[20].
Il est déporté plusieurs fois en Sibérie et réussit chaque fois à s'évader. Il s'évade notamment en 1904 et adhère alors à la faction bolchevique du POSDR. C'est à cette époque qu'il rencontre pour la première fois Lénine. Il fait un récit élogieux de cette rencontre en 1924, une semaine après la mort de ce dernier :
« Lorsque je le comparais aux autres dirigeants de notre Parti, il me semble toujours que les compagnons de lutte de Lénine – Plekhanov, Martov, Axelrod et d’autres encore – étaient moins grands que lui d’une tête ; que Lénine comparé à eux, n’était pas simplement un des dirigeants, mais un dirigeant de type supérieur, un aigle des montagnes, sans peur dans la lutte et menant hardiment le Parti en avant, dans les chemins inexplorés du mouvement révolutionnaire russe […] »
En 1905, il représente l'union caucasienne à la première conférence bolchévique à Tampere en Finlande, il y rencontre pour la première fois Lénine[21].
En mai 1907 il se rend à Londres pour assister au 5e congrès du Parti social-démocrate. Au retour il passe par l'Allemagne il rencontre Lénine à Leipzig. Le 7 avril 1908 il est arrêté à Bakou, il reste en prison sur place jusqu'en novembre 1908 et est transféré dans la région de Vologda. En 1908, il est transféré à Solvytchegodsk, durant son transfert il contracte le typhus. Il s'évade en mars 1909[22]. Le 5 mai 1912, il est arrêté à Saint-Pétersbourg. Il est déporté en Sibérie, à Narym (ru). Il s'évade le 13 septembre et retourne à Moscou.
En 1911, Lénine parle de lui comme du « merveilleux Géorgien », mais en 1915, dans une lettre à Maxime Gorki, il a oublié son nom[23].
Son dernier pseudonyme, Staline, apparaît pour la première fois le 25 janvier 1913 dans le journal La Pravda, le mot stal voulant dire acier en Russe[24].
Le 8 mars 1913, il est arrêté à Saint-Pétersbourg, où il est détenu six mois avant d'être condamné à quatre ans de déportation en Sibérie, en juillet 1913. Il arrive à Krasnoïarsk en 1914 puis réside à Koureïka jusqu'en octobre 1916[25].
En octobre 1916, l'armée rassemble tous les déportés de la région à Monastyrskoé. En février 1917, il est réformé pour atrophie du bras gauche. Il est alors transféré à Atchinsk dans l'entretien de la ligne du Transsibérien[25].
Accès au pouvoir suprême (1917-1929)
Communisme de guerre (1917-1922)
Après la chute du tsarisme et l'abdication de Nicolas II lors de la révolution de Février 1917, Staline, à peine de retour d'une longue déportation en Sibérie, prend en main la direction du Parti à Pétrograd. Il prône alors la politique du « soutien critique » au gouvernement provisoire réformiste bourgeois d'Alexandre Kerenski. Néanmoins, dès le retour d'exil de Lénine, il se range très rapidement aux Thèses d'avril. Celles-ci avancent l'idée que la tâche des bolcheviks est de préparer la révolution socialiste, seule à même, selon Lénine, de donner le pouvoir au peuple et d'arrêter la guerre. À l'été 1917, il est membre fondateur du Politburo.
Exécutant dévoué, Staline ne joue aucun rôle de premier plan dans la révolution d'Octobre mais il a l'habileté, comme toujours depuis qu'il est membre du Parti, de s'aligner systématiquement sur les positions de Lénine. Cela lui permettra bien plus tard de reprocher comme des crimes à ses camarades la moindre divergence antérieure avec le défunt Lénine.
Staline, d'origine géorgienne, est nommé commissaire aux Nationalités dans le Conseil des commissaires du Peuple issu de la révolution.
Pendant la guerre civile russe, il est commissaire bolchevique à Tsaritsyne (future Stalingrad). Il s'y fait remarquer par sa propension à attribuer à des « saboteurs » tous les problèmes rencontrés, par sa méfiance viscérale des « experts » et autres « spécialistes bourgeois » recyclés par le nouveau régime, méfiance qui ne le quittera jamais, et par son absence complète de sentiment lorsqu'il prend des mesures radicales et ordonne des exécutions en nombre. Il s'y heurte déjà à Léon Trotski, chef suprême de l'Armée rouge[26].
C'est aussi à Tsaritsyne qu'il se forge un clan de fidèles qui l'aideront vers la marche au pouvoir : les chefs de la cavalerie rouge Kliment Vorochilov et Semion Boudienny en premier lieu, bientôt rejoints par des compatriotes du Caucase (Grigory Ordjonikidze) puis des hommes unis par la détestation de Trotski. C'est aussi pendant la guerre civile que Staline noue des relations étroites avec la police politique, la redoutable Tcheka, et son fondateur et chef suprême Félix Dzerjinski. Cette alliance avec la police, qui sera la clé du futur régime stalinien, ira en se renforçant d'année en année, au point que Staline confiera aux tchékistes la gestion et l'éducation de sa propre famille[27].
En 1920, une désobéissance de Staline aux ordres du général Toukhatchevski est une des causes importantes de l'échec de la bataille de Varsovie et de la défaite dans la guerre soviéto-polonaise.
Bureaucrate laborieux et discret, Staline gravit silencieusement les échelons et devient secrétaire général du parti le 3 avril 1922, fonction qu'il transforme rapidement en poste le plus important du pays.
La même année, avec son compatriote Grigory Ordjonikidze, Staline planifie l'invasion de leur pays d'origine, la Géorgie, dont le gouvernement menchevik était régulièrement élu et l'indépendance internationalement reconnue, y compris par Moscou. Les violences qui accompagnent ce rattachement forcé à l'Union soviétique provoquent la colère impuissante de Lénine, déjà malade.
NEP, mort de Lénine et éviction de Trotski
Pour parvenir au pouvoir suprême, Staline s'appuie sur la bureaucratie naissante, sur la police, sur son clan de fidèles et sur un jeu habile d'alliances successives avec les diverses factions au sein du Parti. Pendant la guerre civile, Lénine apprécie Staline comme un exécutant efficace et discipliné, qui lui a assuré que « [sa] main ne tremble[rait] pas », mais leurs relations politiques et personnelles se dégradent sensiblement en 1922-1923.
Avant la mort de Lénine en janvier 1924, Staline exerce déjà une autorité considérable. Sa fonction, apparemment technique, de secrétaire général du Comité central, sa qualité de membre du Politburo et de l'Orgburo, lui permettent de maîtriser un nombre croissant de leviers de pouvoirs, et notamment celui de nomination des cadres du Parti : il peut ainsi placer ses fidèles aux postes-clé de l'appareil. Personnage en apparence terne et peu porté aux discours théoriques brillants, c'est un génie de l'intrigue souterraine. Il joue pendant des années au modéré, et laisse aux divers groupes le soin de s'invectiver et de se discréditer les uns les autres, tout en tissant sa toile. Maints vétérans du Parti, mais plus encore les nouveaux bureaucrates d'origine plébéienne qu'il promeut en nombre, se reconnaissent facilement en ce personnage d'apparence bonhomme, bon vulgarisateur, qui se tait à la plupart des réunions et fume tranquillement sa pipe entre deux paroles apaisantes[28]. Il leur convient mieux qu'un Trotski solitaire et trop brillant, qui les critique âprement, et qui n'a pas su se tisser de réseaux dans un Parti qu'il n'a rejoint qu'en 1917. Cependant, Lénine redoute le clivage entre Staline et Trotski, qui pourrait mettre à mal le Parti. Après la mort de Lénine, Staline empêchera la publication du « testament de Lénine », dans le post-scriptum celui-ci affirmait son hostilité à son égard :
« Staline est trop brutal, et ce défaut parfaitement tolérable dans notre milieu et dans les relations entre nous, communistes, ne l’est pas dans les fonctions de secrétaire général. Je propose donc aux camarades d’étudier un moyen pour démettre Staline de ce poste et pour nommer à sa place une autre personne qui n’aurait en toutes choses sur le camarade Staline qu’un seul avantage, celui d’être plus tolérant, plus loyal, plus poli et plus attentif envers les camarades, d’humeur moins capricieuse, etc.[29] »
En 1924 au 5e congrès de l'Internationale communiste, Trotski perd son siège au Kominterm au profit de Staline. En 1924-1925, allié de Kamenev et de Zinoviev, Staline évince Trotski du gouvernement.
Éviction des derniers opposants
En 1926, allié à la droite de Boukharine, il fait écarter du Politburo et du Komintern Trotski, Zinoviev et Kamenev, réconciliés entre-temps.
Ayant battu l'Opposition de gauche, il se retourne en 1928-1929 contre l'opposition de droite de Boukharine et Rykov, chassés respectivement de la tête du Komintern et du gouvernement. En 1929, Staline fait exiler Trotski d'URSS et achève d'installer ses hommes à tous les postes-clés. La célébration en grande pompe de ses cinquante ans, le 21 décembre 1929, marque aussi les débuts du culte autour de sa personnalité.
Stalinisme
Prise de pouvoir et « Grand Tournant »
Staline ayant pris la succession de Lénine, il abandonne peu à peu la direction collégiale pour progressivement imposer, en s'appuyant sur la bureaucratie née lors de la guerre civile, un régime totalitaire. Le pouvoir oligarchique absolu est mis en place progressivement[30], processus achevé à la fin des années 1930.
Considérant que c'est sous les formes nationales de la lutte prolétarienne que l'on peut défendre avec succès les intérêts internationaux du prolétariat (« La théorie léniniste de la révolution est en même temps la théorie du développement de la révolution mondiale »[31]), ce qui en amène certains à estimer qu'il fut peu porté sur l'internationalisme, Staline désigne sa politique sous le nom de « marxisme-léninisme » et de « socialisme dans un seul pays ». Presque jamais sorti de Russie, méprisant envers le Komintern (« la boutique »[32]), il ne croit pas à une révolution mondiale qui n'en finit pas de se faire attendre et veut compter sur les seules forces de l'Union soviétique. Il ne croit plus non plus à une NEP qui n'en finit pas d'agacer les planificateurs, tant à cause de ses externalités (la « crise des ciseaux ») que de son caractère non orthodoxe au regard de l'idéologie marxiste. Hanté comme tous les bolcheviks par la possibilité d'une prochaine confrontation avec les pays capitalistes, il veut accélérer à tout prix la modernisation industrielle pour s'y préparer. C'est le sens de son fameux discours au XVIe congrès du Parti (juin 1930) où il martèle que « chaque fois que la Russie a été en retard, nous avons été battus ». D'où, à partir de fin 1928, la priorité absolue que Staline accorde à l'accumulation du capital par pressurisation de la paysannerie (jusque-là ménagée par la NEP), au développement « à toute vapeur » des moyens de production et de l'industrie lourde.
De 1929 à 1933, Staline met en place la « collectivisation » des terres. Il livre en fait ce qui est peut être considéré comme la dernière guerre paysanne de l'histoire européenne. En 1934, l'objectif est atteint, mais à un prix exorbitant : la moitié du cheptel abattu sur place par les paysans, les riches terres à blé d'Ukraine et d'autres régions ravagées par la famine de 1932-1933 (entre quatre et dix millions de morts selon les estimations[33],[34]) que Staline n'a rien fait pour empêcher même en admettant qu'il ne l'a pas délibérément provoquée, d'innombrables violences, morts ou destructions, fuite anarchique de 25 millions de campagnards vers des villes vite surpeuplées, plus de deux millions de prétendus koulaks (paysans supposés « riches ») déportés par familles entières en Sibérie et abandonnés sur place à leur sort[35]… Le système des kolkhozes et des sovkhozes permet à l'État d'acheter à vil prix les récoltes et de financer l'industrialisation. Mais devant la résistance passive des paysans (sous-productivité systématique), Staline leur concède un lopin privé de terre en 1935 : à la fin de la décennie, ces derniers produisent 25 % des récoltes sur 3 % des terres, la majorité des fruits et légumes d'URSS ainsi que 72 % du lait et de la viande[36]. La Russie, premier exportateur de céréales du monde sous les tsars, devient pays importateur. À Winston Churchill, Staline dira que la collectivisation représenta pour lui une épreuve « pire que la guerre ». Selon Anne Applebaum, si Staline a brisé la continuité de l'histoire russe, c'est bien dans les campagnes.
À partir de 1929, l'importance du GOSPLAN (Государственный плановый комитет, créé par Lénine — décret du Conseil des Commissaires du Peuple en date du 21 février 1921) s’accroît en raison de l'organisation de la planification économique sur une base désormais quinquennale[37]. Cet organisme d'État rigide est chargé de la mise en place et de l'exécution de cette planification impérative et très ambitieuse. Le premier plan quinquennal (1929-1933) fait de l'URSS de Staline un pays productiviste vivant dans l'obsession d'accomplir et de dépasser des normes de production toujours rehaussées. Staline rétablit le salaire aux pièces et le livret ouvrier, allonge la journée de travail, encourage la naissance d'une nouvelle aristocratie ouvrière en patronnant le mouvement stakhanoviste (1935) et fait punir d'envoi au Goulag tout retard répété de plus de 10 minutes. En quelques années, le pays change radicalement d'aspect et se couvre de grands travaux en partie réalisés par la main-d'œuvre servile du Goulag : métro de Moscou, villes nouvelles, canaux, barrages, énormes usines… Mais le prix est tout autant démesuré : gouffre financier, inflation, gaspillages, travaux bâclés à l'origine du « mal-développement » dont l'URSS périra en 1991. Le sacrifice délibéré des industries de consommation et la pression exercée sur la classe ouvrière font que sous le Premier Plan, le niveau de vie des ouvriers soviétiques baisse de 40 %[38].
À partir de 1934, un tournant réactionnaire est également effectué dans le domaine des mœurs : culte de la « famille socialiste », retour de l'interdiction de l'avortement et de la répression de l'homosexualité, alors que la Révolution avait apporté dans ces domaines une libéralisation tant par rapport à la situation antérieure que par rapport aux pays occidentaux[39]. Staline restaure aussi le titre de maréchal, revient au nationalisme grand-russe, à l'académisme dans l'art, à la libre consommation de la vodka. Enfin, en 1935, Staline ramène l'âge limite pour la condamnation à mort à douze ans.
Certains marxistes se réclamant de Lénine s'opposent alors au « marxisme-léninisme » de Staline : les trotskistes dénoncent la dictature à l'intérieur du Parti, les bordiguistes dénoncent la politique économique de Staline comme une forme de capitalisme d'État (analyse partagée par les « décistes » du groupe Sapronov). Des organisations communistes anti-staliniennes se créent à partir des années 1920. L’Opposition communiste internationale est créée en 1930.
Au XVIIe Congrès du PCUS, dit Congrès des Vainqueurs (février 1934), les pires difficultés du Grand Tournant semblent passées. Le nom de Staline est acclamé et cité plusieurs dizaines de fois dans chaque discours. Lui-même multiplie les signes d'apaisement envers les anciens opposants et de libéralisation pour la société soviétique. Mais il mesure aussi la persistance sourde des critiques à son encontre : il n'est réélu au Comité central qu'en dernier de la liste, son nom étant rayé plus d'une centaine de fois[40]. Le but des Grandes Purges sera notamment d'anéantir les dernières potentialités de résistance au sein du Parti et de la population. De 1936 à 1938, les procès de Moscou sont montés pour éliminer les vieux bolcheviks opposants ou s’étant opposés à Staline. Trostski sera par ailleurs assassiné par Ramon Mercader en 1940 au Mexique.
Grandes Purges, refondation définitive du pouvoir de Staline
En décembre 1934, Sergueï Kirov, chef du Parti à Léningrad, est assassiné. Or Kirov était alors le plus populaire des dirigeants soviétiques et, élu avec le plus grand nombre de voix au Comité central, constituait dès lors une alternative potentielle au poste de secrétaire général occupé par Staline (le plus mal élu de tous les candidats). Par cette élimination, ce dernier faisait d'une pierre deux coups : il éliminait son concurrent le plus plausible et pouvait se servir de la réprobation publique pour monter une campagne de purges dans le Parti et à l'extérieur dans les années suivantes. La grande terreur stalinienne commence le soir même alors qu'il fait promulguer un décret suspendant toutes les garanties de droit et rendant sans appel les sentences de mort prononcées par les juridictions spéciales du NKVD. Il débarque en personne à Leningrad et en fait déporter des milliers d'habitants.
En août 1936, le premier des trois procès de Moscou engage la liquidation physique de la vieille garde bolchevique. Staline se débarrasse définitivement de ses anciens rivaux des années 1920, déjà vaincus politiquement depuis longtemps.
Au-delà, il entreprend de remplacer ceux qui l'ont soutenu et aidé dans les années 1920-1930 par une nouvelle génération de cadres. Les jeunes promus de la « génération de 1937 » (Khrouchtchev, Beria, Malenkov, Jdanov, Brejnev, etc.) n'ont connu que Staline et lui doivent tout. Ils lui vouent un culte sans réserve, là où la précédente génération voyait davantage en Staline son patron ou un primus inter pares qu'un dieu vivant, et n'hésitait pas à le critiquer parfois avec loyauté mais franchise[41]. Entre 1937 et 1939, Staline planifie l'élimination de la moitié du Politburo, des trois quarts des membres du Parti ayant adhéré entre 1920 et 1935, etc. La Terreur n'épargne aucun organisme : des coupes claires frappent les divers ministères, Gosplan, Komintern, Armée rouge et même à terme l'encadrement du Goulag et les policiers du NKVD.
Nikolaï Iejov, chef suprême du NKVD est tué en 1940. Il est alors effacé des archives par la censure. |
Les Grandes Purges permettent également à Staline d'éliminer radicalement tous les éléments socialement suspects et tous les mécontents suscités par sa politique. Alors que les tensions diplomatiques s'accumulent en Europe depuis l'avènement d'Adolf Hitler, et que le déclenchement de la guerre d'Espagne en juillet 1936 fait craindre l'irruption d'un nouveau conflit général, Staline entend éliminer tout ce qui pourrait constituer une « cinquième colonne » de l'ennemi en cas d'invasion. Une série d'opérations frappe par centaines de milliers les dékoulakisés appauvris par la collectivisation, les vagabonds et marginaux engendrés par cette dernière, les anciens membres des classes dirigeantes et leurs enfants, tous les individus entretenant ou ayant entretenu des relations avec l'étranger (corps diplomatique, anciens combattants d'Espagne, agents du Komintern, et, ainsi que le montre Robert Conquest, jusqu'aux espérantistes[42], aux philatélistes et aux astronomes ![réf. souhaitée]).
À plus court terme, Staline fournit aussi à la population des boucs émissaires aux difficultés du quotidien, en rejetant tout le mal sur une pléthore de « saboteurs ». Il règle ses comptes avec les techniciens et les spécialistes compétents, qui ont souvent osé contredire ses directives et ses objectifs irréalistes et dont il se méfie depuis toujours en raison de leur faible présence au Parti ; il les remplace par une génération de nouveaux spécialistes issus des couches populaires et qui, formés sous le Ier Plan, n'ont connu que la révolution et son régime. Il brise aussi les réseaux clientélistes et les fiefs géographiques ou ministériels que se sont constitués les membres du gouvernement et du Politburo, ou bien, à tous les échelons, les responsables du Parti et les chefs de Goulag. Il entretient plus largement une atmosphère de suspicion généralisée qui brise les solidarités amicales, familiales ou professionnelles[43].
Pareillement, Staline considère que les minorités nationales frontalières sont par définition suspectes : aussi ordonne-t-il la déportation de centaines de milliers de Polonais et de Baltes, ou le transfert en Asie centrale de 170 000 Coréens. Mais c'est aussi la sédentarisation forcée des populations nomades, notamment au Kazakhstan, qui se solde par un désastre démographique et la perte de nombreuses traditions culturelles[44].
Le principe totalitaire de la responsabilité collective défendu par Staline fait que la « faute » d'un individu s'étend à son conjoint, à ses enfants, à sa famille entière, à tout son réseau d'amis et de relations. Par exemple, le 5 juillet 1937, le Politburo ordonne au NKVD d'interner toutes les épouses de « traîtres » en camp pour 5 à 8 ans, et de placer leurs enfants de moins de 15 ans « sous protection de l’État ». Ordre qui conduit à arrêter 18 000 épouses et 25 000 enfants, et à placer près d'un million d’enfants de moins de 3 ans dans des orphelinats[45].
Par ailleurs, les familles des plus proches hommes de confiance de Staline (Molotov, Kaganovitch, Kalinine, etc.) sont elles-mêmes frappées par les purges. Le meilleur ami de Staline, Grigory Ordjonikidze, qui s'est montré hostile devant lui à la purge des cadres de l'industrie, voit son frère fusillé et se suicide en signe de protestation (février 1937)[46]. La famille même de Staline n'est pas épargnée par la Terreur, avec la disparition et l'exécution de ses proches parents Maria Svanidze, Pavel Allilouiev, Stanislas Redens[47]…
En 1939, à l'arrêt des Grandes Purges — autrement appelée la Grande Terreur d'autant que, selon les calculs de Nicolas Werth, elles ont frappé à 94 % des non-communistes — Staline a éliminé les dernières sphères d'autonomie dans le parti et la société, et imposé définitivement son culte et son pouvoir absolu. Il a pris ce faisant le risque de désorganiser gravement son armée et son pays, alors même que la guerre approche.
Politique extérieure
Dans les années 1930, la politique extérieure de Staline est à géométrie variable.
Tout d’abord, lors du VIIe congrès du Komintern en août 1928, il impose la politique « classe contre classe » aux partis communistes. La social-démocratie, qu'il a qualifiée d'« aile modérée du fascisme », est considérée comme l'ennemi prioritaire, et toute entente même tactique avec elle est prohibée. Cette politique conduit le Parti communiste français à son pire isolement de l'entre-deux-guerres et à une chute électorale notable. Elle facilite surtout l'accès au pouvoir d'Adolf Hitler en Allemagne. En mars 1933, alors que la destruction de la république de Weimar est presque achevée et que les communistes allemands prennent en nombre le chemin des camps de concentration, le KPD clandestin et le Komintern répètent inlassablement que les événements démontrent la justesse des attaques contre la social-démocratie et la nécessité de les poursuivre sans changement[48].
Staline pensait d'abord que l'expérience Hitler ne durerait pas : « Après lui, ce sera nous ». Mais le régime nazi se consolide, et une menace militaire réelle plane désormais sur l'URSS. Dès lors, à partir de juin 1934, Staline se ravise et lance une politique d’alliance des partis communistes avec des « partis bourgeois » pour tenter de faire reculer le fascisme et le nationalisme. Il rapproche parallèlement l'Union soviétique des États occidentaux, ce qui a pour conséquence l’entrée tardive de l’URSS dans la SDN (1934) ou la conclusion du pacte d'assistance franco-soviétique lors de l'entrevue Laval-Staline (mai 1935). C’est ainsi que le Front populaire peut se constituer en France et en Espagne et qu’en Chine, le 22 septembre 1937, Tchang Kaï-chek s’accorde avec Mao Zedong contre l'impérialisme du Japon et signe un pacte de non-agression avec l’URSS. Au niveau intérieur, Staline s'efforce de se montrer plus libéral en faisant promulguer la « constitution stalinienne » de 1936, annoncée comme « la plus démocratique du monde », en signe d'ouverture envers l' Occident.
Pendant la guerre d'Espagne Staline est à partir de fin octobre 1936 le seul chef d'État à intervenir officiellement aux côtés de la République espagnole, menacée par Franco aidé de Hitler et Mussolini. Mais s'il envoie des chars, des avions et des conseillers, il en profite aussi pour faire main basse sur l'or de la banque d'Espagne, freiner sur place le mouvement révolutionnaire tout en satellisant le gouvernement espagnol, et faire liquider physiquement de nombreux anarchistes, trotskistes et marxistes dissidents du POUM[49].
Des documents du Komintern montrent cependant que même dans ces années où il fait figure d'allié des démocraties, Staline n'a pas renoncé à l'espoir secret d'un pacte avec Hitler, qui mettrait à l'abri l'URSS et lui garantirait en outre des bénéfices territoriaux. Il fait régulièrement modérer les attaques de la presse contre le régime nazi, ou tente quelques sondages secrets à Berlin[50]. Les procès de Moscou et les purges qui meurtrissent l'Armée rouge troublent les démocraties occidentales, où l'anticommunisme reste très fort, et les font douter des capacités militaires soviétiques.
En 1938, Staline est furieux que son pays n'ait pas été convié à la conférence qui décide des accords de Munich (30 septembre) et craint une entente des Occidentaux avec Hitler contre l'URSS. Staline fait clairement savoir à Berlin, début 1939, que Moscou se liera au plus offrant. Mais persuadé que la guerre avec les nazis est inévitable, il décide le transfert des usines d'armement vers l'est (au-delà de Moscou) et arrête la stratégie de l'Armée rouge pour cette confrontation. Ce sera une posture défensive, copie de celle de Mikhaïl Koutouzov devant Napoléon en 1812 et qui prend en compte la possibilité d'une invasion en profondeur. La prise des capitales, Moscou et Léningrad, qui seront protégées par des troupes d'élites, est, cette fois, exclue. Staline table sur l'usure des troupes d'élite allemandes qu'Hitler devra engager dès le début de l'attaque, scénario qui se vérifiera complètement devant Moscou et partiellement devant Léningrad.
Le 12 août 1939, les plénipotentiaires de la France et du Royaume-Uni sont en visite en URSS afin de tenter – bien tardivement et sans conviction – de refonder l’alliance de 1914, après avoir refusé à de nombreuses reprises des propositions similaires faites auparavant par Staline[51]. Staline dénonce une absence de réelle volonté des démocraties occidentales de combattre Hitler et signe, le 23 août 1939, le pacte germano-soviétique. Un protocole secret prévoit le partage de l'Europe centrale en « zones d'influences » et les relations économiques entre l'Union soviétique et l'Allemagne nazie sont très fortement accrues permettant à Berlin d'accumuler des stocks vitaux de matières premières. Il gagne alors de l'espace et du temps, mais moins que prévu du fait de la rapide défaite de la France à l'ouest, qu'il interprète comme l'intégration de celle-ci à la puissance nazie.
Seconde Guerre mondiale
Avant le début de la Seconde Guerre mondiale en Europe, l'URSS gagne deux batailles de frontières contre le Japon : la bataille du lac Khassan en 1938, puis la bataille de Khalkhin Gol en Mongolie en 1939. Le 17 septembre 1939, les troupes de Staline entrent en Pologne — jusqu'à sa frontière est actuelle — et prennent à revers l'armée de ce pays qui se défend face à l’invasion nazie sur sa frontière occidentale, en cours depuis deux semaines. Le 30 novembre, l'armée soviétique attaque la Finlande et, après des échecs spectaculaires et inquiétants, parvient à la faire plier en mars 1940, sous le nombre des assaillants.
Le 5 mars 1940, Staline fait contresigner par le Politburo son ordre d'exécuter sommairement plus de 20 000 officiers et notables polonais capturés, qui seront en particulier enterrés près de Katyń.
En juin 1940, Staline annexe les États baltes, puis en août la Bessarabie roumaine, érigée en République socialiste soviétique de Moldavie. La terreur et la soviétisation accélérée s'abattent aussitôt sur ces territoires. Elles se traduisent par la déportation de plusieurs centaines de milliers d'habitants et le meurtre d'une partie des élites locales[52].
Staline respecte scrupuleusement les conditions du pacte germano-soviétique. Jusqu'à la nuit du 21 au 22 juin 1941, il livre ponctuellement et à crédit les céréales et des matières premières dont le Reich a besoin. Il livre aussi à la Gestapo plusieurs dizaines de communistes allemands réfugiés à Moscou.
Le pacte prend fin le 22 juin 1941 avec l'invasion de l'URSS par la Wehrmacht.
Contrairement à la légende longtemps répandue, Staline ne s'est pas effondré psychologiquement au constat de la trahison d'Hitler, ni n'est resté plusieurs jours prostré et incapable de réagir. Les archives et les témoignages concordent aujourd'hui pour prouver qu'il reste à son poste nuit et jour pendant la première semaine d'invasion, et qu'il prend aussitôt des mesures radicales, avec un bonheur très inégal[53]. Ce n'est que le 28 juin, après cinq jours et cinq nuits presque sans repos, et un heurt mémorable avec le général Joukov, que Staline part brusquement se retirer dans sa datcha pour préparer son discours qui sera radiodiffusé le 3 juillet.
Néanmoins, avant l’invasion nazie, Staline a refusé jusqu'au dernier moment de réagir aux rapports — de Trepper, Sorge et même Churchill — qui le prévenaient depuis de longs mois de l'imminence d'une invasion, allant même jusqu'à menacer de liquider ceux qui s'en faisaient écho avec trop d'insistance. Il semble s'être laissé paralyser par la hantise d'une provocation allemande, jugeant qu'une réaction préventive serait politiquement contre-productive : il se raccrochait désespérément à l'idée que l'année était trop avancée pour que Hitler commette la même erreur que Napoléon. De ce fait, les troupes soviétiques n'ont été mises en alerte que très tard — le 22 juin à 0 h, à la suite de l'ultime désertion d'un soldat allemand — et incomplètement, permettant par exemple que l'aviation allemande détruise partiellement l'aviation soviétique restée au sol. Le matin même du 22 juin, une partie de l'Armée rouge n'ose toujours pas ouvrir le feu, alors qu'une autre — à Brest-Litovsk — résiste âprement et parvient à tenir près de six semaines.
Les purges de l'avant-guerre, en particulier celle de 1937, ont profondément affaibli l'Armée rouge, puisque la quasi-totalité des généraux modernisateurs et compétents a disparu : environ 90 % des cadres supérieurs de l'armée ont été éliminés, tandis que 11 000 officiers sur 70 000 ont été fusillés et 20 000 autres sont internés dans les camps du Goulag. De même, sur cinq maréchaux, seuls ont survécu les deux tenants inconditionnels de la cavalerie, amis de toujours de Staline, mais ennemis jurés de l'arme blindée. L'effort de modernisation tenté in extremis avant l'invasion, de même que la réintégration de milliers d'officiers purgés sortis en loques du Goulag — comme le futur maréchal Rokossovski — ne peuvent empêcher les désastres initiaux.
Dans les premiers mois, Staline perd des milliers de chars et d'avions, et laisse encercler d'immenses armées. Ainsi, l'URSS perd un million de km² et plusieurs millions de soldats qui se retrouvent prisonniers : en outre, les nazis les laissent mourir de faim et d’épuisement lors d’interminables marches[réf. nécessaire].
Cependant, en raison d’une invasion commencée trop tard, la Wehrmacht n'atteint pas la totalité de ses objectifs, même si elle avance très loin et avec des pertes limitées. De l'avis de ses historiens même les plus critiques, Staline démontre son sang-froid et son génie politique en s'adressant, dès le 3 juillet 1941 à ses « frères-et-sœurs » soviétiques, pour proclamer l'union sacrée de la nation dans la « Grande Guerre patriotique » et, surtout, en décidant de ne pas quitter Moscou menacée, à la surprise de ses proches. Sa présence galvanise les énergies et enraye un début de panique.
D'autre part, l'armée japonaise a abandonné toute velléité d'attaquer la Russie après ses défaites de 1939 : l'URSS en a eu confirmation par Richard Sorge. Ne craignant plus l'ouverture d'un second front en Extrême-Orient, les troupes sibériennes deviennent ainsi disponibles face aux Allemands au moment crucial de l'hiver 1941. Le 6 décembre 1941, l'Armée rouge stoppe des Allemands à bout de souffle parvenus à seulement 22 km de la capitale ; puis au cours de l'hiver, elle les repousse à plus de 200 km à l'ouest.
Après cet échec, l'armée nazie change d'objectif principal pour sa campagne de 1942 : elle souhaite prendre le contrôle du pétrole du Caucase, voire, ensuite, de celui du Moyen-Orient. Après un court succès, la Wehrmacht sort vaincue de la bataille de Stalingrad. La ville, au nom symbolique, devient l'objet de l'attention universelle. Entièrement détruite sous les bombes et par les combats de rue, 300 000 Allemands y périssent ou y sont faits prisonniers. La 6e armée allemande, encerclée, capitule début février 1943.
C'est le début du recul allemand. À la bataille de Koursk en été 1943, au cours de la plus grande confrontation de blindés de l'histoire, 500 000 hommes et 1 500 chars sont mis hors de combat.
Du 28 novembre au 1er décembre 1943 il participe à la conférence de Téhéran, avec Winston Churchill et Franklin Delano Roosevelt, ou les services secrets alliés découvrent l'Opération Grand Saut, un projet d'assassinat des participants.
Après ses erreurs dramatiques de 1941, Staline a su faire progressivement un réel apprentissage militaire, et surtout accepter de laisser une plus grande autonomie à ses généraux : il ne se rend jamais en personne au front. Par ailleurs, vis-à-vis de la société soviétique, il desserre l'emprise du gouvernement, noue une trêve avec les Églises, met l'accent sur la défense de la patrie plutôt que sur la Révolution. Cependant, son pouvoir absolu reste intact et même renforcé : chef du gouvernement depuis mai 1941, Staline se fait nommer commissaire à la Défense en août, « commandant en chef suprême » en juillet 1942, maréchal en 1943, généralissime en 1945. L'Internationale cesse d'être l'hymne soviétique pour être remplacée par un chant patriotique qui mentionne son nom. C'est aussi la nature totalitaire du gouvernement qui lui permet d'imposer une stratégie d'offensive à tout prix et d'attaque frontale de l'ennemi, très coûteuse en hommes, où les pertes humaines se dénombrent par millions : ce type de stratégie n’a plus cours en Occident depuis la fin de la Grande Guerre.
Pour obtenir « l'adhésion » totale de ses troupes, des équipes spéciales du NKVD sont chargées de mitrailler les soldats qui refluent vers l'arrière : cette technique a par exemple été expérimentée devant Moscou et à Stalingrad[réf. souhaitée]. De même, les prisonniers et leurs familles sont officiellement reniés et considérés comme des traîtres, tandis que des généraux et officiers de tout rang sont fusillés dès les premiers jours, boucs émissaires des erreurs du chef suprême qui avait déjà gravement purgé les chefs de son armée à la fin des années 1930[54]. En pleine offensive allemande de 1941, Staline détourne aussi des forces importantes du front pour faire déporter intégralement les Allemands de la Volga, descendants de colons installés au XVIIIe siècle. En 1944, il fait déporter en totalité une dizaine de peuples — soldats décorés et militants communistes compris — sous la fausse accusation de collaboration avec les Allemands. Ainsi, en mars 1944, 600 000 Tchétchènes, hommes, femmes, enfants et vieillards sont déportés en six jours seulement, un record historique jamais égalé[55].
En 1944, Staline reconquiert le territoire national. Arrivé devant Varsovie, il laisse les Allemands, regroupés autour de la capitale polonaise après l'offensive soviétique, écraser l'insurrection de la capitale polonaise, entre le 1er août et le 2 octobre 1944. S'il est vrai que l'offensive soviétique est à bout de souffle et que Staline n'a plus les moyens de franchir la Vistule, il refuse toutefois de parachuter des armes ou bien de laisser les avions occidentaux atterrir sur les aérodromes contrôlés par l'Armée rouge à proximité de la capitale polonaise. Ainsi, des centaines d'aviateurs alliés tentent désespérément de parachuter des armes aux insurgés et périssent lors d'allers-retours longs et dangereux entre l'Italie et la Pologne. De cette manière, Staline exprime sa volonté de laisser écraser une insurrection nationaliste qu'il ne contrôle pas et qui pourrait contrarier l'installation d'un gouvernement communiste allié de Moscou après la guerre[56].
Alors que les Alliés débarquent en Normandie et s'approchent des frontières occidentales de l'Allemagne, les Soviétiques qui affrontent dix fois plus de divisions nazies à l'est[réf. nécessaire] continuent leur progression vers le centre du Reich. Au total, la guerre à l'est aura permis de mettre hors de combat 80 % des effectifs de la Wehrmacht : sur 783 divisions allemandes disséminées sur tous les fronts, 607 sont anéanties sous les feux soviétiques[réf. nécessaire].
Goebbels avait énoncé l'un des objectifs idéologiques de la guerre à l'est : « La lutte contre le bolchevisme mondial est le but principal de la politique allemande ». Il faut ajouter à cela la volonté des Allemands de reconquérir ce qu'ils considèrent comme leur « espace vital » — le Lebensraum — et celle de réduire en esclavage les peuples slaves considérés comme des « sous-hommes » : des Untermenschen. En pratiquant une politique d'extermination contre les populations slaves et surtout juives[57], les nazis se sont eux-mêmes privés de la possibilité de bénéficier d’un soutien de la population soviétique parmi laquelle les mécontents de la dictature stalinienne étaient pourtant nombreux. Ils parviendront néanmoins à recruter un certain nombre de partisans, par exemple l'armée Vlassov, une division SS ukrainienne ; ainsi, des maquis anti-communistes subsisteront en Ukraine jusqu'à l'été 1946 et d’anciens SS ukrainiens rejoindront l'Armée insurrectionnelle ukrainienne — l'UPA — en lutte contre l'Armée rouge jusqu'en 1948, et dans une moindre mesure jusqu'en 1954 pour ses derniers éléments.
La victoire se paye au prix de millions de morts : environ 21 000 000 morts — 13 millions de civils et 8 millions de militaires[58] — ; le total de 27 millions sera même annoncé à l'époque de la Perestroïka. Et ces millions de morts doivent être ajoutés aux autres millions tombés au cours des catastrophes humaines qui ont précédé depuis le début du XXe siècle : pertes de la Première Guerre mondiale, guerre civile, élimination des opposants, déportations dans des régions inhospitalières et famines, soit un total de l'ordre de 20 % de la population soviétique, et 12 % pour le seul second conflit mondial.
En comparaison, au cours de la Deuxième Guerre mondiale, les États-Unis ne perdent que 0,2 % de leur population, et la France 1,5 % de la sienne.
En outre, les destructions matérielles en URSS sont gigantesques, les pires subies par un belligérant dans ce conflit.
Après-guerre
Tous les témoignages concourent à montrer que lors de la victoire de 1945, la population espère conserver les espaces de liberté concédés pendant la guerre et ne pas revenir au système d'avant 1941. Mais au cours de l'été, Staline prend la décision de rétablir ce dernier à l'identique.
Les pays d'Europe de l'Est traversés sont placés sous le contrôle de l'URSS et y restent après la conférence de Yalta. Staline leur impose le modèle soviétique, notamment par le coup de Prague en 1948 et par la mise en place de gouvernements pro-soviétiques. En Tchécoslovaquie, le seul pays de la sphère soviétique dotée d'une tradition démocratique, le Parti communiste prend le pouvoir avec la bénédiction de Staline. Il crée en 1947 le Kominform, un rassemblement de partis communistes européens à l'image de l'Internationale et dirigée par le PCUS. Impuissant à empêcher la rupture soviéto-yougoslave (1948), Staline développe une campagne intense contre Tito, qu'il avait épargné au moment des Grandes Purges, et multiplie les procès truqués de communistes disgraciés en Europe de l’Est, notamment à Prague où la plupart des accusés sont choisis parmi des Juifs (procès de Prague contre Rudolf Slánský et d'autres hauts dignitaires du Parti communiste tchécoslovaque, 1952). En 1949, il fait accéder son pays à l'arme atomique, en partie grâce à ses réseaux d'espionnage aux États-Unis et aux prisonniers du Goulag et des charachka. En Asie, la politique stalinienne de l'après-guerre suit un cours sinueux : soutien au sionisme entre 1946 et 1950, suivi d'un net revirement anti-israélien et même antisémite[60], accueil très réservé fait à la révolution chinoise, politique prudente en Corée.
À l'intérieur, le culte de la personnalité du Vojd (« Guide ») atteint son ampleur maximale, culminant à son 70e anniversaire en 1949. Des dizaines de villes, des milliers de rues, de fermes, d'usines, etc. portent le nom de Staline, qui refuse la proposition de renommer la capitale Moscou « Stalinodar ». Le point culminant de l'URSS reçoit le nom de « pic Staline ». Des « prix Staline » décernés depuis 1941 deviennent les équivalents soviétiques des prix Nobel.
Le système se reproduit dans certains partis communistes des pays frères, dont les dirigeants sont qualifiés de « meilleurs staliniens » de France, d'Italie, etc. (Maurice Thorez, Palmiro Togliatti, Georgi Dimitrov…). Probablement repris de l'appellation d'Abraham, le titre de « Père des peuples »[61] (Отец народов) ou encore de « Grand guide des peuples » (Великий вождь народов) signale que Staline a réussi à s'identifier non seulement à la nation soviétique mais aussi à d'autres nations du monde grâce à sa victoire sur le nazisme qui lui confère un réel prestige dans le monde bien au-delà des seuls cercles communistes.
Le « second stalinisme » se caractérise aussi par un retour encore plus affirmé au nationalisme et au chauvinisme, un renforcement de la russification et de la répression des minorités, une campagne antisémite contre le « cosmopolitisme »[62].
L'emprise de Staline sur le champ culturel et scientifique s'alourdit aussi considérablement. Il fait réécrire en permanence l'histoire, notamment pour apparaître comme le coauteur de la Révolution russe, pour gommer le rôle de ses opposants et victimes, ou pour attribuer à des Russes la paternité de toutes les grandes inventions contemporaines. Il accentue son soutien aux théories charlatanesques du biologiste Trofim Lyssenko, et ravage ainsi la génétique soviétique. Il se mêle même d'intervenir dans les débats linguistiques (Le Marxisme dans les questions linguistiques, 1951) et prétend que la manipulation du langage permettra l'avènement de « l'homme nouveau », prétention qui inspire à George Orwell la satire du novlangue. Les écrivains, musiciens et artistes voient leurs créations étroitement soumises au réalisme socialiste, et Staline charge son protégé Andreï Jdanov de les remettre au pas par une violente campagne doctrinaire (Jdanovtchina).
Accentuant une tendance autocratique déjà nette avant la guerre, Staline ne réunit pratiquement plus le Politburo et espace à l'extrême les congrès du Parti : cinq seulement de 1927 à 1953, dont aucun entre 1939 et 1952, alors qu'il s'en tenait un par an même en pleine guerre civile russe. S'il ne pratique plus de grandes purges comme avant-guerre, il terrorise son propre entourage, humiliant souvent en public ses plus fidèles serviteurs, les frappant à travers leurs épouses, leurs frères, etc. et leur faisant miroiter à toute occasion la possibilité d'une disgrâce fatale. Il s'apprête notamment à éliminer le chef de la police Lavrenti Beria lorsque la mort le saisit[63].
Mort
Souffrant depuis plusieurs années d'athérosclérose, il avait déjà subi plusieurs attaques cardiaques qui l'avaient amené à arrêter de fumer et boire moins d'alcool au profit du thé[64].
Le soir du 28 février 1953, après avoir réuni au Kremlin un Præsidium de 25 membres au sujet du complot des blouses blanches, Staline emprunte vers 23 heures une des trois limousines ZIS 110 devant le mener à sa datcha de Kountsevo (ancienne résidence d'été des princes d'Orlov[65]), près de Moscou, les deux autres étant des leurres : chaque voiture prend un itinéraire différent chaque soir. Il prend son dîner dans le salon de la datcha en compagnie de Beria, Malenkov, Boulganine et Krouchtchev puis monte se coucher dans une de ses sept chambres, toutes fermées par une porte blindée[66].
Staline ne se manifeste pas pendant toute la journée du 1er mars et ne commande aucun de ses repas[67], contrairement à son habitude. L'arrivée du courrier du comité central du Kremlin donne le prétexte de déranger Staline malgré ses consignes. Selon le garde du corps de Staline Alexandre Rybine, c'est l'officier de sécurité Piotr Lozgatchev qui force la porte et trouve Staline tout habillé (son pantalon de pyjama trempé d'urine[65]), allongé sur le tapis, inconscient, frappé par une attaque cérébrale, vraisemblablement peu de temps après le départ de ses collaborateurs[68]. Les Mémoires de Khrouchtchev mentionnent que c'est la vieille gouvernante de Staline Matrena Boutouzova qui le découvre ainsi. Les gardes déplacent Staline sur le canapé du salon avant de décider ce qu'il convient de faire. Son plus proche collaborateur Gueorgui Malenkov, averti de la situation, téléphone à Beria seul habilité à autoriser un médecin à s’approcher de Staline (il soupçonnait ses médecins de vouloir le tuer) mais le chef de la police politique est introuvable[69]. Dans la nuit du 1er au 2 mars, le chef de la garde convoque les principaux collaborateurs de Staline à la datcha, dont Khrouchtchev, Boulganine, Béria, Malenkov, qui découvrent alors Staline inconscient mais pas encore mort. Ayant peur de son courroux s'ils lui faisaient mal, ils attendent plusieurs heures avant d'appeler un médecin, alors que Staline avait déjà été frappé par cette attaque depuis plus de 24 heures. Selon certains témoignages, Béria s'opposa à la convocation de médecins, sachant que Staline préparait une purge qui le concernait ; il avait donc tout intérêt à ce que Staline meure. Lorsque le médecin arrive, il est trop tard, Staline est déclaré mort le 5 mars à 6 h du matin[70]. Selon le témoignage de sa fille Svetlana, Staline au cours de sa longue agonie aurait manifesté des moments de conscience avant de mourir. Selon un memorandum de Beria publié conformément à ses souhaits après sa mort, le décès de Staline est attribué à un empoisonnement par l'un de ses rivaux, Viatcheslav Molotov, pour achever Staline : victime d'une attaque lors de la discussion houleuse du Præsidium du 28 février, il fut ramené dans sa datcha et Molotov aurait versé de la warfarine dans son cognac[71]. Le rapport médical officiel sur la mort de Staline déclare que ce dernier serait tombé malade dans les premières heures du 2 mars, sans doute pour dissimuler le fait qu'il fut laissé sans assistance médicale durant toute une journée[72].
L'aura de Staline est telle que la Pravda passe sous silence, pendant près d'une semaine, la mort du compositeur Sergueï Prokofiev, survenue le même jour, 50 minutes avant celle du « génial père des peuples »[73].
Les funérailles de Joseph Staline se déroulent du 6 au 9 mars 1953 à Moscou. Elles sont marquées par des bousculades qui font près de 1 500 morts[74]. Dans le monde socialiste, dans le mouvement communiste international et chez les anciens Alliés de la Seconde Guerre mondiale, le chagrin et la déférence semblent alors les sentiments dominants, au moins en public, ainsi que la peur devant un avenir désormais incertain.
Son cercueil est placé dans le mausolée de Lénine sur la Place Rouge, à côté du sarcophage du fondateur de l'URSS. En octobre 1961, à la suite du XXIIe Congrès du PCUS dénonçant le culte de la personnalité du petit père des peuples, Nikita Khrouchtchev décide de retirer le cercueil de Staline du mausolée[75]. Dans la nuit du 31 octobre au 1er novembre 1961, Staline est enterré à la sauvette derrière le mausolée, près du mur du Kremlin, dans ce qui deviendra un petit cimetière des hauts personnages de l'URSS[76].
« Legs politique »
Le décès de Staline marque la confirmation de la « coexistence pacifique » sur le plan international, tout comme elle entraîne vite une vague d'événements en URSS et dans le bloc soviétique. En Union soviétique, une direction collégiale se met en place, dominée un temps par Lavrenti Beria qui contrôle toujours l'appareil policier et certains ministères stratégiques. Beria se transforme paradoxalement en champion de la libéralisation : il relâche les accusés du « complot des blouses blanches » en reconnaissant que leurs « aveux » ont été extorqués par la torture, et amnistie dès le mois de mars près d'un million de condamnés de droit commun qui sortent alors du Goulag. Le stalinisme n'est pas pour autant renié encore officiellement.
Dans le bloc de l'Est, la mort de Staline entraîne un soulèvement contre le régime à Berlin-Est et en RDA à partir du 16 juin, donnant l'espoir d'une réunification allemande rapide, mais le mouvement est sévèrement réprimé.
Après une longue période de flottement, qui se solde entre autres par l'exécution du chef du KGB Lavrenti Beria, Nikita Khrouchtchev arrive à la tête du pays. En 1956, l'URSS rompt officiellement avec le stalinisme au cours du XXe congrès du Parti communiste de l'Union soviétique. En 1961, le corps embaumé de Staline est retiré du mausolée de Lénine et Stalingrad devient Volgograd. Les rescapés du régime stalinien sont libérés du Goulag et la réhabilitation globale des victimes de Staline, initiée par Khrouchtchev, stoppée sous Brejnev, est relancée sous Gorbatchev et achevée après la dislocation de l'URSS. Hélène Carrère d'Encausse a qualifié la déstalinisation enclenchée en 1956 à la lecture du « rapport secret » de Khrouchtchev de « deuxième mort de Staline ».
En revanche, les successeurs de Staline ne réforment pas le système économique et social hérité de son règne, malgré ses défauts de plus en plus évidents (bureaucratisme, pénuries chroniques, sous-productivité, absence d'initiative personnelle, coût écologique, déséquilibre des branches au profit d'une industrie lourde de moins en moins adaptée à l'évolution historique, etc.). L'effondrement des régimes d'Europe de l’Est (1989) et la désintégration de l'URSS (1991) achèveront l'agonie de la structure du système économique soviétique près de 35 ans plus tard.
Après 1961, seules la République populaire de Chine de Mao Zedong, la Corée du Nord de Kim Il-sung et l'Albanie d'Enver Hodja continuent à se réclamer ouvertement de Staline, et ce jusqu'à la mort de Mao Zedong en 1976. Même aujourd'hui, la critique de Staline n'est pas à l'ordre du jour en Chine populaire et encore moins en Corée du Nord, souvent considérée comme « le dernier régime stalinien de la planète ».
À l'heure actuelle, sur le plan international, plusieurs partis communistes de faible importance (PC de Grèce (KKE), Parti communiste bolchevik (en) de Nina Andreeva (en), Russie laborieuse (en) de Viktor Anpilov (en), Parti communiste ouvrier de Russie (en) de Viktor Tioulkine (en), Union des PC russe/biélorusse de Chénine (en), Parti du travail de Belgique, entre autres) ont annoncé avoir réévalué positivement l'œuvre et les mérites de Staline. D'autres groupes parfois maoïstes continuent à se réclamer plus ou moins directement de Staline : Parti communiste du Népal, Sentier lumineux au Pérou, ou en France un groupuscule comme l'Union des révolutionnaires-communistes de France. Ces organisations affirment incarner le « marxisme-léninisme véritable ». Quelques rares auteurs staliniens très controversés développent également une vision encore très favorable de Staline et de son action, dont ils passent sous silence ou minimisent les nombreuses zones d'ombre : ainsi le Belge Ludo Martens ou l'historienne française Annie Lacroix-Riz, qui s'appuient surtout sur l'ouverture des archives soviétiques et européennes pour relativiser la critique antistalinienne, encore dominante, déclenchée par le rapport Kroutchev de 1956.
En Russie, le culte de Staline n'est pas exclusivement le fait de nostalgiques du régime. Il est également entretenu par des milieux ultra-nationalistes qui considèrent que le mérite essentiel de Staline a été de créer un État fort incarnant le destin de la nation russe. Ce culte est généralement associé à l'antisémitisme. La plupart des staliniens considèrent que ce sont des Juifs qui ont incarné les tendances les plus internationalistes du marxisme (Trotsky, Rosa Luxemburg, Zinoviev, Kamenev, etc.) — Karl Marx étant lui-même d'origine juive.
D’après un sondage réalisé en 2015, 45 % de la population justifiait alors les répressions staliniennes[77].
Controverses
De nombreuses interprétations contradictoires ont été suscitées par l'ampleur des crimes de Staline, mais aussi par celle des mutations qu'il a fait connaître à la Russie. Selon le mot de Churchill, « Staline a hérité d'une Russie à la charrue, et l'a laissée avec l'arme atomique »[78].
Pendant les Grandes Purges, de nombreux Soviétiques, dans les villes surtout, étaient sincèrement convaincus que Staline ignorait ce qui se passait dans le pays et qu'on lui cachait la vérité. C'était là la reprise du très vieux thème du bon tsar victime de ses mauvais ministres.
De même, de très nombreux communistes, envoyés brusquement en prison ou au Goulag sans pouvoir comprendre ce qu'on pouvait bien leur reprocher, persistaient de toutes leurs forces à défendre Staline et faire appel à lui, croyant avoir en sa personne un recours. Jusqu'au seuil de leur exécution, des condamnés à mort protestaient de leur amour pour lui et de leur dévouement total à sa personne et au Parti, écrivant et déclarant qu'ils mourraient avec le nom de Staline sur les lèvres. En réalité, Staline était parfaitement au courant et pilotait en personne toutes les opérations de la Grande Terreur. Les archives de Moscou ont levé les derniers doutes, et mis au jour 383 listes de condamnations à mort signées de la main de Staline — soit 44 000 exécutions — ou les injures qu'il griffonnait parfois sur les lettres de dévouement ultimes de ses victimes[79].
Du vivant même de Staline, on glosa sans fin à l'étranger et jusqu'au sein du Parti sur ses origines caucasiennes, et on fut tenté d'expliquer ses crimes comme une manifestation de « barbarie asiatique ». Ossip Mandelstam fut déporté sans retour pour avoir stigmatisé dans une pièce de vers « le montagnard du Kremlin », « l'homme au large poitrail d'Ossète ».
Armés de leurs préjugés racistes, les nazis et leurs collaborateurs poussèrent ad nauseam l'assimilation de Staline, russe ou caucasien, à l'Asiatique dégénéré et cruel — bien qu'Hitler n'ait jamais caché en privé son admiration pour Staline, seul homme à ses yeux à avoir su faire marcher au pas les « sous-hommes » slaves, et dont il enviait sa capacité de faire fusiller ses généraux contestataires. Les parentés, mais aussi les différences tout aussi notables des deux dictateurs totalitaires, restent un sujet de discussion inépuisable, notamment depuis les travaux de Hannah Arendt (Les Origines du totalitarisme, 1951) et la double biographie pionnière d'Alan Bullock (Hitler et Staline : vies parallèles, Paris, Albin Michel, 1993).
D'autres voient Staline avant tout comme un chef d'État russe, continuateur des tsars et incarnation des ambitions nationales de l'ancienne Russie. Il n'aurait conservé que pour la forme un vernis de discours révolutionnaire. C'était en gros la vision du général de Gaulle, ou celle des nationaux-bolcheviks allemands. Staline a lui-même invité à interroger sa place dans la continuité de l'histoire russe, en se comparant volontiers aux despotes modernisateurs Ivan le Terrible et Pierre le Grand. Néanmoins, il reste difficile de concevoir, par exemple, pourquoi Staline aurait tant tenu à aligner les pays de l'Est, déjà sous sa coupe, sur le modèle soviétique, si ses ambitions impériales avaient été étrangères à toute adhésion profonde au projet révolutionnaire hérité du parti bolchevique.
Le rapport de Staline à la Révolution russe est pareillement controversé. Pour Nikita Khrouchtchev en 1956, la dérive de Staline n'aurait commencé qu'en 1934, ce qui permettait de ne pas remettre en cause la collectivisation désastreuse ni les choix d'industrialisation forcenée, encore moins l'œuvre de Lénine. Les communistes furent à ses yeux les principales victimes de Staline, et les Grandes Purges, tombées sur un Parti présenté comme innocent, ne seraient dues qu'à sa « paranoïa » personnelle — explication intenable aujourd'hui, et au demeurant fort peu marxiste. Pour Trotski et les trotskistes, Staline est d'abord le représentant de la bureaucratie, qui a « trahi la révolution » en la privant de sa dimension internationale au profit du « socialisme dans un seul pays », et qui a liquidé l'héritage de Lénine ainsi que la vieille garde. Aux yeux de Trotski, Staline représentait le « Thermidor » de la révolution russe (bien qu'au contraire du Thermidor français, celui-ci ait relancé la transformation sociale et la terreur à un degré que nul n'aurait osé prévoir)[80].
Pour de nombreux anarchistes ou sociaux-démocrates, ainsi que pour la plupart des historiens actuels, il n'y a pas au contraire de discontinuité entre Lénine et Staline.
Nul n'avance certes que Lénine aurait été du genre à promouvoir la bureaucratie, le nationalisme, l'antisémitisme, l'académisme, les théories de Lyssenko ou un culte de sa personnalité. Mais dans la lignée de la biographie pionnière et toujours utilisable de Boris Souvarine[81], les historiens soulignent qu'il a laissé à Staline la dictature du parti-guide infaillible, le centralisme démocratique interdisant les tendances, le culte du secret, l'apologie de la violence « nécessaire » et de l'absence de scrupules moraux au nom de la révolution, ainsi qu'un État policier déjà tout-puissant ayant liquidé toutes les oppositions et employant un certain nombre de pratiques perfectionnées ultérieurement par Staline (responsabilité collective des familles, stigmatisation-discrimination collective de groupes sociaux, procès truqués, censure, persécutions religieuses, massacres, premiers camps de travail, etc.).
En tout état de cause, Staline lui-même était militant bolchevique depuis trop longtemps pour qu'on puisse exonérer raisonnablement le Parti de toute responsabilité dans la formation de sa personnalité et de ses méthodes. La récente biographie de Simon Sebag Montefiore, par exemple, met fréquemment en parallèle les comportements et la sociabilité du Staline des années 1930-1950 (et de ses amis) avec ceux hérités de la guerre civile. De très nombreux bolcheviks entrés au Parti dès l'adolescence, souvent bien avant la révolution, ont d’ailleurs servi la politique (et les crimes) de Staline sans état d'âme (Molotov, Kliment Vorochilov, Boudienny, Grigory Ordjonikidze, Kirov, Iagoda, Iejov, etc.).
Par ailleurs, s'il est certain aujourd'hui que Staline est responsable de la mort de plus de communistes qu'aucun dictateur anticommuniste au monde (même Hitler a, comparativement, tué moins de dirigeants du KPD), la thématique faisant des communistes les « premières victimes de Staline » est relativisée fortement. Nicolas Werth montre ainsi que 94 % des victimes des Grandes Purges de 1937-1939 n'étaient pas communistes.
Enfin, aujourd'hui, le jugement du peuple russe, pourtant parmi les premiers à avoir souffert des méfaits de Staline, est loin d'être unanime. Ainsi, un sondage[82] réalisé par l'institut Youri Levada en mai 2006 révèle que les avis favorables et défavorables des Russes envers la personnalité de dirigeant de Joseph Staline s'équilibrent à peu près (différence des pourcentages favorables moins défavorables égale à -2). Si l'on compare au même jugement porté par exemple sur Mikhaïl Gorbatchev (-24), on constate une forte inversion par rapport au jugement généralement porté par l'Occident. L'écrivain Alexandre Zinoviev est passé d'une critique sans concession du stalinisme à une critique non moins mordante de l'antistalinisme.
Bilan des assassinats de masse et déportations commis sous Staline
À gauche : lettre de Beria à Staline en janvier 1940, demandant l'exécution de 346 « ennemis du peuple » Au milieu : note de Staline : « за » (approbation). À droite : la décision du politburo signée par Staline. |
La déportation continue de centaines de milliers d'opposants réels ou supposés, les emprisonnements arbitraires, et l'interdiction de toute contestation de la personne de Staline sont emblématiques de la période 1922-1953. L'historienne Anne Applebaum estime que 18 millions de Soviétiques ont connu le Goulag sous Staline et six autres millions l'exil forcé au-delà de l'Oural ; un à deux millions de personnes y décédèrent. En tout, un Soviétique adulte sur cinq connut le Goulag de par la politique stalinienne[83]. Des gens disparurent pour avoir mal orthographié le nom de Staline ou pour avoir enveloppé un pot de fleurs avec une page de journal comprenant sa photo[réf. nécessaire]. On distingue cependant plusieurs épisodes marquants :
1930-1932 : « déportation-abandon » (Nicolas Werth) de deux millions de koulaks au-delà de l'Oural, où ils sont laissés à eux-mêmes sans les moindres structures ni habitations pour les accueillir. Beaucoup périrent de faim et de dénuement.
1932-1933 : résultante notamment de la collectivisation forcée des terres, la famine ravage les riches terres à blé ukrainiennes, et fait entre 6 et 8 millions de morts, dont 2,6 à 6 en Ukraine, où elle est appelée holodomor (littéralement : meurtre par la faim). Si sa qualification en tant que génocide demeure controversée[84], Staline porte en tout cas la responsabilité d'avoir refusé d'écouter les avertissements nombreux qui lui parvenaient, et qui démontraient que la poursuite des collectes forcées conduirait au désastre[85]. Il a nié l'existence même de la famine[réf. souhaitée]. Cependant, selon certains chercheurs (notamment Mark Tauger ou Stephen Wheatcroft), les exportations soviétiques en 1932 et 1933 étaient inférieures à deux millions de tonnes, soit moins que la moyenne des années précédentes et suivantes. Pour eux, la famine est également due à une très mauvaise récolte en 1932 et à l’abandon partiel des populations par le régime. La famine était probablement évitable, mais Staline semble l'avoir laissé se produire plus qu'il ne l'a délibérément organisée[réf. nécessaire].
1937-1938 : les Grandes Purges conduisent à l'exécution de 681 000 personnes et à l'envoi au Goulag d'à peu près un million, aux dires du chef du KGB sous Gorbatchev, Krjuckov en 1989[86]. De nombreuses minorités frontalières sont aussi déplacées de force, comme les 170 000 Coréens qui se retrouvent en Asie centrale, ou de très nombreux Baltes et Polonais. À l'été 1937, Staline lève personnellement l'interdiction de la torture dans les prisons, et ne la rétablit que fin 1938. Il a personnellement signé 383 listes de condamnations à mort collectives représentant un total de 44 000 individus. Rayant tout au plus un nom de temps à autre, quelques mots en marge voire un simple signe d'approbation lui suffisait pour mettre fin en bloc et sans appel à plusieurs centaines d'existences. Dans la soirée du 25 novembre 1938, il signe ainsi avec Molotov l'arrêt de mort de 3 173 personnes, un record.- De septembre 1939 à juin 1941, dans la partie orientale de la Pologne (revenue à l'URSS à la suite du pacte germano-soviétique), deux millions de personnes sont déportées par trains entiers. Des centaines de milliers de ces déportés périrent soit dans les trains, soit dans les camps de Russie septentrionale, de Sibérie ou du Kazakhstan, où beaucoup succombèrent au froid ou à la faim. En mars 1940 y a lieu le massacre de Katyń : 14 736 officiers et fonctionnaires polonais ainsi que 10 685 de leurs concitoyens déjà détenus par le NKVD sont exécutés dans la forêt de Katyń, près de Smolensk, sur ordre de Staline et en raison de leur statut social dans la société polonaise. Katyń ne fut d'ailleurs pas un lieu d'exécution spécifiquement réservé aux Polonais[87]. Des estimations plus récentes ont sensiblement réduit à la baisse les chiffres de cette répression : « Entre septembre 1939 et juin 1941, les Soviétiques assassinèrent ou déportèrent plus de 440 000 Polonais[88] ».
- En 1944, en six jours, l'ensemble du peuple tchétchène est déporté, soit 600 000 personnes, en Sibérie orientale, ainsi que d'autres peuples Allemands de la Volga (en 1941), Tatars de Crimée, Kalmouks, Coréens de Vladivostok (avant 1944) ; ou en partie : Ukrainiens, Estoniens, Lettons, Lituaniens).
Les archives soviétiques ouvertes après la dislocation de l'Union soviétique, montrent qu'environ 800 000 prisonniers sont morts sous Staline (mais en 32 ans 1921-1953) pour des raisons politiques ou criminelles, qu'environ 1,7 million de personnes sont mortes dans les goulags et environ 390 000 dans les transferts de population pour un total d'environ 3 millions de morts officiellement recensés[89].
Les historiens qui ont travaillé après la dislocation de l'Union soviétique estiment quant à eux que le nombre des victimes du régime en dehors des famines se situe entre 4 et 10 millions[90]. Vadim Erlikman, donne les estimations suivantes :
Nombre de victimes[91] | |
---|---|
Exécutions | 1,5 million |
Goulag | 5 millions |
Morts en déportations | 1,7 million |
Prisonniers de guerre et civils allemands | 1 million |
Total | 9 millions |
En incluant les victimes de la famine on arrive à des chiffres de plus de 20 millions[92],[93],[94],[95],[96],[97],[98],[99].
D'autres relèvent 963 766 décès — « ennemis du peuple » et droits communs confondus — dans les camps entre le 1er janvier 1934, jour officiel de la création de l'administration pénale pénitentiaire, et le 31 décembre 1947. « Ce dernier chiffre, ainsi que celui des personnes décédées lors de la déportation des koulaks peut être ajouté au « terrible prix » qui a été payé »[100].
Famille
La mère de Staline meurt en 1937. Staline ne vint pas aux funérailles, mais envoya une couronne. Cet épisode peut dépasser le cadre de la simple anecdote; en effet, l'absence d'un fils aux funérailles de sa mère constitue dans une famille géorgienne quelque chose d'absolument inconcevable[101]. Or Ekaterina Geladzé est morte le 4 juin 1937, c'est à dire en pleine affaire Toukhatchevski (ce dernier et les autres accusés ont été arrêtés fin mai 1937, le procès a eu lieu le 11 juin et l'exécution de la sentence vraisemblablement le 12). L'absence de Staline aux funérailles de sa mère pourrait donc indiquer qu'il considérait sa présence à Moscou comme absolument nécessaire et donc, contrairement à ce qui est généralement admis, que le risque d'un coup d'État militaire était réel ou à tout le moins que Staline le croyait tel[réf. nécessaire].
Il a eu deux épouses : Ekaterina Svanidzé et Nadejda Allilouïeva-Staline. On lui a aussi parfois prêté une maîtresse ou épouse nommée Rosa Kaganovitch, présentée comme sœur de Lazare Kaganovitch[102]. Néanmoins, une telle relation a été niée par Svetlana Allilouïeva[103]. La famille Kaganovitch a également démenti l’existence de cette Rosa[104].
- La première femme de Staline, Ekaterina Svanidzé, dite « Kato », meurt du typhus en 1907, quatre ans seulement après leur mariage. À ses funérailles, Staline aurait confié à un ami que tout sentiment chaleureux qu'il avait eu pour les hommes était mort avec elle, car elle seule pouvait soigner son cœur. Pendant les Grandes Purges, la belle-famille de Staline, après avoir partagé des années son quotidien au Kremlin, est arrêtée puis exécutée avec son accord : Aliocha Svanidze et sa femme Maria Svanidze seront fusillés en 1941.
Kato avait eu un fils, Iakov Djougachvili, que Staline ne vit pas avant son adolescence[105]. Iakov était un garçon timide, souffre-douleur de son jeune demi-frère Vassili, jaloux de lui, mais il était le préféré de sa demi-sœur Svetlana. Un tic crispait régulièrement son visage ce qui exaspérait Staline. Après un mariage raté avec Zoïa Gounina, fille d’un pope, Iakov tenta même de se suicider[106] avec une arme à feu à cause de l'incroyable dureté de son père envers lui, mais il survécut. Après cet épisode, Staline se contenta de déclarer : « Il ne peut même pas tirer droit ». Iakov servit dans l'Armée rouge et fut capturé par les Allemands en juillet 1941. Ayant l'habitude de considérer les prisonniers comme des traîtres et de soumettre leurs familles à des représailles, Staline fit arrêter pendant quelque temps la jeune femme de son fils. Sa sœur Svetlana s’était vivement opposée et a sauvé sa fille Galina quand Staline voulait l’envoyer à Dietskiï Dom[107],[108]. En 1943, Staline refusa de l'échanger contre le Maréchal Friedrich Paulus, capturé par l'Armée rouge lors de la bataille de Stalingrad : « Un lieutenant ne vaut pas un général », aurait-il dit ; selon d'autres sources, il aurait répondu à cette offre : « Je n'ai pas de fils. » Le rapport officiel indique que Iakov s'est suicidé en se jetant contre une barrière électrique du camp de concentration de Sachsenhausen. Si les circonstances exactes de sa mort n'ont pas été entièrement élucidées, la thèse du suicide n'est cependant guère controversée.
- La seconde femme de Staline, Nadejda Alliloueva, meurt le 9 novembre 1932. Elle se suicida au moyen d'une arme à feu (une balle dans le cœur) après une querelle avec Staline, laissant une lettre qui selon sa fille était « en partie personnelle, en partie politique ». Officiellement, elle mourut de maladie. Le dossier médical de Nadia, disponible aujourd'hui, révèle qu'elle souffrait de dépression et de solitude, son mari n'ayant plus guère de temps libre à lui consacrer. Militante bolchévique fervente, et bien que des amis fréquentés à l'université l'aient mise au courant des horreurs de la dékoulakisation et de la famine sévissant en Ukraine, il n'est plus certain aujourd'hui qu'une opposition à la politique de son mari ait été la raison principale de son suicide, comme on le supposait traditionnellement[109],[110].
Le couple avait deux enfants : un fils, Vassili, et une fille, Svetlana Allilouieva.
Choqué par le suicide de sa mère (il avait 13 ans), et marqué par son enfance très particulière dans un foyer familial que gardaient les agents du NKVD, Vassili fut un adolescent dissolu et fugueur, travaillant mal à l'école, puis s'adonnant vite à l'alcoolisme. Il s'éleva dans les rangs de l'armée de l'air soviétique où son père l'avait poussé à s'engager, bien que Vassili n'avait pas de réel intérêt à intégrer les forces aériennes de l'Armée rouge[111]. Il se battit — plutôt bien — pendant la guerre et grâce à son père obtint d'importantes promotions. À la mort de son père, Vassili fut interné quelque temps par Beria[111]. Il mourut officiellement d'alcoolisme en 1962 ; ce point est cependant parfois débattu. Il laisse à Staline quatre petits enfants : Alexandre (1941-2017) devenu metteur en scène du Théâtre académique central de l'Armée russe, et une fille Nadejda (1943-1999) de son mariage avec Galina Aleksandrovna Bourdonskaïa (1921-1990), et Vassili (1949-1972) et Svetlana (1947-1989) de son mariage avec Iekaterina Semionovna Timochenko (1923-1988), la fille du maréchal de l'Union soviétique Semion Timochenko.
Svetlana eut une relation privilégiée avec son père, celui-ci étant très attentionné vis-à-vis d'elle pendant son enfance, au contraire des sentiments qu'il manifestait envers ses fils. Les amis qu'eut Svetlana en grandissant étant pour certains d'origine juive, ce qui put confirmer Staline dans son idée d'infiltration de son entourage par les milieux sionistes. En 1943, il l'oblige à rompre sa relation avec un cinéaste juif, Alexis Kapler, de vingt-quatre ans plus âgé qu'elle, et envoie celui-ci au Goulag. La distance avec son père se creusa encore plus après son mariage avec un juif, Grigori Morozov, que Staline a refusé de voir, ainsi que leur fils Iossif Morozov[112]. Un grand choc pour Svetlana fut la découverte, en lisant en 1942 un article dans une revue anglaise, que sa mère n’était pas morte d’une crise de l’appendicite, mais d’un suicide[113]. Conséquence de la dégradation croissante de leurs relations personnelles, Svetlana critiquera durement la politique de l'État et donc de son propre père après la fin de l'ère stalinienne[111], surtout après 1967 et sa fuite de l'Union soviétique[108].
Une descendance de Staline subsiste aujourd'hui[114]. En mars 2001, la chaîne russe privée NTV découvrit un petit-fils auparavant inconnu vivant à Novokouznetsk. Iouri Davydov raconta à la NTV que son père l'avait informé de son lignage, mais, parce que la campagne contre le culte de la personnalité de Staline était à son apogée, lui avait dit de se taire. L'écrivain dissident Alexandre Soljenitsyne avait effectivement mentionné l'existence d'un fils de Staline né en 1918 durant l'exil de Staline en Sibérie du Nord.
Vie privée et personnalité
« Tout petit, cauteleux, peu sûr de lui, cruel, nocturne et d'une méfiance perpétuelle, Staline paraît tout droit sortir de la Vie des douze Césars de Suétone, plutôt qu'appartenir à la vie politique moderne. » C'est ainsi que l'historien Eric Hobsbawm présente Staline dans son livre consacré à l'histoire du « court vingtième siècle »[115].
Staline n'a quitté la Russie qu'exceptionnellement et ne connaissait que le géorgien et le russe. Après 1929, il vit cloîtré au Kremlin, dirigeant invisible qu'on ne voit en public qu'à de rares occasions. Son temps s'écoule entre son bureau et sa datcha de Kountsevo près de la capitale, avec l'été des vacances à Sotchi au bord de la mer Noire.
Staline vit en décalage temporel, utilisant la soirée et la nuit pour travailler — puis festoyer avec ses courtisans[116] — se couchant à l'aube et se levant l'après-midi. Il impose dès lors son rythme d'existence à ses proches collaborateurs, et de là à d'innombrables fonctionnaires de Moscou et d'URSS, à tous les échelons.
Soucieux de tout contrôler dans les moindres détails, il pratique l'intervention directe dans des affaires de tout degré d'importance. Le moindre général au front, le moindre directeur d'usine ou de kolkhoze, le moindre écrivain pouvait un jour entendre son téléphone sonner avec Staline en personne au bout du fil. La moindre lettre de citoyen soviétique, la moindre demande d'aide — ou la moindre dénonciation — pouvait obtenir une réponse manuscrite de Staline en personne, ce qui contribuait à renforcer l'image d'un dirigeant omnipotent et proche des gens, mais aussi à tenir en inquiétude les responsables de tout ordre.
Bourreau de travail, Staline avait conservé de son passé de conspirateur une mémoire prodigieuse et travaillait fréquemment jusqu'à 16 heures par jour. Dévoré par la passion du pouvoir, il mène un train de vie spartiate et n'a jamais semblé intéressé par le luxe et l'argent que ce pouvoir absolu pouvait lui offrir. S'il saoule fréquemment son entourage au cours de nuits festives parfois quasi-orgiaques, lui-même reste en réalité fort sobre et se sert de ces banquets comme moyen de contrôle politique, l'alcool déliant les langues. Ainsi, en 1935, le diplomate français Alexis Leger, secrétaire général du Quai d'Orsay, alors présent à Moscou avec Pierre Laval, le président du Conseil français, constate que Staline se fait verser de la vodka depuis un carafon personnel qui, en réalité, contient de l'eau.
Des travaux récents ont contesté la représentation traditionnelle d'un Staline grossier et inculte, terrorisant ses proches à coup de colères menaçantes. La synthèse récente de Simon Sebag Montefiore[117], la « plus éminente médiocrité du Parti » (dixit Trotski) décrit Staline comme étant, en réalité, un autodidacte passionné et un dévoreur de livres. Sa bibliothèque comportait 20 000 volumes dont beaucoup soigneusement annotés et fichés. Il possédait tous les ouvrages de référence du marxisme, mais aussi toutes les œuvres de ses ennemis, tels Trotski ou Souvarine. Il connaissait tous les grands classiques géorgiens, russes et européens, appréciait le ballet et la musique, allant revoir une vingtaine de fois incognito Le Lac des Cygnes. Tel jadis le tsar Nicolas Ier censurant en personne Alexandre Pouchkine, il lisait lui-même de nombreux manuscrits de poètes et romanciers, et visionnait pratiquement tous les films (il raffolait des westerns et des films policiers américains et était un admirateur de Spencer Tracy et Clark Gable[118]) qui sortaient en URSS. S'il fit éliminer sans états d'âme tous les écrivains qui avaient un jour pu le critiquer (Boris Pilniak, Ossip Mandelstam, Isaac Babel, etc.) il laissa vivre Mikhaïl Boulgakov, ou Boris Pasternak qu'il jugeait un « doux rêveur » inoffensif, et se limita à brimer Anna Akhmatova.
L'ouvrage de Montefiore, appuyé sur une masse de nouveaux documents et témoignages, souligne également la part d'humanité troublante que l'un des pires despotes du XXe siècle pouvait conserver. Comme le décrit l'historien britannique, le même homme qui détruisit froidement des millions d'existences savait aussi être un très bon mari sincèrement accablé par l'énigmatique suicide de sa femme, un père attentionné et un ami chaleureux. Surtout jusqu'aux Grandes Purges de 1937, il règne sur son entourage plus par ses capacités de charme que par ses colères ou la terreur qu'il inspirera surtout sur la fin. Pour Montefiore, ni fou ni paranoïaque, Staline suit toujours une réelle rationalité politique même dans ses plans répressifs ou son appui aux théories les plus démentes (lyssenkisme, réalisme socialiste dans l'art) pour peu qu'ils puissent renforcer son pouvoir.
Notes et références
En cyrillique: Иосиф Сталин
Nom de naissance en georgien: Iosseb Bessarionis dze Djoughachvili (იოსებ ბესარიონის ძე ჯუღაშვილი); en russe: Iossif Vissarionovitch Djougachvili (Иосиф Виссарионович Джугашвили.mw-parser-output .prononciation>a{background:url("//upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/8/8a/Loudspeaker.svg/11px-Loudspeaker.svg.png")center left no-repeat;padding-left:15px;font-size:smaller}
prononciation)
Officiellement le 21 décembre 1879. Quoiqu'il y ait des informations contradictoires dans les sources au sujet de la date de naissance de Staline, le registre des naissances de l'église Ouspensky à Gori mentionne la naissance de Iossif Djougachvili le 18 décembre 1878 (6 décembre en calendrier julien)[1]. Cette date est également mentionnée sur son diplôme scolaire, sa fiche signalétique de la police tsariste, un procès-verbal d'une arrestation datée du 18 avril 1902 où il affirme avoir 23 ans, ainsi que dans tous les documents pré-révolutionnaires existants. Staline lui-même mentionne le 18 décembre 1878 dans un curriculum vitæ rédigé de sa main en 1921. Cependant, à partir de 1922, cette date de naissance est changée pour le 21 décembre 1879 (9 décembre en calendrier julien), date à laquelle sera fêté son anniversaire en Union soviétique. Le dramaturge Edvard Radzinsky suggère que ce changement fut opéré afin que la célébration du 50e anniversaire de Staline puisse se dérouler à travers tout le pays, et qu'en 1928 son pouvoir n'était pas encore suffisamment assis pour ce faire. Dans son ouvrage Staline (éd. Fayard, 2001), l'historien Jean-Jacques Marie montre en revanche qu'il avait déjà modifié sa date de naissance bien avant 1914.
Henry Rousso, Nicolas Werth, Stalinisme et nazisme, histoire et mémoires comparées, Éditions Complexe, 1999, p. 61.
Voir le § Bilan des assassinats de masse et déportations commis sous Staline.
Archie Brown, The Rise and fall of communism, Vintage Books, 2009, pages 493-494.
Nicolas Werth, « La Leçon d'histoire de Vladimir Poutine », L'Histoire, no 324, octobre 2007.
La paternité discutée de Vissarion est étudiée dans Simon Sebag Montefiore, Le jeune Staline, p. 57.
Staline de Jean Elleinstein.
Son inscription remonterait aux alentours du 15 août 1894 (Simon Sebag Montefiore, Le jeune Staline, p. 86).
Simon Sebag Montefiore, Le jeune Staline, p. 89.
Simon Sebag Montefiore, Le jeune Staline, p. 100.
Simon Sebag Montefiore, Le jeune Staline, p. 98.
Simon Sebag Montefiore, Le jeune Staline, p. 103.
Simon Sebag Montefiore, Le jeune Staline, p. 108.
Staline de Jean Elleinstein, p. 115.
Koba (Ours) : héros du Patricide, roman de l'écrivain géorgien Alexandre Kazebegui, qui a une forte influence sur Staline, qui l'avait découvert au séminaire (J.S. Montefiore, Le jeune Staline, p. 99).
Le 13 juin 1907 (calendrier julien), plus de 40 personnes sont tuées lors de l'attaque de la banque d'État de Tbilissi. (Simon Sebag Montefiore, Le jeune Staline, p. 31, (en) « prologue : the bank-robbery », p. 10, et la recension d'Andrew Nagorski, « (en) New Stalin, Old Stalin, Same Stalin », Newsweek, 25 octobre 2007.
Dominique Venner, Le Siècle de 1914 : utopies, guerres et révolutions en Europe au XXe siècle, Pygmalion, 2006, 408 pages, p. 125 (ISBN 978-2-85704-832-9).
Stéphane Courtois, « Comment comprendre Staline », Académie des sciences morales et politiques, séance du lundi 24 février 2003.
Jean Benoît, Staline, Resma, 1969, 301 pages, p. 46, qui précise qu'un « autre eut pour théâtre le vapeur Nicolas-II, ancré à Bakou » et que « le vrai rôle de Staline dans ces coups de force fut longtemps dissimulé ».
Staline, Jean Elleinstein, p. 120.
Staline, Jean Elleinstein, p. 129.
Chronique de Joseph Staline, Éditions Chroniques, 1995.
Staline, Jean Elleinstein, p. 137.
Staline, Jean Elleinstein, p. 140.
Pierre Broué, Trotski, Fayard, 1986, p. 260-261.
Sur la naissance du groupe de Tsaritsyne et son importance cruciale par la suite, Pierre Broué, ibidem, p. 261. Sur les liens personnels de Staline avec la police politique, Simon Sebag Montefiore, Staline, la cour du tsar rouge, Éd. des Syrtes, 2005, passim.
Sur cette « plébéinaisation du Parti » et son rôle dans l'ascension de Staline, Marc Ferro, Naissance et effondrement du régime soviétique, Hachette Pluriel, 1997.
Post-scriptum du Testament de Lénine (4 janvier 1923).
Boris Souvarine, dans sa biographie pionnière de Staline, utilise longuement le concept d'« oligarchie » dirigeante pour décrire le régime bolchevique né dès la révolution d'Octobre, auquel Staline substitue son pouvoir personnel en s'appuyant sur la bureaucratie née par la suite. Staline. Aperçu historique du bolchevisme, Plon, 1935.
J. Staline, Les questions du léninisme, Moscou, Editions en langues étrangères, 1947, 639 p., p. 114.
L'agent du NKVD Krivitsky, passé à l'Ouest à la fin des années 1930, a appris à Boris Souvarine que telle était la dénomination méprisante dont Staline affublait en privé la IIIe Internationale. Cf. Sophie Cœuré, La Grande lueur à l'Est. Les Français et la révolution russe 1917-1939 Seuil, 1998.
Le chiffre de six millions de morts semble cependant être plus proche de la réalité.
Sergueï Skliarov, « Grande Famine : un silence de mort à Moscou » dans Nezavissimaïa Gazeta, cité dans Courrier international du 23 novembre 2007, [lire en ligne].
Nicolas Werth, « Un État contre son peuple », dans Le Livre Noir du Communisme, Robert Laffont, 1997.
Oleg Khlevniouk, Le Cercle du Kremlin, Seuil, 1996.
Sur le GOSPLAN et les plans quinquennaux, voir la Grande Encyclopédie Soviétique, articles Государственный плановый комитет et Пятилетние планы развития народного хозяйства, en ligne.
Sur le Ier plan, Allessandro Monigli, Staline et le Stalinisme, Casterman, 1995.
« Le nouveau Code du mariage et de la famille de la R.S.F.S.R. », Revue internationale de droit comparé, vol. 22, no 3, {{Article}} : paramètre «date
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Selon Jean-Jacques Marie, Staline, op. cit. Les vrais résultats furent dissimulés et Staline officiellement réélu avec seulement trois bulletins contre lui. La commission de dépouillement fut presque intégralement assassinée pendant les Grandes Purges.
Nombreux exemples de la relative distanciation que ses premiers fidèles conservaient envers Staline et son culte dans Simon Sebag Montefiore, Staline. La Cour du Tsar Rouge, op. cit., ou encore Oleg Khlevniouk, Le Cercle du Kremlin, op. cit.
Voir l'étude historique La Danĝera Lingvo d'Ulrich Lins.
Ces mécanismes et objectifs de la Grande Terreur ont été analysés par Oleg Khlevniouk, Le Cercle du Kremlin, op. cit., ou encore par Nicolas Werth, La terreur et le désarroi. Staline et son système, Perrin, 2007.
Anne Applebaum, Goulag, une histoire, Grasset, 2003. Voir aussi Robert Conquest, La Grande Terreur, Robert Laffont, 1977.
Anne Applebaum, Goulag, Grasset, 2005.
Oleg Khlevniouk, Le Cercle du Kremlin, op. cit., détaille longuement le conflit Staline-Ordjonikidzé.
Simon S. Montefiore, Staline. La Cour du Tsar Rouge, op. cit.
Pierre Broué, Histoire de la IIIe Internationale, Paris, Fayard, 1999, en particulier le chapitre : « Ils ont livré la citadelle ».
Bartolomé Bennassar, La Guerre d'Espagne et ses lendemains, Perrin, 2004. Voir aussi Pierre Broué, Staline et la révolution : le cas espagnol, Fayard, 1996.
Jean-Jacques Marie, Staline, Fayard, 2001.
Churchill écrit à ce sujet : « L'offre des Soviétiques fut de fait ignorée. Ils ne furent pas mis à peser sur la balance contre Hitler et furent traités avec une indifférence, pour ne pas dire un dédain, qui marqua l'esprit de Staline. Les événements se déroulèrent comme si la Russie soviétique n'existait pas. Nous avons après-coup terriblement payé pour cela. » (The Second World War, vol. 1, p. 104).
Les déportations massives et brutales sont décrites par Anne Applebaum, Goulag, op. cit.
Jean-Jacques Marie, Staline, op. cit., ou encore Simon S. Montefiore, Staline, La Cour du Tsar Rouge, op. cit., décrivent avec précision les faits et gestes de Staline durant les premières heures et les premiers jours de l'invasion.
Anthony Beevor, Stalingrad, Le Livre de poche, 2003, et le film de Jean-Jacques Annaud du même nom qui en est inspiré. Aussi Montefiore, La Cour du Tsar Rouge, op. cit.
Jean-Jacques Marie, Peuples déportés d'Union Soviétique, Casterman, 1996.
Alexandra Viatteau, Varsovie insurgée, Editions Complexe, 1984, 215 p. (lire en ligne)
Dès le début de l'invasion de l’URSS, par l'intervention des Einsatzgruppen, exécutants de la Shoah par balles.
Voir le tableau des pertes humaines de la guerre.
Guy Hentsch, Staline négociateur. Une diplomatie de guerre, Éditions de la Baconnière, 1967, p. 292.
Arkadi Vaksberg, Staline et les Juifs, Robert Laffont, 2003.
En français, la traduction la plus correcte retenue par l'Académie Française est « Père des peuples » (voir la réponse au discours de réception de Hélène Carrère d'Encausse, ainsi que ses ouvrages), sans diminutif, bien que l'on trouve parfois, sous des plumes françaises le diminutif « petit », confusion avec d'autres surnoms historiques (le « petit père Combes »). La propagande veillait : ni la Pravda, ni le PCF n'utilisaient de diminutif, même chaleureux, pour parler de Staline de son vivant. Ses titres et surnoms se voulaient au contraire grandiloquents, accolant souvent l'épithète « génial » au « père des peuples ».
Roy Medvedev, Le Stalinisme, 1971.
Jean-Jacques Marie, Les Derniers Complots de Staline, Complexe, 1997.
(en) Zhores A. Medvedev, The unknown Stalin : His Life, Death, and Legacy, New York, Overlook, 2005, p. 6.
Diane Ducret, Emmanuel Hecht, Les derniers jours des dictateurs, L'Express/Perrin, 2012, p. 221.
(en) Simon Sebag Montefiore, Stalin : The Court of the Red Tsar, New York, Alfred A. Knopf, 2004, p. 189.
Paranoïaque, il a l'habitude de les faire goûter.
Alexandre Rybine, « Aux côtés de Staline », dans Sotsiologitcheskoe Issledovanie no 3, 1988, p. 50.
Simon Sebag Montefiore, op. cité, p. 633.
L'Histoire en questions.
Memorandum dans « Lavrentii Beria, 1953 », dans Moskva, Fond Demokratia, 1999.
(en) Michael Wines, « New Study Supports Idea Stalin Was Poisoned », The New York Times, 5 mars 2003(lire en ligne).
Norman Lebrecht, « Prokofiev, la dernière victime de Staline », La Scena Musicale, Montréal, La Scène musicale, vol. 8, no 9, 4 juin 2003, p. 48-49 (ISSN 1486-0317 et 1206-9973, lire en ligne).
Jean Cathala, Le fantôme de la place Rouge, Albin Michel, 1991, p. 87.
Hélène Carrère d'Encausse, Le malheur russe, essai sur le malheur en politique, Paris, Fayard, 1988.
Jean-Jacques Marie, Khrouchtchev. La réforme impossible, Payot, 2010, p. 421.
(ru) « Сталин и его роль в истории страны », sur levada.ru, 31 mars 2015(consulté le 22 mars 2017).
Winston Churchill, discours du 21 décembre 1959 à l'occasion du 80e anniversaire de la naissance de Staline.
Quelques exemples donnés dans Jean-Jacques Marie, Staline, Fayard, 2001.
Voir Tamara Kondratieva, Bolcheviks et jacobins, Payot, 1989, sur la façon dont les acteurs de la révolution d'Octobre ont interprété son évolution au prisme du précédent de la Grande Révolution.
Staline. Aperçu historique du bolchevisme, Plon, 1935.
Comment les Russes jugent ceux qui ont dirigé leur pays au XXe siècle.
Goulag, une histoire, tr. Grasset, 2005.
Andrea Graziosi, The Great Famine of 1932-33 : consequences and implications sur The Ukrainian Terror-Famine of 1932-1933 : Revisiting the Issues and the Scholarship Twenty Years after the HURI Famine Project, Université Harvard, 20 octobre 2003, et Les famines soviétiques de 1931-1933 et le Holodomor ukrainien dans Cahiers du monde russe, no 46/3, 2005.
Voir par exemple la correspondance entre l'écrivain Mikhaïl Cholokhov et Staline, publiée par Nicolas Werth dans Le Livre noir du Communisme, p. 193.
Moshe Lewin, Le siècle soviétique, Paris, Fayard-Le Monde diplomatique, 2003, p. 515.
C'est en 1928 que la forêt de Katyń a été allouée au commissariat du Peuple aux Affaires intérieures. Le NKVD y dispose d'une spacieuse datcha de repos près des rives du Dniepr. Les 100 hectares qui l'entourent vont devenir, au fil des années de terreur stalinienne, un gigantesque ossuaire. Trois cents fosses communes y ont été creusées. Plus de 8 000 Russes et ressortissants de l'Union soviétique y ont été ensevelis par le NKVD.
Stéphane Courtois, « Tout le symbole du mensonge totalitaire », Le Figaro, 1er avril 2009.
Stephen G. Wheatcroft, « Victims of Stalinism and the Soviet Secret Police: The Comparability and Reliability of the Archival Data. Not the Last Word », source : Europe-Asia Studies, Vol. 51, no 2 (mars 1999), pp. 315–345, donne les chiffres suivants : pendant la période 1921–53, le nombre de condamnations pour raisons politiques s'établit comme suit, 4 060 306 condamnations ; 799 473 peines de mort ; 2 634 397 en camps et prisons ; 413 512 exilés ; 215 942 autres. En outre, sur la période 1937–52, il y a eu 14 269 753 condamnations non politiques, dont 34 228 peines de morts, 2 066 637 condamnations à 0–1 an, 4 362 973 condamnations à 2–5 ans, 1 611 293 condamnations à 6–10 ans, et 286 795 condamnations à plus de 10 ans.
Steven Rosefielde, « Documented Homicides and Excess Deaths: New Insights into the Scale of Killing in the USSR during the 1930s ». Communist and Post-Communist Studies, vol. 30, no 3, pp. 321–333, 1997. University of California.
Vadim Erlikman, Poteri narodonaseleniia v XX veke: spravochnik, Moscou 2004, Russkai︠a︡ panorama, 2004(ISBN 5-93165-107-1).
Simon Sebag Montefiore, Stalin: The Court of the Red Tsar (ISBN 0753817667), p. 649 : « Perhaps 20 million had been killed; 28 million deported, of whom 18 million had slaved in the Gulags. ».
Dmitri Volkogonov, Autopsy for an Empire: The Seven Leaders Who Built the Soviet Regime, 139 : « Between 1929 and 1953 the state created by Lenin and set in motion by Stalin deprived 21.5 million Soviet citizens of their lives. » p. (ISBN 0684834200).
Alexander N. Yakovlev, Anthony Austin et Paul Hollander, A Century of Violence in Soviet Russia, Yale University Press, 2002, 234 : « My own many years and experience in the rehabilitation of victims of political terror allow me to assert that the number of people in the USSR who were killed for political motives or who died in prisons and camps during the entire period of Soviet power totaled 20 to 25 million. And unquestionably one must add those who died of famine more than 5.5 million during the civil war and more than 5 million during the 1930s. » p. (ISBN 9780300103229, lire en ligne).
Robert Gellately, Lenin, Stalin, and Hitler: The Age of Social Catastrophe, Knopf, 2007, (ISBN 1400040051), p. 584 : « More recent estimations of the Soviet-on-Soviet killing have been more 'modest' and range between ten and twenty million. »
Stéphane Courtois, The Black Book of Communism: Crimes, Terror Repression, Harvard University Press, 1999, p. 4 : « U.S.S.R.: 20 million deaths. » et Jonathan Brent, Inside the Stalin Archives: Discovering the New Russia, Atlas & Co., 2008, ( (ISBN 0977743330)) Introduction online [PDF] : « Estimations on the number of Stalin's victims over his twenty-five year reign, from 1928 to 1953, vary widely, but 20 million is now considered the minimum. »
Steven Rosefielde, Red Holocaust, Routledge, 2009, (ISBN 0415777577), p. 17 : « We now know as well beyond a reasonable doubt that there were more than 13 million Red Holocaust victims 1929–53, and this figure could rise above 20 million. »
Norman Naimark. Stalin's Genocides (Human Rights and Crimes against Humanity). Princeton University Press, 2010. p. 11: « Yet Stalin's own responsibility for the killing of some fifteen to twenty million people carries its own horrific weight... »
Robert Conquest, The Great Terror: A Reassessment, 40th Anniversary Edition, Oxford University Press, 2007, dans la préface, p. xvi : « Exact numbers may never be known with complete certainty, but the total of deaths caused by the whole range of Soviet regime's terrors can hardly be lower than some fifteen million. »
Moshe Lewin, op. cit., p. 515.
Voir par exemple sur la question et les conséquences qu'il en tire R. Conquest, Stalin Chap.I § 2
Life, 1er janvier 1945, lire en ligne.
Svetlana Alliluyeva, Only One Year Harper & Row, 1969, p. 382.
Lettre de la famille Kaganovitch au journal Nedyelya no 5, 1991 - site de la revue Revolutionary Democracy.
Jean-Jacques Marie, Staline.
Beata de Robien, La malédiction de Svetlana, Éditions Albin Michel, 2016, 554 p. (ISBN 978-2-226-32860-1, lire en ligne), p. 29.
Dietskiï Dom : Orphelinat pour les enfants d’ennemis du peuple.
Beata de Robien, La malédiction de Svetlana, Paris, Éditions Albin Michel, 2016, 554 p. (ISBN 978-2-226-32860-1, lire en ligne), p. 137.
Sur le suicide de Nadia, l'ensemble du début du livre de Simon Sebag Montefiore, Staline. La Cour du Tsar Rouge, Éd. des Syrtes, 2005, le plus complet aussi sur la vie et la mort des autres membres de sa famille.
Sur le suicide de Nadejda Allilouieva, on peut également consulter les mémoires de Krouchtchev, qui se fonde sur l'audition du chef du service de protection de Staline, Vlasik, et qui attribue le geste de Nadejda à une jalousie morbide : Н. С. ХРУЩЁВ, Воспоминания, Личное знакомство со Сталиным, p. 51-53.
Jean-Jacques Marie, Staline, Fayard, 2001.
Staline n’a vu son petit-fils que brièvement deux fois dans sa vie.
Beata de Robien, La malédiction de Svetlana, Paris, Éditions Albin Michel, 2016, 554 p. (ISBN 978-2-226-32860-1, lire en ligne), p. 142, 212.
En particulier un petit-fils, Evgueni Djougachvili, colonel en retraite, qui s'est manifesté en juillet 2009 en assignant en justice un journal de Moscou auquel il reprochait d'offenser la mémoire de son grand-père, mis en cause dans un article pour avoir ordonné en 1939 l'exécution des officiers polonais prisonniers à Katyń. Evgueni Djougachvili, le petit-fils de Staline offensé.
Eric Hobsbawm, L'Âge des extrêmes. Histoire du court XXe siècle, 1914-1991, Complexe, 2003, p. 504.
Simon Sebag Montefiore, Staline - La cour du tsar rouge, Éditions des Syrtes, 2005, p. 23, parle de « banquets impériaux ».
Staline. La Cour du Tsar Rouge.
Cité dans Le fantôme de Staline de Vladimir Fédorovski, éditions du Livre de Poche, p. 104.
Voir aussi
Bibliographie
Œuvres
Les œuvres complètes de Staline sont disponibles en russe sur internet (ru) Сталин И.В. Сочинения.
Treize volumes de ces œuvres ont été publiés en russe de 1946 et 1952. L'édition fut interrompue avant la parution aux États-Unis de trois volumes supplémentaires en 1967.
En français, elles ont fait l'objet d'une traduction sous la direction de G. Cogniot et J. Fréville. Sept volumes sont parus en 1953 (Paris, éditions sociales). Une réimpression parut au Nouveau bureau d'édition entre 1975 et 1980 sous la direction de Jean-Patrick Kessel.
Anarchisme ou socialisme?, 1907
Le Marxisme et la question nationale et coloniale, 1913
Les Principes du léninisme, 1924- Les Questions du léninisme (2 tomes)
Le Marxisme et les problèmes de linguistique, 1950
Les Problèmes économiques du socialisme en U.R.S.S., 1952- Le Matérialisme dialectique et le matérialisme historique
- L'Homme le capital le plus précieux, suivie de pour une formation bolchevik
- La Jeunesses communiste
- Lénine
- Sur la grande guerre de l'Union Soviétique pour le salut de la patrie
- Après la victoire pour une paix durable
- Pour une vie belle et joyeuse
- Histoire de la révolution Russe (4 tomes)
- Histoire du parti Communiste (Bolchevik) de l'URSS
Manuel d’économie politique / Académie des sciences de l'URSS, 1956
Aspects généraux
- Antoine Auger, Dimitri Casali, Staline et son temps, Éditions Mango, 2004, (ISBN 978-2-7404-1855-0).
- Roman Brackman, Gérald Messadié, Staline, agent du tsar, L'Archipel, 2003, 418 p., (ISBN 978-2-84187-462-0).
Hélène Carrère d'Encausse, Staline, l'ordre par la terreur, Flammarion, Paris, 1998, (ISBN 978-2-08-081073-1).
Robert Conquest, Staline, Odile Jacob, 1999, (ISBN 978-2-7381-0174-7).
Isaac Deutscher, Staline, Gallimard, Paris, 1973, (ISBN 978-2-07-029696-5).
Jean Elleinstein, Staline, Fayard, Paris, 1984, 575 p.
(en) Ian Grey, Stalin, Man of History, Weinfeld & Nicolson, 1979, 547 p., (ISBN 978-0-349-11548-1).
Oleg Khlevniouk, Staline, Belin, 2017, 615 pages.- Richard Lourie, Moi, Staline, Noir sur blanc, 2003, (ISBN 978-2-88250-126-4).
Ernst Nolte, La Guerre civile européenne (1917-1945) : national-socialisme et bolchevisme, Paris, Édition des Syrtes, 2000. Traduit de l'allemand par Jean-Marie Argelès ; préface par Stéphane Courtois. Réédition : Paris, Librairie Académique Perrin, collection « Tempus », 2011.
Jean-Jacques Marie, Staline, Paris, Fayard, 2001, 994 p. (ISBN 2-213-60897-0, présentation en ligne).
Roy Medvedev, Staline et le stalinisme, Albin Michel, Paris, 1979 (nouvelle édition : Albin Michel, 2000, 277 p.).
Edvard Radzinsky, Joseph Staline, Le Cherche Midi, 698 p., 2011, (ISBN 978-2749117027).
Victor Serge, Portrait de Staline, Grasset, 205 p., 1940.
Robert Service (trad. Martine Devillers-Argouarc'h, préf. Robert Service), Staline [« Stalin: A Biography »], Paris, Perrin, 2013 (1re éd. 2004), 732 p. (ISBN 978-2-262-03455-9).
Boris Souvarine, Staline. Aperçu historique du bolchévisme, Plon, Paris, 1935 (nouvelle édition revue par l'auteur : Champ libre, Paris, 1978 ; réédité par les éditions Ivrea, Paris, 1992), (ISBN 978-2-85184-076-9) Voir la liste des éditions.
Boris Souvarine, Sur Lénine, Trotski et Staline (1978-79), éditions Allia, 1990.
Robert C. Tucker, Staline révolutionnaire : 1879-1929, essai historique et psychologique, Fayard, Paris, 1975, 436 p.
Adam Ulam, Staline, l’homme et son temps. I. La montée. II. Le pouvoir, Calmann-Lévy et Gallimard, Paris, 1977 (1re éd. originale : Stalin. The Man and his Era, New York, 1973).- Dimitri Volkogonov, Staline : triomphe et tragédie, Flammarion, Paris, 1991, 539 p.
Nicolas Werth, La terreur et le désarroi. Staline et son système, Perrin, 2007, 614 p.
Nicolas Werth et Mark Grosset, Les Années Staline, Éditions du Chêne, 2007, 255 p.
François Kersaudy, Staline, Perrin, 2012, 275 p.
Aspects particuliers
Kéthévane Davrichewy, L'autre Joseph (2016), roman dont un des protagonistes est Staline sous ses surnoms de jeunesse, Sosso et Koba.
Pierre du Bois de Dunilac, « Mythe et biographie : le cas de Staline », Cadmos (cahiers trimestriels de l'Institut universitaire d'études européennes de Genève et du Centre européen de la culture), no 17/18, 1982, p. 80-98.
Pierre du Bois de Dunilac, « Stalin : genesis of a myth », Survey. A journal of East and West studies, Vol.28, no 1, 1984, p. 167-180.- Georges Bortoli, Mort de Staline, coll. L'Histoire que nous vivons, Paris, Éditions R. Laffont, 1973, 311 p., ill. (surtout de photos).
Oleg Khlevniouk (trad. Pierre Forgues et Nicolas Werth), Le cercle du Kremlin. Staline et le bureau politique dans les années 30 : les jeux du pouvoir, Paris, Seuil, coll. « Archives du communisme », 1996, 331 p. (ISBN 2-02-022231-0, présentation en ligne).
(en) Oleg Khlevniouk et Yoram Gorlizki, Cold Peace : Stalin and the Soviet Ruling Circle, 1945-1953, New York / Oxford, Oxford University Press, 2004, VIII-248 p. (ISBN 0-19-516581-0, présentation en ligne).- Général Walter G. Krivitsky, J'étais un agent de Staline, éditions Champ Libre, 1979, (ISBN 978-2-85184-099-8).
Nikita Khrouchtchev, Rapport secret sur Staline au XXe Congrès du P.C. soviétique, suivi du Testament de Lénine, éditions Champ Libre, 1970, (ISBN 978-2-85184-204-6).
Domenico Losurdo, Staline : histoire et critique d'une légende noire, Aden, 532 p., 2011, (ISBN 978-2-8059-0063-1).
Jean-Jacques Marie, Derniers complots de Staline, 1953, Éditions Complexe, 1997, (ISBN 978-2-87027-475-0).- Rapport sur le culte de la personnalité et ses conséquences, présenté au XXe congrès du Parti communiste d'Union soviétique, dit Le rapport Khrouchtchev, traduction et présentation par Jean-Jacques Marie, Éditions du Seuil, 2015, (ISBN 978-2021170542).
Jean-Jacques Marie, « Staline sous Gorbatchev », L'Histoire, no 120, mars 1989, p. 50-59.
Simon Sebag Montefiore, Staline : la cour du tsar rouge, Éditions des Syrtes, Paris, 2005, (ISBN 978-2-84545-112-4).
Simon Sebag Montefiore, Le Jeune Staline, Éditions Calmann-Lévy, 2008, (ISBN 978-2-7021-3926-4).
Boris Souvarine, L'U.R.S.S. en 1930, présenté par Charles Jacquier, éditions Ivrea, 1997, (ISBN 978-2-85184-257-2).- Arkady Vaksberg, Staline et les Juifs, Laffont, 2003, (ISBN 2221093739).
- Alexandra Viatteau, Staline assassine la Pologne, 1939-1945, Seuil, 1999, (ISBN 2020231719).
Alexandre Zinoviev, Le Héros de notre jeunesse, L'Âge d'Homme, 1984, (ISBN 2825105392).- Andrew Nagorski. La Bataille de Moscou, Ed. de Fallois. 2008 (ISBN 9782877066549).
Lilly Marcou, Staline, vie privée, Calmann-Lévy, 1996, 342 pages (ISBN 2702125891).- David E. Murphy, Ce que savait Staline : L'énigme de l'opération Barberousse, éd. Stock, coll. Les Essais, 457 p., 2006, (ISBN 2234058279).
Orlando Figes, Les Chuchoteurs. Vivre et survivre sous Staline, éd. Denoël, 2009, (ISBN 9782207260852).
Beata de Robien, La malédiction de Svetlana, éd. Albin Michel, 2016, 554 pages, (ISBN 978-2-226-32860-1).
Filmographie
1949 : La Chute de Berlin, film de Mikhaïl Tchiaoureli, joué par Mikheil Gelovani.
1985 : Staline de Jean Aurel, documentaire inspiré de la biographie pionnière de Boris Souvarine.
1987 : Le Repentir de Tenguiz Abouladzé, persiflage de la dictature personnelle.
1989 : À l’époque de Staline (In the time of Stalin) de Phillip Whitehead, documentaire avec environ 8 heures d'interviews avec 22 témoins vivants (en 1989) de l'époque stalinienne, entrecoupées d'images d'archives filmées pour la plupart à la Krasnogorsk.
1990 : Stalin (TV) de Jonathan Lewis et Tony Cash, Thames Productions, mini-série documentaire en trois parties (1- Revolutionary, 2- Despot, 3- Generalissimo) avec Ian Holm comme narrateur.
1992 : Staline (en) (téléfilm) d'Ivan Passer.
2007 : Staline le tyran rouge documentaire M6 de Mathieu Schwartz, Serge de Sampigny et Yvan Demeulandre.
2010 : Une exécution ordinaire de Marc Dugain, avec André Dussollier dans le rôle de Staline, et Marina Hands.
2016 : Le Divan de Staline de Fanny Ardant, avec Gérard Depardieu dans le rôle de Staline.
2017 : The Death of Stalin de Armando Ianucci, avec l'acteur britannique Adrian Mcloughlin dans le rôle de Staline.
- Personnage secondaire
1955 : Ernst Thälmann – Sohn seiner Klasse, film de Kurt Maetzig, joué par Gerd Jaeger.
Articles connexes
- Censure des images en Union soviétique
Monument à Staline (Prague), Prix Staline
Socialisme, Communisme, Marxisme, Léninisme, Marxisme-léninisme
- Histoire du communisme
- Stalinisme
- Collectivisation en Union soviétique
Famines soviétiques de 1931-1933, Holodomor
Procès de Moscou, Grandes Purges
Pacte germano-soviétique, Front de l'Est (Seconde Guerre mondiale)
Bloc de l'Est, Guerre froide
- Histoire de la Géorgie
- Liste de lieux nommés d'après Staline
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Liens externes
- Le testament de Lénine
Staline (Trotsky)- Staline et Chostakovitch
Chronologie de Joseph Staline sur KronoBase
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