Guerre nucléaire






Décollage d'un missile V2 sur le site d'expérimentations de Peenemünde sur la mer Baltique, le 21 juin 1943.
Avec l'avènement de l'ère géopolitique de la guerre froide, la récupération de la technologie allemande des missiles balistiques devient la priorité absolue des deux grandes superpuissances : le centre de recherches balistiques de Peenemünde ainsi que le site de production de Dora-Nordhausen seront examinés sous toutes les coutures par les services secrets américains et soviétiques après la chute du IIIe Reich. Réaliser la synthèse entre ce vecteur et le l'arme nucléaire fut atteint en 1957 avec l'apparition des ICBMs : lanceur R-7 et fusée Atlas.


La guerre nucléaire, ou guerre atomique, est l'utilisation d'armes nucléaires en temps de guerre pour infliger des dégâts majeurs à l'ennemi.


Par rapport à la guerre conventionnelle, la guerre nucléaire est capable de causer des dommages sur une échelle beaucoup plus importante, mais en moins de temps. Les frappes nucléaires peuvent entraîner de graves effets à long terme, essentiellement dus aux retombées radioactives mais également à cause du haut degré de pollution atmosphérique qui pourrait installer un hiver nucléaire durant des décennies, voire des siècles. Ainsi, on considère une guerre nucléaire comme un risque majeur pour l'avenir de la civilisation moderne.




Formation du champignon atomique à la suite d'une explosion atomique.




Sommaire






  • 1 Historique


  • 2 Stratégie


  • 3 Hiver nucléaire


  • 4 Dans la culture populaire


  • 5 Notes et références


  • 6 Annexes


    • 6.1 Bibliographie


    • 6.2 Articles connexes


    • 6.3 Liens externes







Historique |


Article détaillé : Histoire de l'arme nucléaire.

Article détaillé : Projet Manhattan.

Ouvrage majeur de la science-fiction des années 1910, paru en 1914, La Destruction libératrice de H. G. Wells est le premier grand roman où l'on imagina l'utilisation de l'arme atomique[1]. L'utilisation de l'atome à des fins militaires a fait une entrée fracassante dans la réalité historique avec les bombardements atomiques de Hiroshima et Nagasaki, les 6 et 9 août 1945. La destruction de ces villes par une seule arme, au lieu des milliers de tonnes de bombes conventionnelles utilisées jusque-là dans les bombardements stratégiques, puis le syndrome d'irradiation aiguë provoqué par les radiations ont marqué les esprits.


L'invention de la bombe H dans les années 1950, avec une capacité de destruction permettant de dévaster des régions entières sur le coup et empoisonner l'environnement à long terme, a donné aux grandes puissances la capacité de détruire une grande partie de la civilisation, dans le dangereux contexte de la guerre froide.


La guerre nucléaire a failli se produire par accident à de nombreuses occasions : à quatorze reprises entre 1956 et 1962 entre les États-Unis et l'Union Soviétique, à la suite de fausses alertes, d'erreurs humaines ou informatiques ; parmi celles-ci, onze ont été des incidents durant la phase la plus critique de la crise des missiles de Cuba[2],[3].


Aux heures les plus graves du conflit sino-soviétique, en 1969, des sources soviétiques attestent qu’une attaque nucléaire contre Lop Nor a été envisagée : Henry Kissinger, dans ses mémoires À la Maison-Blanche[4],[5], écrit qu'en janvier 1969, le Président Nixon fut consulté par les Soviétiques sur une éventuelle frappe préventive sur les installations nucléaires chinoise, ce qu'il refusa.


En 1973, durant la guerre du Kippour, des rumeurs non confirmées indiquent qu'Israël était prêt à faire usage de l'arme atomique, alors que la situation sur le front du Golan était critique.


À la suite d'attentats, la confrontation conventionnelle et nucléaire atteint son paroxysme en mai-juin 2002 entre l'Inde et le Pakistan. Il s'agit alors de la plus grande menace de guerre nucléaire depuis la crise de Cuba en 1962.


A contrario, on a appris qu'en 1998 (et/ou) en 2000, la carte personnelle du Président des États-Unis Bill Clinton, contenant les codes nucléaires, aurait disparu pendant plusieurs mois ; l’ancien président Jimmy Carter, durant sa présidence entre 1976 et 1980, aurait oublié la sienne dans un costume qui avait été envoyé au pressing[6],[7].


La prolifération nucléaire, tant au niveau des puissances nucléaires que des pays cherchant à produire ou à acquérir l'arme, ou des organisations terroristes cherchant à se procurer des bombes sales, est un phénomène qui accroît le risque d'une guerre nucléaire déclenchée par accident ou erreur. Le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires de 1968 et les accords créant des zones exemptes d'armes nucléaires ont permis de limiter ce risque.




Stratégie |


Articles détaillés : Dissuasion nucléaire et Dissuasion nucléaire pendant la guerre froide.

La dissuasion nucléaire constitue un des faits majeurs de la guerre froide, non que l’arme nucléaire en soit à l’origine mais parce qu’elle joue un rôle central dans les relations internationales. Dans ce contexte, la théorisation de stratégies d'utilisation ou de non-utilisation de l'arme nucléaire occupe une part importante des cercles d'études des grandes puissances.


En raison de la multiplication des acteurs et des vecteurs nucléaires pouvant mettre en jeu ce que certains appellent l'arme ultime, y compris les groupes non-étatiques pouvant provoquer un terrorisme nucléaire, les stratégies de guerre nucléaire sont extrêmement diverses allant, entre autres, d'une riposte totale pour toute agression (Doctrine Dulles) à des attaques graduées (Doctrine MacNamara) dans le cadre du Single Integrated Operational Plan pour les États-Unis ou à une politique du « faible au fort » pour la France.





































































































































Projection d'une attaque américaine de suppression
de la défense antimissile soviétique en 1968*
Cible
Arme
Ogive
Total

Type
Nombre
Type
Puissance (kt)
Ogive
Puissance (kt)
Système de Moscou
Radar Dunay

Polaris A3
2

W58
200
6
1 200
8 complexes de lancement d'ABM

Minuteman I/II
64

W56
1 000
64
64 000
Sous-total

66


70
65 200
Système de Tallin
Complexe de lancement de Tallin
Minuteman I/II
8
W56
1 000
8
8 000
Complexe de lancement de Liepaja
Minuteman I/II
8
W56
1 000
8
8 000
Complexe de lancement de Tcherepovets
Minuteman I/II
8
W56
1 000
8
8 000
Complexes de lancement de Leningrad
Minuteman I/II
24
W56
1 000
24
24 000
Sous-total

48


48
48 000
Radars d'alerte précoce**
Radar Dnestr (Skrunda-1)
Polaris A3
2
W58
200
6
1 200
Radar Dnestr (Olenegorsk)
Polaris A3
2
W58
200
6
1 200
Sous-total

4


12
2 400

Total


118



130

115 600
*Source : History of U.S. Strategic Air Command January-Juin 1968, février 1969, p. 300
**Deux autres radars sont installés près de la Chine et ne peuvent détecter des lancements de missiles par-dessus l’Arctique

L'emploi d'armes de destruction massive à très grande échelle entraînerait des conséquences terrifiantes sur la biosphère dont éventuellement un hiver nucléaire. Le scénario généralement imaginé durant la guerre froide est le suivant :



  • Une puissance possédant une arme nucléaire déclare la guerre à une autre puissance. Le jeu des alliances conduit d'autres puissances à rejoindre l'un ou l'autre camp.

  • Le conflit devient mondial ; chaque puissance cherche donc à y remédier au plus vite.

  • Les puissances possédant des armes nucléaires vont donc frapper l'ennemi avec leurs armes.

  • Ceci conduit de facto à une guerre nucléaire.


Voici les objectifs, au cours d'une guerre nucléaire, vraisemblablement à but absolu:



  1. L'agresseur frappe les centres industriels et de production de son adversaire. Il tente d'annihiler toute force de seconde frappe ennemie.

  2. Le défenseur, s'il dispose encore d'armes nucléaires, s'efforce de maximiser les pertes civiles de son adversaire en ciblant ses foyers de population. Éventuellement, duel d'armes stratégiques.

  3. Soit un traité de paix est rapidement trouvé, soit s'ensuit une phase de guerre conventionnelle, éventuellement avec armes nucléaires tactiques. L'agresseur peut aussi décider de détruire son adversaire à distance, comme en 2.


On remarque qu'après la première phase, si elle est réussie pour un agresseur convenablement préparé, les chances de victoire du défenseur sont minces.
Il est donc nécessaire, pour les États confrontés à la menace d'ennemis bellicistes, de se protéger contre la "première frappe", entre autres par le renseignement et des systèmes antimissiles.



Hiver nucléaire |


Articles détaillés : Hiver nucléaire, Retombée radioactive et Famine nucléaire.



Durant la guerre froide, la possibilité d'un conflit nucléaire était prise très au sérieux et les forces armées se préparaient à cette éventualité comme le montrent ces Marines devant le champignon provoqué par un essai nucléaire en 1952.


En plus des dommages dus à l'effet de souffle et aux retombées radioactives, l'hypothèse d'effets catastrophiques sur le climat fut mise en avant par un groupe de scientifiques en 1983.


À partir de 30 kt, le nuage de l'explosion peut atteindre la stratosphère, où non seulement il forme le fameux champignon mais surtout diffuse les matériaux qu'il a emportés dans ses courants ascendants. Les plus légers peuvent avoir le temps de se laisser entraîner par les courants stratosphériques.
Si lors d'un affrontement nucléaire majeur, les États-Unis ou la Russie utilisaient, ne serait-ce que la moitié de leur arsenal militaire nucléaire, cela engendrerait le soulèvement d'une masse colossale de poussières et de fumées. Les énormes quantités de poussières et de fumées rejetées auraient des conséquences comparables ou supérieures à celles d'une éruption volcanique cataclysmique, telle celle du Krakatoa en 1883 ou l'explosion du volcan Tambora en 1815, en réduisant considérablement le rayonnement solaire pendant plusieurs mois, essentiellement dans l'hémisphère nord.


Les conséquences globales d'une guerre nucléaire sont potentiellement terribles : passé un certain seuil d'utilisation, la poussière éjectée dans la haute atmosphère par les explosions nucléaires bloquent le rayonnement solaire, stoppant la photosynthèse et refroidissant gravement le climat planétaire.


Là dessus, des hypothèses ont été émises concernant les atteintes au climat terrestre :



  • La chaîne alimentaire serait durement atteinte : par manque de photosynthèse, les plantes ne peuvent se nourrir, et meurent. La disparition des plantes va entraîner à son tour la disparition des herbivores, qui aura pour conséquence la disparition de tous les carnivores et ainsi la mise en danger de l'humanité.

  • Ceci produirait un refroidissement général appelé couramment hiver nucléaire, qui détruirait ou altérerait une grande partie de la flore et donc des récoltes, résultant in fine en une famine nucléaire.

  • De plus, ces scientifiques s'accordaient aussi à dire que les rejets dus à l'explosion de ces armes pourraient endommager la couche d'ozone et ainsi supprimer la filtration des rayons ultraviolets, ce qui causerait des dégâts supplémentaires.



Dans la culture populaire |


Outre de nombreuses nouvelles de science-fiction post-apocalyptique, on peut signaler :


Bande dessinée


  • Le Piège diabolique (1960) et L'Étrange Rendez-vous (2001), deux albums de la série de bande dessinée Blake et Mortimer.

Cinéma et télévision



  • Le Dernier Rivage (0n the Beach), film américain de 1959 ; le téléfilm USS Charleston, dernière chance pour l'humanité (en) est une reprise diffusée en 2000 ;


  • Docteur Folamour, film américain de 1964 ;


  • La Bombe, un documentaire-fiction britannique réalisé de 1965 ;


  • WarGames, film américain de 1983 ;


  • Le Jour d'après, téléfilm américain de 1983 ;


  • Threads, téléfilm britannique diffusé par la BBC en 1984 ;


  • Jericho, série américaine de 2006 ;

  • La série de films Terminator : Terminator (1984), Terminator 2 : Le Jugement dernier (1991), Terminator 3 : le soulèvement des machines (2003), Terminator Renaissance (2009), Terminator Genisys (2015).


Jeux vidéo


  • La série de jeux vidéo Fallout, qui se déroule dans un univers post-apocalyptique, elle-même inspirée de Wasteland (1988).


  • Nuclear War (jeu vidéo), jeu de bataille caricatural nucléaire entre cinq puissance mondiales au tour par tour (les deux autres jeux de ce genre sont Balance of Power (jeu vidéo) de 1985 et WarGames (1984).

  • Le jeu symbolisant le plus les dangers de la guerre nucléaire serait néanmoins Théâtre Europe (mars 1985), sorti le même mois que l'arrivée au pouvoir de Mikhail Gorbatchev.


Littérature



  • Malevil, roman français de Robert Merle, 1972 ;


  • Ken le Survivant, manga japonais de Tetsuo Hara et Buronson, (1983-1988) ;


  • La Somme de toutes les peurs, roman américain de Tom Clancy, 1991 ;


  • Mission ADN, roman français de Jean Cueilleron, 1992 ;


  • Le 10 juin 1999, roman américain de Eric L. Harry, 1994 ;


  • La route, roman américain de Cormac McCarthy, 2006 ;


  • La Fin du Monde, roman de Fabrice Colin, 2009 ;


  • Métro 2033, roman russe de Dimitry Glukhovsky, 2005.



Notes et références |




  1. Leó Szilárd reconnut que ce livre lui inspira la théorie de la réaction nucléaire en chaîne.


  2. (en) « 20 Mishaps that Might Have Started Accidental Nuclear War » (version du 15 septembre 2013 sur l'Internet Archive).


  3. (en) Alan Borning, « Computer System Reliability and Nuclear War » [« Fiabilité des systèmes informatiques et guerre nucléaire »] [PDF], sur Nuclear Age Peace Foundation (en) (consulté le 7 février 2018).


  4. Henry Kissinger, À la Maison-Blanche, 1968-1973 [« The White House Years »], t. I, Fayard, 25 octobre 1979, 740 p. (ISBN 9782213008172, présentation en ligne).


  5. Henry Kissinger, À la Maison-Blanche, 1968-1973 [« The White House Years »], t. II, Fayard, 13 décembre 1979, 1586 p. (ISBN 9782213008257, présentation en ligne).


  6. « Le jour où Bill Clinton perdit les codes nucléaires » (version du 24 octobre 2010 sur l'Internet Archive).


  7. « Sous Clinton, les codes nucléaires égarés pendant des mois, selon un général », sur Le Point, 22 octobre 2010(consulté le 7 février 2018).



Annexes |



Bibliographie |



  • Lt-Colonel F. O. Miksche (préface de l'ingénieur général Combaux), Tactique de la guerre atomique (traduction de R. Jouan), Éditions Payot, 216 p., 1er janvier 1955 (ASIN: B0017WW8ZU).


  • Robert McNamara, Plaidoyer - Prévenir la guerre nucléaire, éditions Hachette, 200 p., 1er février 1988 (ISBN 2010130588)


  • Lucien Poirier, Des stratégies nucléaires, Complexe Eds, 406 p., 1988 (ISBN 978-2870272640)



Articles connexes |





  • Équilibre de la terreur / Dissuasion nucléaire / Parapluie nucléaire


  • Hiver nucléaire / Retombée radioactive / Famine nucléaire


  • Course aux armements / Prolifération nucléaire / Holocauste nucléaire


  • Accidents dans le domaine militaire / Attaque nucléaire évitée de justesse


  • Code de tir nucléaire / Dispositif de sécurité et d'armement


  • Horloge de la fin du monde / Extinction de l'humanité

  • Risque de catastrophe planétaire


  • Guerre contemporaine / Guerre froide


  • Global Guardian, exercice annuel des forces des États-Unis en cas de conflit nucléaire


  • Exercice Able Archer 83, exercice de l'OTAN ayant fait craindre à l'URSS une attaque de celle-ci


  • Stanislav Petrov, officier ayant évité par son sang froid un conflit nucléaire en 1983.


  • Samantha Smith, "ambassadrice de paix" entre URSS et USA.


  • Vladimir Alexandrov, scientifique ayant dénoncé le risque des armes atomiques dans sa théorie sur l'Hiver nucléaire.




Liens externes |




  • (en) [PDF] Doctrine des opérations nucléaires combiné des forces armées des États-Unis en 2005


  • (en) Présentation d'un plan de guerre nucléaire des États-Unis contre la Russie et ses conséquences en 2001


  • (en) [PDF] Global War Game, simulations de conflits mondiaux par les forces armées des États-Unis effectué entre 1979 et 1983


  • (en) [PDF] Simulations de conflits mondiaux par les forces armées des États-Unis entre 1984 et 1988


  • [PDF] Stratégie nucléaire et normes internationales : La France face au tabou nucléaire, Bastien Irondelle




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